Erasme, Grandeur et décadence d’une idée de Stefan Zweig

Erasme, Grandeur et décadence d’une idée de Stefan Zweig
(Triumph und Tragik des Erasmus von Rotterdam)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Drclic, le 2 avril 2004 (Paris, Inscrit le 13 mars 2004, 48 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 657ème position).
Visites : 11 416  (depuis Novembre 2007)

le premier européen

Erasme de Rotterdam (1467-1536) : penseur, philosophe.

Ce livre peut se résumer en deux parties. La naissance des idées humanistes avec à leur tête Erasme. Homme cultivé, curieux, modéré. Premier écrivain à influencer les masses. Son renom et sa crédibilité en feront un acteur majeur de son époque.

La deuxième partie s'attarde plus sur la période de la réforme et son "affrontement" avec Martin Luther. Devant tant de violence, et d'extrême, il resta sourd aux prises de position que les deux parties lui demandaient. Attitude résumée à un manque de courage pour les réformistes ou à un désaveu pour les catholiques.
Il chercha pourtant à éviter cette rupture religieuse qui allait ensanglanter l'Europe.

Pour résumer ce personnage, je citerai Zweig :"Grâce à Erasme, il existe en Europe une puissance nouvelle : celle de la plume."



A lire, pour redécouvrir une époque de révolutions (découverte de l'Amérique, de l'imprimerie, révolte évangéliste etc.) et les acteurs de ces grands changements.

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Erasme

7 étoiles

Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 38 ans) - 6 août 2013

Zweig peint la vie d'Erasme et de la naissance de l'humanisme avec brio. Cependant, il ne fait pas l'éloge de cet homme qu'il décrit comme hypocondriaque, de nature fragile et pacifiste à l'extrême. Il lui reproche de ne pas s'être suffisamment impliqué lorsque Luther voulait réformer le catholicisme dans la violence. Erasme ripostait en écrivant des lettres au véhément allemand uniquement par des lettres pleines de bon sens, de paix et sans aucune acrimonie. Malheureusement, Luther était éloquent et par ses discours en public, il réussissait à convaincre le peuple par des mots simples à l'instar d'Erasme qui était trop intellectuel. Il pensait que la religion pouvait changer rien que par le biais du cercle des nobles instruits et cultivés. Luther avait bien compris qu'il fallait le peuple derrière lui pour changer les choses. Erasme était un peureux, il fuyait la peste par peur de la maladie tout comme la guerre lorsqu'il s'est réfugié à Bâle pour continuer à écrire et à lire dans un milieu sans hostilité entouré d'hommes raffinés comme lui. Erasme fut un grand homme, aux idées diplomates et prônant la non-violence mais pour Zweig c'était un homme trop passif. Les bonnes idées ne suffisent pas, il faut aussi agir pour qu'elles prennent tout leurs sens. Ce fut une lecture intéressante qui m'a permis de me cultiver.

L'esprit de modération

10 étoiles

Critique de Francois Sarindar (, Inscrit le 9 août 2011, 66 ans) - 15 juin 2013

Érasme, surtout connu, pour son Éloge de la folie, l'est peut-être moins comme acteur du grand débat qui accompagna le grand mouvement de la Reforme et qui fit se situer ce "grand sage" à mi-chemin d'une forme d'humanisme réformateur et du catholicisme avec lequel il ne voulut jamais tout à fait rompre bien qu'il vît la nécessité de l'adapter aux temps nouveaux et de le dépoussiérer en le débarrassant de tout ce qui l'avait s'écarter de l'essence du christianisme référencé et indexé à une Bonne Nouvelle transmise à travers une série de textes rassemblés dans ce que l'on nomme le Nouveau Testament, auquel il voulait que tous les Baptisés eussent accès, revendication qui le rapprochait des Protestants. A ces derniers, il reprochait toutefois d'aller trop loin en poussant jusqu'à l'extrême l'idée de rupture avec Rome. Il aurait pu être un trait d'union entre l'église catholique et Luther. Mais l'église ne lui faisait malheureusement pas assez confiance pour qu'il pût jouer ce rôle. On regrette que sa voix, qui était celle de l'homme du juste milieu, n'ait pas été plus écoutée.
C'est à cette belle figure de l'humanisme que Stefan Zweig consacre une sorte de biographie et d'analyse, avec la sensibilité, le sens de la tolérance et de l'universel qu'on lui connaît. Il a écrit là l'un de ses plus beaux portraits, et il en fera un autre de la même veine en évoquant le juste combat mené par Castellion contre Calvin. Et il est de qualité littéraire égale a l'ouvrage qu'il consacra à Marie Stuart, femme très attachante en dépit d'un destin tragique et d'une vie sentimentale assez désordonnée, ce qui la différencie totalement du très tempérant Erasme.
Zweig était finalement, comme Hermann Hesse, un homme qui savait fondre ensemble spiritualité et sensualité.
Son œuvre est attirante, et les biographies d'Erasme, de Castellion, de Marie Stuart qu'il a écrites sont certainement plus des portraits psychologiques que de vraies monographies. Ce faisant, il permet à un large public de s'intéresser à des personnages historiques que des biographes savantes analysent plus "scientifiquement".
Son écriture est savoureuse et il adopte un ton pédagogique qui rend les choses d'autant plus claires que l'auteur évite la pédanterie et se fait plutôt littérateur, mais sans prétention et pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. Ce livre mérite grandement sa place dans notre bibliothèque, d'autant que l'auteur y brosse le portrait des grands hommes qui ont fait la Réforme et qu'il met l'accent sur les points saillants de leur pensée qui caractérisent chacun d'entre eux. Ce n'est pas un ouvrage de référence, et pourtant il a quelque chose qui le rend incontournable.
François Sarindar

L'Humanisme, un message intemporel.

10 étoiles

Critique de Felicity11 (Bruxelles, Inscrite le 12 décembre 2007, 32 ans) - 29 octobre 2010

La beauté de ce texte vient du fait que Zweig a su en 180 pages nous peindre un personnage d'une grande tolérance, dans toute sa grandeur et son intelligence mais aussi dans sa fragilité et sa lâcheté. Ce livre à mi-chemin entre une biographie et un essai permet de découvrir les idées d'Erasme, l'homme qu'il fut et le combat qu'il a mené. C'est un aussi un appel à suivre l'enseignement de cet humaniste timide, se rappeler le message de conciliation qu'il a soutenu en des temps de violence et division, son abjection pour le fanatisme, et sa volonté d'être nuancé mais aussi, surtout, libre. Zweig nous invite à nous souvenir de son message, universel et intemporel, mais aussi à ne pas faire les mêmes erreurs que lui. L'écriture fluide mais aussi belle dans sa simplicité rend ce récit facilement accessible mais surtout, agréable à lire. C'est une missive pour les époques troublées envoyée par un Stefan Zweig désespéré face à la barbarie du monde.

L'Apôtre humaniste de l'Europe.

10 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 19 janvier 2010

C’est une très belle biographie mais c’est beaucoup plus que ça : Stefan Zweig nous expose quelle était la pensée d’Érasme, sa portée et ses limites.
Et puis il nous brosse un tableau du siècle d’Érasme qui est vraiment intéressant. Ce XVIème siècle marquait la fin des mille ans de certitude du Moyen-Âge.
On découvre des nouveaux mondes, les nouvelles lois de l’univers, une science nouvelle ; les certitudes de la religion sont remises en question et l’invention de l’imprimerie permet à tous de diffuser les idées nouvelles dans la chrétienté sans la censure du clergé.

C’est dans ce bouillonnement qu’apparaît Érasme et son Humanisme : une nouvelle conception de la théologie qui bouleverse toute les conceptions religieuses, établies une fois pour toutes par saint Paul et saint Augustin. Érasme est dans la lignée des Platon, Aristote et saint Thomas d’Aquin et sa pensée humaniste a influencé tous les philosophes qui l’ont suivi.

Le rayonnement d’Érasme à travers l’Europe est incroyable : il est le conseiller des Princes allemands, du Pape, de Charles-Quint, de François Ier, et d’Henry VIII... Il était l’ami de Thomas More ; c’est chez lui qu’il écrira son immortel « Éloge à la Folie » ; Rabelais et Montaigne comptent parmi ses plus fervents disciples...
Il dédie au Pape Léon X ses Commentaires sur la Bible, une oeuvre monumentale et révolutionnaire, qui lui vaudra les plus grands éloges de ce pape conquis à la théologie d’Érasme.

« Érasme est la lumière du monde ».
Il est l’incarnation de la nouvelle Europe sous la bannière de l’Humanisme.

Il s’oppose aux excès des Savonarole, des Machiavel et… de Luther.
Mais l’auteur nous démontre à quel point son non-engagement a ses limites : son seul avis, tant demandé par Charles-Quint, aurait pu empêcher la Réforme. Mais Érasme entendait rester neutre et tenait à sa liberté, il ne s’est jamais prononcé officiellement contre Luther et pourtant sa condamnation de sa doctrine était sans équivoque.

« Il y a des circonstances dans la vie, nous dit l’auteur, où rester neutre devient un crime ».

Stefan Zweig possède la toute belle écriture quoiqu’il ait tendance à la redondance. Comme si la crainte d’être mal compris l’obligeait à répéter une idée sous plusieurs formes avant qu’elle ne soit parfaitement définie.
Je me souviens qu’autrefois, quand j’étais à l’âge où tout doit aller vite, cette écriture m’avait passablement énervé ; alors qu’aujourd’hui, où le temps m’est donné d’apprécier les belles choses, c’est un style dont je me suis littéralement régalé tellement il est parfait dans sa forme classique.

Une biographie très instructive, facile à lire et à mettre dans toutes les mains.

L'incarnation de l'Humanisme

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 31 décembre 2006

Ce prénom, ce visage incarnent l'Humanisme. Erasme de Rotterdam défend l'idée d'une Eglise plus ouverte, d'une coopération entre Nations, autant dire la naissance de la diplomatie et de l'idée d'Europe unie ; aussi s'oppose-t-il à tous les conservatismes, tous les fanatismes, ce qui le placera le principal de sa vie durant face à Luther.
C'est leur combat qui est un peu le nerf de cette vie.

Stefan Zweig nous montre encore ses talents de conteur et retrace dans une biographie les turpitudes politiques et religieuses de la Renaissance. Le sujet reste un tantinet austère, mais quelle profondeur ! J'ai pu découvrir plus en détail les grandes lignes que j'en connaissais, outre les portraits par Hans Holbein, que l'auteur évoque d'ailleurs.

Voilà un beau document à méditer, notamment pour les aspirants à de hautes fonctions politiques.

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