Le mystère demeure sur l’apparition d’Homo sapiens

Au gré des découvertes fossiles et des objets alentour, des méthodes de datation plus précises, des comparaisons entre populations actuelles et spécimens archaïques tant de leur ADN mitochondrial, que de celui des chromosomes autosomiques et Y, la connaissance des origines de l’homme moderne sans cesser de s’enrichir ne parvient pas à en lever le mystère. Toutes les hypothèses ayant pu influer sur l’évolution depuis le dernier million d’années autrement dit la première sortie africaine d’Homo erectus sont considérées. En premier lieu les variations rapides glaciaires et interglaciaires du climat ainsi que les éruptions volcaniques les plus violentes parmi les autres catastrophes naturelles ont joué un rôle certain. De même qu’il a dû y avoir des mutations par hasard, des dérives génétiques, des effets démographiques de la sélection naturelle, culturelle, sexuelle ou de leurs combinaisons.
Ces hypothèses donnent lieu à controverses à propos soit d’une origine récente africaine unique de l’homme moderne, soit d’une origine multirégionale ayant eu lieu en Eurasie sans lien avec l’Afrique, soit d’un modèle mixte et embrouillé n’excluant pas des allers et retours multiples de groupes de populations ayant entraîné des métissages ou de simples hybridations. Pas plus les données de la biologie que celles de l’épi-génétique, que les mesures morphologiques ou que les sciences cognitives n’expliquent l’émergence de la communication sociale par le langage, de la pensée symbolique inférée des peintures pariétales et des artefacts décoratifs, des croyances reflétées par l’inhumation des morts. Il s’est produit il y a 55 000 ans environ un profond changement du développement humain, accéléré encore il y en a 40 000 et par la suite qui a accompagné l’expansion mondiale d’Homo sapiens, et pourrait expliquer le remplacement de toutes les formes humaines antérieures à quelques pourcents de gènes près.
Si l’accord se fait à peu près sur la succession d’Homo erectus par Homo heidelbergensis suivi par les branches séparées de Neandertal, Denisova et Homo sapiens, les hypothèses se multiplient sur le pourquoi et le comment de notre évolution. Elles se confrontent dans des débats sans cesse plus techniques souvent contradictoires depuis la découverte des premiers fossiles en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient dès le XIXe siècle. Pour faire avancer les connaissances sur nos origines des moyens scientifiques très sophistiqués sont mis en œuvre. Ils portent sur des échantillons de population plus diversifiés, sur l’exploitation de l’ARN, sur les mutations intervenues depuis la révolution agricole et n’excluent pas que l’évolution se poursuive en dépit des affirmations d’un Stephen Jay Gould il y a quelques années.
Chris Stringer a beau avoir 40 ans de carrière derrière lui qui légitiment cette reconstitution impressionnante nourrie de centaines d’études et de recherches, il fait regretter l’absence inexpliquée des éminents travaux des paléoanthropologues français malgré la diversité des sites de Neandertal et de Cro-Magnon identifiés sur notre sol.

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  Survivants [Texte imprimé], pourquoi nous sommes les seuls humains sur terre Chris Stringer traduit de l'anglais par Alain Kihm

  de Stringer, Christopher B. Kihm, Alain (Traducteur)
  Gallimard / NRF essais
  ISBN : 9782070121946 ; EUR 26,50 ; 20/03/2014 ; 480 p. ; Broché

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