La saga de Grimr de Jérémie Moreau
Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers
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Dépaysant ! et réussi !
J'avoue avoir eu du mal au début à m'approprier au style graphique de Jérémie Moreau, un style assez simple mais au fil des pages, son talent s'affirme. Et les scènes nocturnes, toutes en aquarelles, sont superbes (les premières pages du chapitre 4 sont d'une beauté à couper le souffle) .
L'auteur nous offre une histoire forte dans une Islande du XVIIIème siècle, dominée par le Danemark , et où une nature hostile rend la vie difficile aux habitants.
A travers les aventures de Grimr, l'auteur relate tout un pan d'une certaine histoire de l'Islande, histoire méconnue par la plupart d'entre-nous (légendes, société ...)
De l'injustice des hommes aux caprices de la nature, rien ne sera épargné au jeune Grimr, dès les premières pages d'ailleurs.
Le scénario est bien construit, le chapitre 1 faisant écho aux planches de fin, et repose finalement sur une touche d'humanité que l'on n'attendait (presque) pas.
Un très bel album.
Les éditions
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Saga de Grimr [Texte imprimé]
de Moreau, Jérémie
Delcourt
ISBN : 9782756080642 ; EUR 25,50 ; 13/09/2017 ; 232 p. ; Album
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Les critiques éclairs (3)
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Un roman graphique puissant, âpre et cruel, aux accents de légende héroïque
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 20 mai 2023
Les autres notes de lecture ayant déjà évoqué l’histoire, je n’y reviendrai pas sauf pour souligner un point fondamental du récit, qui me semble avoir été omis : l’asservissement de l’Islande. Le récit, qui se déroule au 18ème siècle, décrit un peuple islandais opprimé par la domination, arbitraire et féroce, du Danemark, qui s'approprie les maigres ressources, organise des rafles d’enfant et considère les Islandais comme des loques humaines faites pour les servir. Grimr n’est pas simplement un enfant d’une force et d’une volonté extraordinaires, il est aussi un orphelin (suite à la destruction de la ferme familiale par une éruption volcanique) qui se retrouve victime de la misère et de la violence qui sévissent en Islande. Grimr n’est rien et ne possède rien ; son seul ami est un homme intelligent et roublard, aussi misérable que lui, qui l’a pris sous son aile et ne servit que par ruse et débrouillardise. Accusé injustement de meurtre après l'agression d'un émissaire du Danemark, Grimr sera condamné et pourchassé mais, inspiré par l’amour qu’il éprouve pour une jeune femme qui lui est interdite, il survivra à toutes les épreuves, devenant progressivement un objet de crainte et de fascination, comme s’il n’était pas tout à fait un homme mais une émanation de la nature sauvage et volcanique de l’Islande. La fin du récit s'ouvre presque au fantastique mais, comme l'a dit Hervé28, s'achève sur une note vibrante d'amour et d'humanité.
La bande dessinée se présente comme la narration de la légende de Grimr, par un vieil homme qui l’a connu et a perçu qu’il était de la trempe des hommes qui ont façonné l’Islande et inspiré les premières sagas… Le récit et les dessins sont en parfaite harmonie ; à la rudesse des rapports humains répond la violence de la nature, que l’auteur brosse parfois en pleine page, dans un emmêlement de formes et de couleurs.
Les nouvelles légendes d'Islande
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 3 février 2022
Un héros tellurique
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 21 octobre 2017
De manière frappante, c’est la première scène qui va donner le ton de l’histoire, lorsque Grimr, encore tout jeune enfant, échappe miraculeusement à l’épais nuage de cendres provoqué par une éruption volcanique, tandis que ses parents trouvent la mort. C’est à ce moment précis que le lecteur entrevoit la capacité de résistance exceptionnelle du jeune héros. Pourtant, à peine tiré d’affaire, Grimr sera pris pour un démon sorti des enfers par des trafiquants d’enfants passant là par hasard. Les odieux personnages vont néanmoins le capturer, réalisant bien vite le prix qu’il pourrait en tirer… Un être maléfique doublé d’un paria, c’est ainsi qu’il sera considéré par les habitants de l’île, lui, le cœur pur et sensible enserré dans une enveloppe « monstrueuse ».
Si au premier abord le trait peu paraître assez grossier, force est d’admettre au fil des pages qu’il cadre parfaitement avec le contexte où la vie semble reposer sur le caractère indomptable de l’Islande, une île aride au climat peu hospitalier, cernée par l’océan et menacée par ses volcans, où la nature a pu demeurer sauvage et belle… Le personnage principal symbolise à lui seul cette géographie, imprévisible et colérique, mais doté d’une âme pure. Totalement lié au pays qui l’a vu naître, Grimr est l’Islande ! S’attardant peu sur les contours et les détails, Jérémie Moreau semble avoir laissé libre cours à son intuition, axant davantage son travail sur les couleurs (les paysages à l'aquarelle sont superbes) et le mouvement, comme la lave s’échapperait d’un volcan, sans avoir pour autant négligé l’expressivité des visages.
Quant à l’histoire, elle est bien construite et d’une légèreté très appropriée, permise par le retrait des textes (d’excellente qualité) derrière le dessin, comme pour laisser la nature, puissante et silencieuse, dominer l’ensemble. Une nature qui se révèle être un personnage à elle seule, en quelque sorte l’alter ego de Grimr.
Ainsi, cette « saga » extraordinaire rappelle en partie, à travers le personnage de Grimr, le mythe de Frankenstein. C’est un fait, l’être humain n’apprécie guère la différence, a fortiori quand elle est monstrueuse, mais il se moque bien de savoir si les apparences sont trompeuses, et demeure sans pitié pour quiconque s’écarte de la norme, préférant bien souvent hurler avec les loups… Le cinquième opus de Jérémie Moreau, jeune auteur déjà remarqué pour « Le Singe de Hartlepool », s’impose comme une très belle œuvre pour un personnage maudit et attachant, qui connaîtra même une histoire d’amour déchirante…
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