Le cas du docteur Koukotski de Ludmila Oulitskaïa
( Kasus Kukockogo)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (50 775ème position).
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plus qu'une saga
Ce long roman nous invite à suivre le destin d'une demi-douzaine de personnages proches ou de la famille d'un obstétricien russe qui a pour don de voir les organes internes de ses patientes sans appareillage radiologique.
On s'attache vite aux péripéties politiques (hilarantes vues d'ici mais sur place...) et familiales de ce docteur Koukotski qu'Oulitskaïa finit presque par lâcher au fil du temps au profit d'autres protagonistes, proches de l'accoucheur.
Elle choisit de donner plus de relief aux personnages féminins du roman : son épouse dont la mémoire s'effiloche peu à peu ( pour donner lieu à une centaine de pages centrales pesantes et bien peu convaincantes où elle s'égare dans un monde désertique parcouru par des personnages sans nom), sa fille Tania dont le parcours scolaire et amoureux offre moult rebondissements et encore quelques autres.
Impossible de lâcher ce roman (une fois ces 100 pages centrales dépassées) tant les personnages sont fouillés et attachants d'une part et, d'autre part, tant les détails sur la réalité sociale et politique de cette nation nous laissent pantois.
Il faut souligner que les questions d'éthique parsèment la trame de ce roman et font virer à plusieurs reprises les destinées des Koukotski, ceci pour préciser qu'on se trouve un bon étage au-dessus de la simple saga familiale!
C'était mon premier Oulitskaïa, pas le dernier!
Les éditions
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Le cas du docteur Koukotski [Texte imprimé], roman Ludmila Oulitskaïa trad. du russe par Sophie Benech
de Oulitskaïa, Ludmila Benech, Sophie (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070763467 ; 28,40 € ; 11/09/2003 ; 400 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Long.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 octobre 2005
Composé de trois gros chapitres, on est désarçonné à l’entame du second par une rupture de ton dont on a du mal à se remettre. Le premier chapitre lance les bases du roman avec le Docteur Koukotski, son enfance, la rencontre avec sa femme, sa fille et quelques personnages périphériques qui reviendront de manière récurrente. Comme nous sommes en Union Soviétique, après la guerre, c’est l’occasion de plonger dans ce monde de l’absurde cruel et inhumain que pouvait être l’URSS, et ça Oulitskaïa le fait très bien. Et bing, arrive le second chapitre, carrément onirique. Il semblerait qu’on soit passé de l’autre côté du vivant, dans le monde des morts, avec des personnages du premier chapitre qu’on croit reconnaître, puis qu’on reconnait. Mais comme ils portent des surnoms, et que les situations sont au delà du réel … (d’ailleurs pas compris la toute fin du second chapitre, ça reste une énigme pour moi). Et puis troisième chapitre, on revient au quotidien moscovite ou de Saint Petersbourg, avec quelques années qui ont tourné au compteur, et on continue à dérouler l’histoire entamée au premier chapitre.
Vraiment très curieux ! Et dommage car Oulitskaïa écrit plaisamment, les considérations sur la vie au quotidien dans les années 50_60_70 de l’Homo Soviéticus sont intéressantes. N’est pas Gabriel Garcia Marquez qui veut !
Plutôt de l'avis de Sahtki
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 juin 2004
Quant à l'incapacité de dialogue entre le mari et sa femme suite à l'incident entre eux cela me semble énorme surtout quand elle nous avait décrit un amour total !... L'un s'enferme tout simplement dans l'alcool, son boulot et dans sa passion pour la fille de sa femme (courant aussi...) et l'autre se dessèche comme une fleur qui attend son herbier...
Bref, 2.5 me semble plus proche de la réalité que 4 !
Saga russe
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 17 mai 2004
Le don du docteur Koukotski lui permet de déceler dès les premiers jours les malformations ou maladies dont pourrait souffrir le foetus. Avec un petit hic : cette faculté disparaît lorsque le médecin a un rapport sexuel, sauf lorsque c’est avec son épouse.
Autour de ce personnage un peu étrange gravitent des personnes toutes plus intrigantes les unes que les autres. Notamment Vassilissa, la servante dévouée de Koukotski, qui est en réalité sa pire ennemie, espérant secrètement la chute la plus brutale qui soit pour son patron, ce tueur, auquel elle voue pourtant une reconnaissance éternelle, car il l’a recueillie lorsqu’elle était dans la misère. Portrait décapant d’une femme un peu folle, à la limite de l’extrémisme, partagée entre ses convictions et ses sentiments.
Ou Elena, Madame Koukotski, qui ne peut plus avoir d’enfant suite à une infection grave dont l’a guéri son mari. Elle a une fille, Tania, née d’un premier mariage, et une seconde, adoptée, la petite Toma.
Tout ce petit monde vit dans un appartement pas très grand, source de conflits et de tensions, témoin des difficultés matérielles du couple et des divergences philosophiques qui opposent les différents membres de la tribu.
Ce roman est écrit en trois temps. La première partie ressemble à une longue saga russe, détaillée, factuelle, parfois longuette, tandis que la seconde partie brise ce rythme et ouvre la porte à une écriture allégorique et emportée, mêlant descriptions épiques des personnages et énonciation enthousiaste d’idées novatrices. Une rupture qui se fait malheureusement trop sentir, la cassure est nette et ne rend le début que plus long encore. Si l’idée de ressusciter Tolstoï, par exemple, est intéressante, Ludmila Oulitskaïa revient trop vite à ses premières amours, les longueurs et les détails, et saborde ce bel élan d’imagination et de générosité.
Le dernier volet du récit est dédié à Tania, devenue adulte, ayant abandonné ses études de biologie par crainte des dérives de la science (l’eugénisme entre autres) et se donnant corps et âme (surtout le corps) à des petits amis de passage. Non par besoin sexuel mais par nécessité de tout savoir et comprendre de la conception. L’héritage paternel n’est pas loin, Tania veut avoir des enfants avant tout pour comprendre comment on les fait et de quoi ils sont composés.
Immoral pourrait-on penser mais au fil des pages, on se rend compte qu’il n’en est rien. Les hommes ne sont présents dans l’ouvrage que pour donner leur semence et contribuer à la procréation, la femme fera le reste et dès l’enfant conçu, le mâle n’existe plus. La femme et son enfant ne forment plus qu’un seul corps, une seule vie dont nous étudions l’évolution pas à pas (là encore, on pourra reprocher à l’auteur de trop longues descriptions de l’anatomie féminine par exemple).
Ce roman met en avant les femmes, mais aussi de grandes questions d’éthique : où doivent se fixer les limites de la science ? Quel rôle doit jouer la religion dans de tels domaines ?
Le sujet a le mérite d’être intéressant, dommage qu’il tire parfois un peu en longueur et en lenteur. Il m’a semblé que Ludmila Oulitskaïa était en meilleure forme dans ses précédents récits, plus courts il est vrai, cela condensait et amplifiait son propos.
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