Cet ouvrage comprend 6 documents scientifiques de recherche élaborés par des membres du CEPREMAP, organisme scientifique placé sous la tutelle du Ministère de la Recherche. Il se consacre majoritairement à porter un regard d'économiste sur "des questions essentielles qui gouvernent la vie sociale" (p.13) et à éclairer ainsi le débat démocratique. Il regroupe ainsi 6 contributions scientifiques, chacune traitant un sujet précis.
1. Les français, le bonheur et l'argent.
Ce texte analyse le sentiment de mal-être français dans lequel un malheur collectif, fondé sur une vision pessimiste de l'avenir économique, s'oppose à un bonheur privé largement dû à la disposition d'un magot privé. Ainsi, ils jouent sur la défiance envers les autres et les institutions publiques comme une vision pessimiste d l'avenir touchant les plus pauvres. défiance, mal-être et pessimisme nourrissent des votes vers l'extrême droite, coupant la France en deux blocs (Pessimistes, Le Pen; Optimistes, Macron).
2. Biens publics, charité privée.
La question est de savoir si le financement "de l'intérêt général ou de l'utilité publique, mais aussi de l'utilité sociale et solidaire" relève de la puissance publique ou de l'initiative privée ou d'un mélange des deux approches. Face à un modèle américain très tourné vers l'initiative privée, la France présente une préférence pour un financement public. L'article recense donc de nombreux paramètres: dons privés/fiscalité, dons privés/niveaux de revenus, rôle des incitations fiscales et des politiques publiques sur le niveau des dons, essai de définition du "juste nécessaire", etc. Toutes ces données sont confrontées sur un plan international et la conclusion interroge la pertinence de la subvention des dons par la puissance publique.
3. Comment lutter contre la fraude fiscale?
Un montant de la fraude en France atteignant 100 milliards d'euros par an et un magot de 300 milliards détenu par les contribuables français des des paradis fiscaux montrent l'importance du problème. En appelant largement les données de la psychologie sociale, les auteurs s'interrogent sur la pertinence des politiques fiscales destinées à limiter la fraude. Se penchant sur les diverses raisons qui aboutissent à une décision de fraude ou au contraire à son refus ils passent en revue les résultats des tests menée en laboratoire pour en tirer des sortes de lois générales susceptibles de définir des politiques de lutte contre la fraude efficaces.
4. La vie des couples après la retraite.
Les questions tournent ici autour de la fixation de l'âge légal de départ en retraite pour les deux conjoints et de ses conséquences sur leur choix de date de départ. Jouent alors, très différemment selon les pays, : la volonté de maintenir le niveau de vis du couple, l'évolution des loisirs partagés ou séparés, la relation aux petits enfants. Sont ainsi analysés les impacts des politiques publiques sur les comportements réels.
5. L'argent du football.
Quoique il ne soit en réalité qu'une petite affaire mondiale en termes de chiffre d'affaires, ce sport a connu dans les années récentes des évolutions importantes qui ont modifié sa structure. La notoriété des grands clubs et des joueurs majeurs est incommensurable avec celle des autres entreprises mondiales aux chiffres d'affaires élevés. L'article passe en revue les éléments financiers qui commandent ce monde en relation avec les constituants de la notoriété: équilibre financier des clubs, dettes, salaires des grands joueurs, coût des transferts, droits de retransmission télévisés, billetteries et chiffres d'affaires dérivés. Tout y est permettant de comprendre ce monde avec un regard neuf et informé.
6. La polarisation de l'emploi en France.
Polarisation signifie la répartition des emplois en fonction de critères précis. La mondialisation et les évoluions et diffusion des nouvelles technologies ont modifié considérablement les caractéristiques des offres d'emploi, générant des gagnants et des perdants dans le jeu économique. Ainsi se trouvent modifiées les perspectives d'emploi: secteur manufacturier ou non, niveaux des salaires, qualifications requises, mobilité professionnelle, politiques de formation initiale et professionnelle, etc. contribuant à la raréfaction des emplois de qualification moyenne au profit des faibles et hautes qualifications.
Tout ceci est passionnant. Le lecteur peut s'intéresser à des sujets variés avec un niveau d'information exceptionnelle. Mais il y a un hic. Ces documents de recherche comportent un recours à la statistique, aux tableaux comparatifs et à un langage parfois abscond. Le lecteur moyen n'y est pas prêt, non familier avec de telles approches qui demandent une expertise confirmée. Est parue il y a quelques années un revue intitulée "Grands Articles" se donnant justement comme objectif de repérer dans la littérature scientifique les articles apportant de nouvelles visions du monde et de les faire réécrire pour être compréhensibles par le plus grand nombre, pour le plus grand profit de tous. Elle n'a malheureusement tenu que quelques temps (mois, années?). Un tel livre relève exactement de cette optique: passionnant, mais trop dur à comprendre.