Jugement à Moscou - un dissident dans les archives du Kremlin de Vladimir Boukovsky

Jugement à Moscou - un dissident dans les archives du Kremlin de Vladimir Boukovsky

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Anonyme11, le 20 août 2020 (Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans)
La note : 10 étoiles
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Le monstre totalitaire communiste bouge encore !

Vladimir Boukovsky, dissident Russe, a passé 12 ans dans les prisons et « hôpitaux psychiatriques » Soviétiques.

A travers cet ouvrage passionnant, l’auteur dévoile des documents classés « top secret », qu’il a puisés dans les archives de Moscou, après l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991.
De plus, il analyse sa terrible existence et le régime totalitaire communiste à partir des années : Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko et jusqu’à la fin de l’ignoble régime Soviétique sous… Gorbatchev :
– Description minutieuse et dénonciation de l’horrible régime totalitaire communiste ;
– Propagandes et mensonges communistes ;
– Histoire de l’exil forcé d’Alexandre Soljénitsyne ;
– Perestroïka : le retour à la N.E.P. de Lénine ;
– La transformation des camps de concentration du Goulag en un « Goulag psychiatrique » pour les dissidents ;
– Etc..

Vladimir Boukovsky nous livre dans cette oeuvre, une profonde réflexion sur les origines et les dangers des révolutions, à la page 102 :

« Les révolutions se produisent le plus souvent lorsque la vraie misère et l’absence de tous droits sont désormais révolues, et que la haine accumulée et la défiance envers le pouvoir rendent toute réforme odieuse ou insuffisante. En pareil cas, un gouvernement malhabile ou indécis est la garantie d’une révolution.
Attendre d’une révolution justice et liberté est d’une stupéfiante naïveté. Tout ébranlement de la société fait remonter du fond la lie de ceux qui « n’étaient rien et seront tout ». La révolution voit l’avènement des hommes les plus cruels, les plus bas, les plus sanguinaires, au caractère puissant et despotique. Des chefs de brigands. Après une longue guerre intestine, le plus rusé et le plus cruel d’entre eux rassemble tout le pouvoir entre ses mains. Si bien que les révolutions s’achèvent toujours par la tyrannie et non par la liberté et la justice. »

Cet ouvrage se veut également un fervent plaidoyer pour qu’un jour (malheureusement il est peu probable qu’il arrive), ait lieu le jugement et la condamnation des bourreaux et des crimes du Communisme, même à titre « posthume ».

En effet, le Nazisme, lui, a eu son Tribunal de Nuremberg dès 1945 – 1946, pour que ses tortionnaires et ses crimes monstrueux (notamment la Shoah), soient jugés et condamnés une fois pour toute. Ce qui fut fait.

En revanche, Vladimir Boukovsky essaye de comprendre les raisons pour lesquelles les sadiques tortionnaires et responsables communistes, qui ont exterminé environ 100 MILLIONS de civils innocents à travers le monde entre 1917 et 1991, n’ont jamais été, ni jugés, NI MÊME INQUIETES pour leurs immondes : Crimes contre l’Humanité et génocides ?

Une partie de la réponse se trouve peut-être dans les profondes réflexions, des pages 57 et 58 :

« Tous comprenaient tout, savaient tout ou devinaient tout, mais ils ne voulaient même pas en parler car ILS ASPIRAIENT NON A COMBATTRE LE COMMUNISME, MAIS A SURVIVRE. Survivre à n’importe quel prix, en sacrifiant leur conscience comme leur bon sens, des hommes innocents, des pays entiers. En sacrifiant finalement leur avenir, car la logique de la survie à tout prix se plie à l’axiome de nos bagnards. « Meurs aujourd’hui, mon tour viendra demain ».
Notre monde eut une chance démesurée : ce lendemain n’est pas arrivé et le monstre a crevé avant d’avoir rampé jusqu’à notre gorge. Maintenant que le communisme s’est enfin effondré, que le rideau de fer est tombé et a découvert aux regards des tableaux de désolation et de misère, maintenant qu’on ne peut plus passer sous silence ses crimes, cette « coexistence » ne nous paraît que plus indigente et stupide. Et plus criminelle car, le mythe une fois éventé et la peur disparue, il est désormais évident que cette coexistence n’était qu’une capitulation morale devant le mal, une forme de complicité avec le crime. Que dire maintenant pour sa défense ? Que répondre aux générations de demain si elles nous interrogent avec perplexité ? Qu’il nous fallait bien survivre ? Les Allemands aussi durent survivre après la Première Guerre mondiale, aussi ont-ils suivi Hitler. Pourquoi donc les avoir jugés à Nuremberg ? Ils ont sacrifié Juifs, Tsiganes, Slaves, comme nous avons sacrifié des dizaines d’autres peuples, POUR SURVIVRE EUX-MÊMES.
Et, tout comme les Allemands de 1945, nous ne voulons pas regarder au fond de notre âme, nous ne voulons pas « fouiller dans le passé », nous ne voulons pas de scandales. Comme eux, nous fermons les yeux et répétons que « nous ne savions pas », que « nous ne faisions pas de politique » ou que, même si nous avions su, « nous ne pouvions rien faire ». »

Et également, Vladimir Boukovsky nous fait part de son profond désarroi face à la totale incapacité de l’Homme, de se servir des terrifiantes leçons de l’Histoire, à travers les pages 63 et 64 :

« On a vu se produire ce que je redoutais le plus : le refus peureux de se battre s’est tourné en impuissance à se guérir. L’utopie antihumaine s’est écroulée, mais on n’a vu triompher sur ses ruines ni la liberté d’esprit ni la noblesse de pensée. Rien qu’une farce, absurde, minable. Des millions de victimes n’ont servi à rien : l’humanité n’est devenue ni meilleure, ni plus sage, ni plus mûre… »

Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants, de Vladimir Boukovsky :
– L’Union européenne, une nouvelle URSS ? ;
– Cette lancinante douleur de la liberté.

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