Uniformisation ET balkanisation

Loin d’être un vecteur d’uniformisation comme on pouvait le craindre plus le réseau s’est densifié et étendu, plus ses usages se sont particularisés en se multipliant à l’infini dans des centaines de langues à côté de l’anglais américanisé désigné ironiquement par le terme « globish ». Les chinois à la fois par nationalisme, par besoin sécuritaire et grâce à leur démographie se sont contentés de tout cloner, moteurs de recherche, réseaux sociaux, plates-formes diverses, blogs, vidéos, achats en ligne, en mieux disent-ils, sans empêcher complètement toutefois les activistes d’avoir toujours un coup d’avance pour contourner la censure omniprésente. L’Afrique s’en est servie pour sauter les étapes du téléphone fixe et de l’ordinateur grâce au mobile aux multiples fonctions à commencer par la banque virtuelle, en attendant une diffusion accrue du smartphone. Des « smart cities » se sont fait connaître un peu partout au fil des ans avec plus de réussite dans les initiatives « bottom-up » que l’inverse, jusqu’à la « start-up nation » qu’est devenue Israël.
Et l’Europe dans tout ça ? Frileuse elle a accumulé les retards en dépit de sa richesse économique, de ses infrastructures, de son haut niveau d’éducation. Elle en était encore à craindre des menaces sur la vie privée et les données personnelles, à réclamer plus de régulation quand, à l’opposé, des dizaines de pays émergents n’y ont vu que des opportunités à saisir tant pour favoriser le partage des connaissances, encourager les applications locales innovantes que pour tenter de sortir leurs bidonvilles de la grande pauvreté. Même si les contenus culturels dématérialisés sont restés fortement mondialisés pour le cinéma, la musique et les vidéos, l’inverse s’est produit en matière de télévision. Celle-ci a commencé à offrir des contenus de plus en plus territorialisés régionalement, voire localement avant de basculer vers l’interactivité et la mobilité, tout comme les réseaux sociaux qui restent communautaires dans leur ensemble. Quant aux consoles de jeux qui ont fait la richesse du Japon leur temps semble révolu.
Cette longue série de visites et d’entretiens présentée comme un reportage riche et vivant excessivement bien documenté auprès des décisionnaires de tous les continents offre une base solide pour mesurer la rapidité des évolutions d’internet à partir d’un état des lieux fort instructif datant donc de 2013.

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  Smart [Texte imprimé], enquête sur les internets Frédéric Martel

  de Martel, Frédéric
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  ISBN : 9782234077348 ; EUR 11,99 ; 23/04/2014 ; 406 p.

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