Une absurde cruauté de B. Skarga
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Terreur au "Goulagstan" soviétique !
Cette oeuvre de Barbara Skarga, Polonaise, et qui a été arrêtée le 8 septembre 1944 par le N.K.V.D. (la police politique Soviétique), se distingue par ses analyses pointues et objectives de l’immonde régime Totalitaire Communiste.
Bien sûr, en premier lieu on retrouve une description détaillée des avilissantes et déshumanisantes tortures psychologiques et physiques qu’elle a endurées avec ses codétenues entre 1944 et 1955, à travers son incarcération et les interrogatoires qu’elle a subi dans les prisons de Wilno, ainsi que dans les camps de concentration Soviétiques de la région d’Oukhta près de l’Oural polaire et à Balkhach au Kazakhstan.
Barbara Skarga donne un résumé des INHUMAINES conditions de survie et de mort des crevards (prisonniers), pages 33 et 34 :
« Rien ne pouvait être caché, ni échapper au regard d’autrui. Nous étions condamnées à être privées d’intimité, à manger, dormir, digérer, déféquer, souffrir et même mourir en public. Pas une minute, pas une seconde de solitude. La physiologie des corps mise à nu, rien que la physiologie. Nous n’étions plus des êtres humains, mais des corps malades au fonctionnement déficient. La vie quotidienne en prison c’était cela ».
Pour en revenir à la réflexion, à l’analyse de la tyrannique application de l’idéologie du Totalitarisme Communiste REEL, on constate que toutes les polémiques, les tentatives de « sauvetage » de : l’IDEE, de l’IDEOLOGIE, de l’UTOPIE Communistes, s’effondrent d’elles-mêmes sans résistances face, d’une part, à cette avalanche de descriptions d’actes de TERRORISME ; et d’autre part, face à l’analyse simple et évidente d’une survivante, revenue de l’ENFER.
L’auteur nous propose cette profonde étude, entre autre, pages 31 et 32 :
« Certes, il y a là une part de vérité, le communisme est une nouvelle incarnation du démon. Pourtant, sans que j’y puisse quelque chose, je n’ai pas de haine, je n’en ressens pas pour les individus surtout. j’en ai peut-être pour le système, pour l’idée, le plan, quelque chose d’abstrait au fond qui en devenant concret se transforma en un mécanisme monstrueux, propre à briser tout être qui n’était pas capable, ne savait pas ou ne voulait pas s’adapter à lui. Ce mécanisme brisait ses adeptes comme ses opposants, les hommes libres comme ceux qui ne l’étaient pas ; il brisait les corps, mais, ce qui était pire, il changeait les caractères en pervertissant les esprits, leur façon de voir, en opérant des lavages de cerveau, bref en « soviétisant » les hommes. Il les privait de toute dignité et de tout sentiment de liberté intérieure. Il leur apprenait à penser par formules toutes faites, les transformait en pantins vêtus d’uniformes. Dans ces marionnettes de bois quelque chose vibrait pourtant parfois. Aussi était-ce tantôt avec étonnement, tantôt avec pitié que nous regardions les officiers et les soldats aux épaulettes rouges ou bleues ; les soldats surtout suscitaient notre pitié. Les pauvres exerçaient une autorité sur nous alors qu’ils avaient peur de penser par eux-mêmes. Mes persécuteurs pouvaient faire de moi ce qu’ils voulaient, mais moi, la prisonnière, je me sentais pourtant plus libre que le vieux surveillant qui me glissait dans la main un peu de tabac après s’être assuré que personne ne le verrait. Pouvais-je éprouver de la haine à son égard ?
Czeslaw Milosz décrit un fait caractéristique : des soldats soviétiques nourrissent un Allemand fait prisonnier, lui offrent une cigarette après quoi ils lui disent calmement qu’il est l’heure et ils l’emmènent derrière l’étable pour l’exécuter. Le destin. « Tu vis, tu fumes une « bankroutka », l’ordre est d’exécuter, tu exécutes, un ordre est un ordre, prikaz to prikaz. » C’était pareil pour nous. L’ordre était de nous frapper, ils nous frappaient, de nous jeter au cachot, « tant pis tu iras » ; mais il n’était pas rare que leur cruauté s’accompagnât de paroles bienveillantes : « Toi, petite soeur, tu ne sortiras certainement pas vivante d’ici, dommage. »
Et aussi, pages 109 et 110 :
« La règle essentielle affirmait que l’antisoviétisme était un péché, un crime. On pouvait critiquer les Français, les Anglais, se moquer de leurs défauts, de leurs manies, réfuter les opinions qui avaient cours chez eux, s’étonner de leurs institutions, des décisions de leurs dirigeants, rejeter leurs programmes politiques, démasquer leurs intentions, dénoncer leur histoire. Tout cela était formellement interdit concernant le premier pays du socialisme qui montait la garde de la liberté et de l’indépendance de l’Europe de l’Est vaincue. Accepter la moindre démarche des autorités, chacune de ses décisions, était un devoir. Que personne n’aille imaginer qu’il s’agissait d’un devoir imposé de force, non ! Notre consentement devait surgir spontanément, un nouveau pouvoir nous était venu et même si nous ne l’avions pas invité, il s’était emparé de nos terres et, nonobstant notre volonté déraisonnable et sotte, avait permis d’y bâtir une grande oeuvre. Il devait éliminer ceux qui n’avaient pas compris sa magnificence et poursuivre sa tâche. Etre anti-soviétique était un crime impardonnable, c’était l’effet d’une idéologie impérialiste antagoniste, de la contre-révolution, c’était la négation des acquis merveilleux du système.
Qu’es-tu, détenu, incline-toi ! « Seigneur, pardonne-moi ! »
Pour terminer ce commentaire sur une note, malheureusement, pas beaucoup plus joyeuse, Barbara Skarga cite un vieux dicton Russe, page 96 :
« Le pays se divise en deux, ceux qui ont été emprisonnés et ceux qui le seront. »
Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;
– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;
– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;
– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
– Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
– Gustaw Herling (Un monde à part) ;
– David Rousset (L’Univers concentrationnaire) ;
– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;
– Primo Levi (Si c’est un homme) ;
– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
– Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz) ;
– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
– François Bizot (Le Portail) ;
– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Les éditions
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Une absurde cruauté
de Skarga, B.
la Table ronde
ISBN : 9782710309925 ; 20,90 € ; 18/10/2000 ; 352 p. ; Broché
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