L'abomination des expulsions locatives de Jean-François Chalot

L'abomination des expulsions locatives de Jean-François Chalot

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Jemo76, le 8 octobre 2018 (Yainville, Inscrit le 11 février 2013, 90 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 773ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Un toit pour tous !

Un petit livre qui réunit des témoignages divers de victimes d'expulsions locatives ou d'acteurs sociaux engagés dans l'aide aux démunis. Où l'on voit que les expulsions coûtent plus cher à la collectivité qu'une aide au maintien dans les lieux. Où l'on trouve aussi des conseils pour s'en tirer au mieux en cas de menace d'expulsion.

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Un toit est un droit

8 étoiles

Critique de C''Nabum (, Inscrit le 5 novembre 2018, 66 ans) - 5 novembre 2018

L’abomination des expulsions locatives.


Infatigable pourfendeur des injustices de notre société, Jean François Challot nous livre son nouveau fascicule. Je ne sais d’ailleurs comment nommer ce document indispensable : Anti-Guide de l’expulsion, Clef pour un toit, bréviaire pour un droit inaliénable... Cette fois, notre combattant des injustices se tient à côté de ceux qui ont eu un jour le terrible malheur d'avoir la visite d’un huissier.

L’abomination absolue, l’auteur s’en explique, c’est bien ces quelques minutes durant lesquelles tout s’effondre pour une famille, en difficulté. « Dégagez, vous n’avez plus d’argent, c’est la rue qui vous attend ! » Terrible sentence, condamnation à la mort sociale, prononcée par un propriétaire, une institution et qui frappe non pas un individu mais une famille toute entière.

Enfants et parents dans la même galère pour une punition collective terrible, inhumaine pour ceux qui ne disposent ni d’amis ni de famille en mesure de les héberger. C’est souvent la déchéance, le déclassement, une véritable descente aux enfers qui pousse hélas, à toutes les dérives. La lecture du livre est à ce titre exemplaire et plus encore édifiante. Chacun peut toucher du doigt l’horreur que sous-entend ce déni de justice.

Les exemples rapportés vous collent à la conscience. On ne peut sortir indemne de ces récits vécus comme ce témoignage de Vanessa qui se souvient toujours, 25 ans plus tard, de ces instants qui ont fait basculer son existence ou l’aventure qui pousse une famille de handicapés à être mis à la rue, toute honte bue par les monstres qui ont osé.

Jean François dénonce le coût véritable d’une expulsion. Les chiffres s’alignent, la déraison gagne le lecteur. La collectivité au final, paie davantage que ce pauvre loyer qu’une famille ne peut honorer. C’est là, le paradoxe de cette décision qui relève bien plus de la punition ou du châtiment que de la véritable justice. C’est plus encore la négation de ce droit au logement qui n’est en fait qu’un effet d’annonce, une loi pour se donner bonne conscience.

Fort heureusement, il y a des associations, des militants qui se refusent à l’inexorable. Puisque l’État et les organismes locatifs sont incapables d’humanité, Jean François et ses amis jouent les bons samaritains, reprenant à leur compte le combat et l’appel de l’abbé Pierre. Le cri déchirant de l’hiver 1954 est toujours d’actualité : « Mes amis, au secours ! » 900 000 personnes sont privées de logement dans ce pays qui se prétend encore cinquième puissance économique mondiale. Quelle abjection !

L’auteur décrit la vie de ceux qu’il nomme « Les sans destin fixe », ces gens qui vivent d'expédients dans des conditions épouvantables alors que dans le même temps il y a 2 640 000 logements vacants. On marche sur la tête. Fort de son passé de militant, Jean François Challot refuse de se résigner, d’accepter par égoïsme et indifférence ce dont beaucoup d’entre nous se satisfont en se donnant bonne conscience, en trouvant des arguments pour stigmatiser les mauvais payeurs, pour fermer les yeux sur ceux qui sont à la rue, rejetant la faute sur l’état et les concernés eux-mêmes.

Lui agit comme il l’a toujours fait d’ailleurs. Il donne des exemples d’actions qui ont abouti parce que c’est possible. Il fournit des clefs tout autant que l’espoir. Ainsi les parcours de Naïma ou de celui qu’il faut appeler Thierry sont éloquents. Le DAL, droit au logement, et son association « Familles laïques » tiennent des permanences cinq jours sur sept pour tendre la main aux exclus de la galette.

Ils ont appris à saisir les organismes qui peuvent intervenir, à considérer le 115 comme une solution provisoire certes mais à ne pas rejeter. Ils conseillent, aiguillent, accompagnent et encouragent. C’est ce combat qui est narré dans ce document qui au final est un véritable guide pour aider les gens sous la menace d’une expulsion. C’est à ce titre que sa lecture est indispensable.

Logement tous.

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