La révolte de la psychiatrie de Mathieu Bellahsen, Rachel Knaebel

La révolte de la psychiatrie de Mathieu Bellahsen, Rachel Knaebel

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Psychologie , Arts, loisir, vie pratique => Santé et sport

Critiqué par Colen8, le 19 février 2021 (Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans)
La note : 7 étoiles
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La bureaucratie qui rend fous les soignants

Une profonde fracture idéologique peut laisser penser à une querelle des anciens contre les modernes. D’un côté se trouvent des tenants de la psychiatrie institutionnelle réfractaires à toute notion de rentabilité financière au vu de la souffrance des patients, psychiatrie exercée au sein de l’hôpital public, fondée sur l’observation clinique, l’écoute psychanalytique de la parole durant le temps nécessaire. De l’autre il y a les chantres de la neuropsychiatrie convertis à la toute-puissance de l’IRMf(1), aux diagnostics et traitements standardisés voulant assimiler la pathologie mentale à une maladie organique comme les autres. A ceux-là il semble acceptable de réduire les moyens, de comprimer les coûts, d’externaliser le plus possible de missions vers les établissements privés à but lucratif. Entre les deux les familles, les associations, les psychiatrisés eux-mêmes peinent à se faire entendre des pouvoirs publics.
En fait depuis des années médecins, soignants, quelques élus avec eux dénoncent des conditions inhumaines de travail, d’accueil et de soin régnant dans la psychiatrie. Mobilisés en 2018-2019 un peu partout : Saint-Etienne, Rouen, Le Havre, Amiens, Paris, Toulouse, Lavaur ils ont obtenu plus de promesses que de ressources face à des chiffres alarmants qui sont loin d’être exhaustifs :
- troubles bipolaires affectant entre 1% et 2,5% de la population, schizophrénie environ 1%
- 419 000 personnes hospitalisées en psychiatrie au moins une fois en2015
- lits publics et privés de psychiatrie réduits de 120 000 en 1980 à 51 000 en 2020, la baisse orchestrée par les ARS(2) ayant eu lieu majoritairement à l’hôpital public
- coût économique et social annuel des troubles psychiatriques estimé à 107 milliards d’euros.
Les uns et les autres assurent défendre la santé publique, vouloir amener les malades à se prendre mieux en charge par l’éducation thérapeutique, à les rendre plus autonomes quand la maladie revêt un caractère chronique.
(1) Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle, outil privilégié des neurosciences donnant l’illusion de dévoiler les processus mentaux
(2) Agences Régionales de Santé dirigées par des hauts fonctionnaires appliquant les directives de l’Etat.

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