Cinq leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud

Cinq leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud
( Zur Geschichte der psychoanalytischen Bewegung)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Psychologie

Critiqué par Saule, le 11 août 2004 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 303ème position).
Visites : 10 019  (depuis Novembre 2007)

Initiation à la psychanalyse

En 1909, Freud est invité avec Jung et quelques autres à l’université de Worcester (près de Boston) pour introduire la science naissante qu’est la psychanalyse aux US. Freud improvise cinq conférences, qui ont été publiées en Français sous le nom « Cinq leçons sur la psychanalyse » et qui constituent la première partie de ce livre. Freud y esquisse les grandes lignes de la psychanalyse. La deuxième partie du livre contient un petit historique, par Freud lui-même, de la naissance du mouvement psychanalytique.

Au départ (1880) il y avait le docteur Breuer et sa patiente Anna O., une hystérique (autant dire une cause perdue car à l’époque la psychanalyse n’existait pas). C’est cette Anna O. qui inventa le terme « Talking cure » : elle s'est rendue compte qu'en parlant de ses symptômes ceux-ci disparaissaient.

Breuer est le précurseur de la psychanalyse, mais c'est Freud l’inventeur. On peut dire que c’est quand Freud remplace l’hypnose par le mécanisme des associations libres que la psychanalyse est née.

En cinq courts chapitres Freud passe en revue les grandes lignes de la psychanalyse. Avant tout le mécanisme du refoulement qui est la base de son invention : lorsque le moi est confronté à des désirs qu'il ne peut pas accepter, ces désir sont refoulés au plus profond de notre inconscient mais parfois ils continuent à s'exprimer à travers des symptômes qui sont les substituts (des ersatz) de ces affects refoulés. Le "moi" établit des barrières contre ces contenus refoulés, les résistances. Par le mécanisme des associations libres et l'interprétation des rêves Freud libère ses patients de ces affects refoulés, ce qui nécessite souvent de remonter à la première enfance du patient.

En outre Freud s'explique sur la primauté de la sexualité (au sens large) comme cause de toutes les névroses et l'importance de la sexualité infantile (ceci même chez les personnes normales où la pulsion sexuelle est sublimée pour donner naissance à l'art et la religion). La névrose joue chez les gens malade un rôle de refuge : le patient se réfugie dans la névrose un peu comme les gens inaptes à la vie se cloîtraient dans les couvents à l'époque.

La deuxième partie du livre contient un historique du mouvement psychanalytique. On découvre le Freud isolé du début, dont les gens se détournent dans la rue, ignoré et conspué par ses collègues les premières années. Ensuite l'école de Zurich, Jung et Bleuler en tête, apporte un soutien inattendu à Freud et sa théorie se répand dans les milieux littéraires et scientifiques, dans toute l'Europe et aux état unis.

Freud raconte la naissance de l'association psychanalytique internationale, à la tête de laquelle il nomme Jung. Les congrès se suivent, tout le monde s’intéresse à la psychanalyse, c’est l'essor de sa science.

Ensuite c'est la rupture avec Adler et Jung, les deux dissidents les plus célèbres de la psychanalyse. Freud refuse le nom de psychanalyse à la théorie d'Adler (psychologie individuelle). Quant à Jung sa critique est à la mesure des énormes espoirs que Freud avait placé en lui (il le voyait comme son successeur). En gros : la théorie de Jung est une nébuleuse qu'on ne peut prendre par aucun côté sans se faire accuser de ne pas l'avoir compris, un magma empreint de mysticisme qui n'a plus rien à voir avec la psychanalyse. On le sait Jung quant à lui avait reproché à Freud une position qu’il qualifie de dogmatique sur la primauté de la sexualité.

En résumé : un livre idéal pour s’initier à la psychanalyse avec le plaisir de lire Freud dans le texte. Etant entendu cependant qu’on en reste aux notions de base. La deuxième partie, amusante et instructive, a le mérite de nous donner quelques repères historiques sur ce qui reste une des plus grandes aventures intellectuelles du siècle passé et de nous éclairer sur la personnalité de ce grand homme qu’était Freud, « l’inventeur de l’inconscient ».

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Introduction à la psychanalyse

8 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 26 décembre 2017

Un ouvrage qui nous retrace en cinq leçons les origines de la psychanalyse et résume les principaux concepts freudiens : les névroses, l'hystérie, la sexualité, la signification des rêves...

S'il ne fallait retenir qu'un seul livre de Freud, je vous recommande vivement celui-ci, dont la lecture est aisée. Vulgarisé et simple d'accès, il s'adresse à tout néophyte du genre.
Vaut le coup d'être lu, ne serait-ce que par curiosité.

et en prime, sa petite histoire !

10 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 5 janvier 2015

Cinq leçons sur la psychanalyse est un ouvrage de Freud qui comporte deux parties : la première concerne effectivement cinq "leçons", sous forme de retranscriptions de conférences que Freud a donné en 1909 à un congrès de non-psychanalystes à la Clark University ; la seconde partie est une ébauche d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.

La première leçon évoque les travaux de Freud et de Breuer sur les malades hystériques ; Freud met en particulier l'accent sur l'originalité de l'approche de Breuer : la cure cathartique, qui a pour effet de rendre conscient, en état d'hypnose, les affects non exprimés à l'origine des symptômes hystériques. Au travers du cas Anna O., Freud met en évidence l'existence d'une dualité conscient/inconscient, et explique la prémanence de l'inconscient sur le conscient.
La seconde leçon explique l'enjeu de la psychanalyse : permettre l'émergence de réminiscences en se passant de l'hypnose, méthode avec laquelle Freud ne s'est jamais senti à l'aise. En se passant de l'hypnose, le psychanalyste se heurte à des résistances, qui empêchent les réminiscences de remonter telles que à la conscience : il s'agit du refoulement, qui apparaît comme un moyen de protéger la personne psychique. Mais la façon dont ces résistances se manifestent a un sens en lien avec ce qui a été refoulé, au même titre que le symptôme lui-même, et peuvent trouver une issue au cours de la cure psychanalytique, par exemple par intégration, sublimation ou condamnation consciente.
La troisième leçon met l'accent sur le déterminisme psychique, déterminisme dans le sens où les symptômes, les rêves, les lapsus, les mots d'esprit, reflètent un état psychique qui peut s'analyser. Freud profite de cette leçon pour expliquer l'importance de l'analyse des rêves, et évoque les phénomènes de déplacement, de condensation et de substitution.
La quatrième leçon est centrée plus particulièrement sur le primat de la sexualité infantile et du complexe d'Œdipe, pierres angulaires de la théorie psychanalytique, et de leur place et rôle dans les névroses.
Enfin, la cinquième leçon met l'accent sur le but et la nature de la névrose : permettre une expression des contenus refoulés, ouvrir d'autres voies que celles du refoulement à la libido. Enfin, Freud explique ce qu'est le transfert, comment il intervient dans la thérapie psychanalytique et comment il peut être exploité.

Je ne peux que saluer la clarté des exposés de Freud concernant cette première partie, qui constitue une excellente introduction à ses travaux aux non-initiés. Pour ma part, j'ai trouvé que cette partie consistait essentiellement à résumer les ouvrages précédemment publiés de Freud (Etudes sur l'hystérie, L'interprétation des rêves, Psychopathologie de la vie quotidienne, Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Trois essais sur la théorie sexuelle, etc…). Comme j'ai lu ces ouvrages assez récemment, il s'agissait pour moi d'une version édulcorée et facile à lire d'ouvrages plus ardus mais aussi plus détaillés et donc passionnants.

J'ai en revanche beaucoup apprécié la "Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique" qui constitue la seconde partie de l'ouvrage, une sorte d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.
Dans le premier chapitre de cette seconde partie, Freud expose les spécificités de la psychanalyse. En premier lieu, il explique ce qu'elle doit aux travaux de Breuer, Charcot et d'autres médecins et scientifiques. La psychanalyse naît de l'abandon de l'hypnose au profit de la libre association pour le traitement des névroses. Mais d'autres spécificités différencient bien vite la cure cathartique de la psychanalyse, et entérinent la séparation de Freud et Breuer, en particulier : la mise en évidence du refoulement, l'apparition des résistances, la théorie sexuelle infantile comme cadre de référence, l'importance de l'interprétation des rêves et leur utilisation pour la connaissance de l'inconscient. Freud évoque l'origine et l'évolution de sa théorie sexuelle infantile, qu'il identifie comme une source majeure de son isolement et du rejet de la psychanalyse par la communauté scientifique de l'époque.
Le second chapitre s'intéresse à l'essor de la psychanalyse et à sa diffusion dans le monde. Si dès 1902, de jeunes médecins comme Otto Rank le rejoignent pour apprendre et pratiquer la psychanalyse, c'est à partir du moment où commencent à se renforcer les liens entre l'Autriche et la Suisse au travers des relations entre S. Freud et C. G. Jung, à l'origine de la fameuse "Ecole de Zurich", que la psychanalyse commence à s'exporter. Si Freud estime que des divergences ont toujours existé entre "sa" psychanalyse et l'école de Zurich, c'est à cette dernière qu'il doit la diffusion de sa théorie notamment aux USA. Jung et Bleuler lancent, en coordination avec Freud, la première revue de psychanalyse en 1909, pendant que Freud se consacre à des travaux sur le rôle et le devenir des pulsions dans l'art, et publie en 1913 Totem et Tabou.
Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, Freud explique comment il a été amené à choisir Zurich comme capitale de la psychanalyse et Jung comme chef de lisse de l'Association Psychanalytique Internationale. A partir de là, Freud passe en revue l'histoire des congrès psychanalytiques et des clans qui, dès lors, se forment et s'affrontent. Il évoque également l'année 1911, qui marque la rupture avec Adler et Jung, et donc avec l'école de Zurich. Si les désaccords sont théoriques, Adler et Jung réfutant le primat et la seule sexualité dans l'origine des névroses, Freud n'hésite pas à s'attaquer assez vertement à ces hommes avec qui il a travaillé, qui ont participé à l'avancée de la théorie psychanalytique, et qui étaient ses amis. Enfin, il évoque en quoi la psychologie jungienne est incompatible avec la théorie psychanalytique freudienne.

En conclusion, je rejoindrai les critiques précédentes. Les cinq leçons sur la psychanalyse sont un ouvrage abordable et complet pour s'initier à la théorie freudienne. La contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique permet de remettre la psychanalyse dans son contexte, du point de vue forcément partial de son fondateur, et d'en apprendre plus sur Freud, ses pensées, la façon dont il a vécu le début des années des 1900, et la façon dont il traite et interprète les personnes et théories qui ne vont pas dans son sens !

J'ai souvent eu l'occasion, au cours de ces dernières années, d'apprendre, en lisant les comptes rendus de certains congrès ou de séances de sociétés scientifiques ou de certaines publications psychanalytiques, que la psychanalyse était morte, définitivement terrassée et réfutée. Je pourrais, en réponse à cette déclaration, suivre l'exemple de Mark Twain qui, ayant lu dans un journal l'annonce de sa mort, adressa au directeur un télégramme pour lui faire savoir que : "la nouvelle de ma mort est fort exagérée". A la suite de chacune de ces annonces macabres, la psychanalyse se montre plus vivante que jamais, plus riche en partisans et en collaborateurs, se donnant de nouveaux organes. Dire de quelqu'un qu'il est mort vaut souvent mieux que lui opposer un silence de mort.

3 étoiles!

6 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 22 mai 2012

Cinq leçons sur la psychanalyse suivi de Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique sont deux textes écrits par Freud datant respectivement de 1909 et de 1914. Je voudrais d'abord noter que la démarche de Freud est ici salutaire il veut faire comprendre les théories psychanalytiques à tout le monde et on peut dire qu'il atteint à peu prés son but principal. Le premier texte étant une transcription des différentes conférences qu'il prononça en 1909 aux Etats-Unis le style est sans génie, concis, clair tout comme l'exposé de Freud qui explique en cinq leçons les théories fondamentales de la psychanalyse. En ce qui concerne le fond je suis plus divisé car la psychanalyse n'est pas une science mais une pseudo-science spéculative qui repose sur des théories parfois contestables voire fumeuses. Comme par exemple le complexe d'Oedipe (en gros chaque enfant a le désir de coucher avec sa mère et de tuer son père) qui est dit universel par Freud. Cette théorie radicale est fausse et Freud sous couvert d'une démarche scientifique utilise des raccourcis grossiers et généralise son cas à l'humanité toute entière. Heureusement certaines de ses théories sont plus pertinentes et cohérentes comme l'interprétation des rêves même si on peut dire que là encore nous restons dans l'hypothèse la plus totale et que certaines interprétations se révéleront fantaisistes ne reposant sur pas grand-chose. C'est lorsque Freud explique que la sexualité infantile est une réalité concrète qu'il est le plus proche de la vérité. Ce premier texte m’a semblé donc tout à fait honorable même si nous restons parfois à la surface des choses, on comprend avec une parfaite clarté la psychanalyse grâce au didactisme jamais lourd de Freud qui est ici très agréable à lire car il s'est débarrassé pour cette occasion des termes techniques redondants. La deuxième partie est je trouve plus inégale, elle a le mérite d'aller plus en profondeur dans l'analyse des théories mais est truffée de digressions historiques qui manquent d'à propos. En effet, Freud retrace une sorte d'histoire et d'évolution de la psychanalyse qui se révèle peu intéressante et surtout éminemment subjective. Puisque Freud y critique ses contemporains de manière virulente notamment Adler et Jung qui a eu le mérite d'écarter le complexe d'Oedipe de ses théories. Freud montre une autre de ses facettes en se montrant prétentieux car il se considère comme le seul maître de la psychanalyse, il est à la fois sectaire et injuste. Malgré ses errements mégalomaniaques certaines de ses observations se révèlent être justes d'autres le sont beaucoup moins. La démarche de Freud est ambitieuse mais la psychanalyse est plus une secte, un système (Freud nie la notion de système pourtant toute sa pensée est érigée en un système formaté où tout renvoie à la sexualité et à l'inconscient) institutionnalisé qu'une vraie science qui repose sur des théories solides et non des élucubrations creuses liées aux obsessions de Freud. On peut dire pour conclure que ce livre est correct, intéressant et agréable à lire, inégal dans le fond (car objectivement dans la psychanalyse une partie des théories peuvent se révéler vraies mais que dans certaines circonstances et non tout le temps), théorique, c'est une introduction à la psychanalyse efficace, ludique si l'on oublie l’égocentrisme prégnant de son auteur.

Forums: Cinq leçons sur la psychanalyse

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Cinq leçons sur la psychanalyse".