Une odyssée fantastique et authentique

L'Anabase est un récit prodigieux écrit vers les quatre cents ans avant J-C par un auteur athénien nommé Xénophon.
Il raconte l'expédition militaire d'une armée perse dirigée par Cyrus-le-Jeune, à laquelle s'étaient joints des mercenaires grecs parmi lesquels se trouvait Xénophon.

Xénophon était un jeune Athénien issu d'une famille aristocrate et érudite. Il était officier, philosophe, écrivain, orateur et, surtout aventurier.
Cyrus-le-Jeune était Perse ; il était venu en Grèce pour soutenir Sparte contre Athènes lors des guerres du Péloponnèse ; or Xénophon était Athénien. Alors on peut se demander comment Xénophon s'était acoquiné avec Cyrus et s'était mis à son service avec une armée de mercenaires grecs.

Mais son goût pour l'aventure expliquait tout. La guerre, à cette époque, était la grande aventure. On partait à la guerre dans le même esprit qu'auraient, des siècles plus tard, les Croisés qui partaient pour la Terre Sainte ou les soldats de Bonaparte pour la Campagne d’Égypte. On partait à la découverte... La guerre était une formidable expérience de vie, et qui pouvait, en cas de bonne fortune, rapporter des butins fabuleux.

Cyrus-le-Jeune revenait donc de la guerre du Péloponnèse. Il s'en retournait à Babylone. Son projet était de s'emparer du trône de l'empire perse détenu, légitimement, par son frère aîné.
Cette expédition était partie de Thrace, avait traversé le territoire perse qui est aujourd'hui la Turquie, pour arriver à Babylone, capitale de l'empire perse, à l'emplacement de la Bagdad actuelle.

La première partie de cette campagne se passe donc en terre conquise et prend les allures d'une tranquille expédition militaire mais, avec des aventures extraordinaires. A ce moment là, Xénophon écrit comme un correspondant de guerre et son récit est fourmillant de descriptions de paysages et d'anecdotes les plus inattendues les unes que les autres.

Puis vient la guerre dans les environs de Babylone, contre l'armée impériale perse. Grâce aux mercenaires grecs, qui sont d'une supériorité écrasante, le jeune Cyrus gagne la guerre. Mais il veut tuer son frère personnellement et se fait tuer lui-même. Alors c'est la débandade dans les rangs des partisans de Cyrus et les Grecs sont obligés de tourner casaque et de s'enfuir. Commence alors le long retour au pays, que les historiens ont appelé : La Retraite des Dix Mille, parce que, en effet, ça fait à peu près dix mille kilomètres.

Très vite le chef des mercenaires grecs, Cléarque, est tué dans un piège tendu par des Perses. Alors, l'armée doit élire son nouveau chef et le chef élu est Xénophon.
A partir de ce moment, l'excellent général et écrivain qu'il est, raconte au jour le jour toutes les péripéties de cette valeureuse armée grecque perdue dans ce pays barbare où tout leur est hostile.

L'histoire devient alors aussi palpitante que passionnante : l'armée doit vivre sur le pays et chaque étape est, soit une partie de chasse, soit une bataille rangée pour obtenir des bons repas pour ces Grecs qui ne veulent combattre que s'ils ont bien mangé.
Et puis il y a les harcèlements incessants des pillards avides de butin et les pièges tendus par les armées perses que Xénophon doit déjouer par des combats épiques ou des ruses extraordinaires. Le récit prend, par moment, des allures d'une épopée hallucinante et pourtant rigoureusement authentique.
Par ailleurs, toutes les décisions du chef doivent être acceptées par les soldats qui discutent à tous propos ; alors, Xénophon rapporte, dans son récit, ses discours et plaidoiries, où il fait preuve d'un talent oratoire étonnant, pour faire passer ses décisions. Ce qui fait dire à Pierre Chambry, auteur de l'introduction, que « cette armée grecque était une démocratie en marche ».

Durant l'Antiquité, et jusqu'à nos jours, ce récit a été encensé et diffusé dans les écoles où Xénophon et ses soldats ont été proposés comme des modèles de courage et d'intelligence. Dans cette Retraite des Dix Mille, les soldats grecs s'étaient couverts de gloire et Xénophon avait acquis une renommée qui, à travers les siècles, est entrée dans la légende et est parvenue jusqu'à nous.

Tous ceux qui, comme moi, affectionnent les récits d'aventures et les péripéties guerrières qui se lisent comme des romans, seront comblés à la lecture de cette Anabase, comme moi-même je l'ai été.

Dans l'édition Classiques Garnier de 1933, l'Anabase est suivi du Banquet, de L’Économique, de La Chasse, de la République des Lacédémoniens, et de la République des Athéniens ; tous ces textes sont de Xénophon et traduits, avec beaucoup de notices explicatives, par Pierre Chambry, professeur au lycée d'Amiens.
Ces textes sont tous passionnants et nous plongent au cœur même de la grande civilisation athénienne.

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  Anabase, Economique, Banquet, De la chasse, République des lacédémoniens, République des athéniens

  de Xénophon,
  Garnier Frères / Classiques Garnier
  ISBN : SANS000049355 ; 01/01/1933 ; 540 p. ; 12 x 18.5 x 2.5