La Grande Ourse de Elsa Bordier (Scénario), Sanoé (Dessin)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire
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Une belle petite gourmandise...
On devrait, encore et encore, répéter, même jusqu’à l’infini et la nuit des temps, que juger une œuvre sur son titre est prendre un risque considérable… S’il ne tenait qu’à moi, je proposerais de supprimer au plus vite les titres des œuvres, les quatrièmes de couverture, les feuilles de presse, les bandes annonces et autres teasers de jeux vidéo… Pour juger, il faudrait lire, regarder, jouer et ressentir ! Les ressentis exprimés seraient alors plus solides, plus profonds…
Certains affirmeront alors que je serai en train de scier la branche des critiques de bandes dessinées mais comme je me sens beaucoup plus chroniqueur que critique, tout serait sauvé !
Si on me tend un livre portant le nom La Grande Ourse et que l’on me précise qu’il s’agit là d’une bande dessinée de la collection Métamorphose, immédiatement, surtout si j’oublie de réfléchir et lire, je pense à un conte, une belle histoire, un beau livre et un plantigrade très chaleureux…
Tout n’est peut-être pas faux mais on est loin du compte ! Tout d’abord parce que la collection Métamorphose des éditions Soleil est un repère pour l’improbable et l’inattendu ! Donc, il ne faudrait surtout pas circonscrire cet album au conte si fantastique soit-il ! D’ailleurs, cette fois, plus qu’un conte ou un récit introspectif, il s’agirait plutôt, selon moi et après lecture, d’une histoire expérimentale. En effet, Louise, l’héroïne, va vivre des situations, au fur et mesure des pages, qui vont nous renvoyer à nos vies, nos expériences, nos souvenirs, nos fantômes… Lire La Grande Ourse c’est, en quelque sorte, accepter de changer nos vies, ou, du moins, notre regard sur notre propre vie ! A la dernière planche, à la dernière page, vous ne serez peut-être pas la ou le même !
Ah, au fait, La Grande Ourse ce n’est pas un plantigrade pêcheur de saumon et gourmand de miel… Regardez… Plus haut encore, dans le ciel… et vous aurez peut-être l’occasion de la voir… Et si vous voyez Phekda, elle pourrait bien descendre vous rendre visite, se poser sur votre épaule en cas de coup dur… on dit qu’il lui arrive d’éclairer les vies de ceux qui ont le sentiment d’être enfermés dans le noir… Elle est là pour proposer une aide, un éclairage, elle ouvre un chemin positif, tout simplement…
Alors, oui, La Grande Ourse est un livre atypique. C’est bien sûr, par la forme, une belle bande dessinée et un magnifique livre. Par le style, indiscutablement un conte universel qui ne vous laissera pas indifférents. Dans le fond, même si ce n’est pas toujours simple de faire entrer une telle histoire dans une case, je dirais avec prudence, qu’il s’agit d’une aventure spirituelle et métaphysique interactive ou d’une œuvre littéraire profondément porteuse d’un humanisme fort et intégral ! Oui, rien que cela et tout cela à la fois !
Et si je vois dis que La Grande Ourse est le premier album de la scénariste Elsa Bordier et qu’il est dessinée par Sanoé qui débute elle aussi en bédé, alors vous aurez compris que certaines autrices, pour leurs coups d’essais préfèrent les coups de maitre !
Voilà donc une petite merveille qu’il faut lire et faire lire… c’est un peu comme une gourmandise qu’il faut savoir déguster avec sérénité…
Les éditions
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La Grande Ourse
de Sanoé, (Illustrateur) Bordier , Elsa (Scénariste)
Soleil / Métamorphose
ISBN : 9782302063921 ; EUR 17,95 ; 13/09/2017 ; 92 p. ; Album
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Bonne étoile
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 30 décembre 2017
Entre livre jeunesse et conte philosophique, le récit nous entraîne vers une quête poétique aux accents subtils et littéraires. Rien d’étonnant quand on sait que la scénariste de l’ouvrage, Elsa Bordier, est passionnée d’écriture. En outre, le dessin de Sanoe sert magnifiquement l’histoire en mettant en images un monde féerique foisonnant de détails, indubitablement inspiré des œuvres de Miyazaki. Le travail sur la couleur est également sublime et rehausse encore davantage l’attractivité de l’objet. Les deux auteures semblent véritablement en symbiose parfaite. La narration va crescendo jusqu’à son apothéose, lorsque Louise et Phekda arrivent dans le palais céleste, où l’on assiste à une profusion enivrante de tons merveilleusement nuancés, en particulier dans les bleus.
Au propre comme au figuré, le tout est à la fois sombre et lumineux. Dans cette atmosphère fortement imprégnée d'onirisme, on frissonne en retrouvant ses peurs d’enfants mais on les surmonte en prenant conscience de la beauté parfois terrifiante du monde qui nous entoure. Le passage dans la forêt est à ce titre très emblématique : la nature peut s’avérer aussi cruelle qu’admirable, et n’est pas vraiment l’endroit le plus approprié pour les Bisounours.
« La Grande Ourse » est donc une vraie bonne surprise. Véritable ode philosophique à la vie et à la beauté, l’ouvrage se laisse autant lire que contempler. Et comme pourrait le laisser supposer la couverture, l’album n’est pas uniquement destiné aux jeunes filles en fleurs, car il traite aussi du deuil et de la mort. Bien entendu, il serait presque redondant de préciser que cela constitue une excellente idée-cadeau à l’approche des fêtes de fin d’année.
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