Le féminisme au masculin de Benoîte Groult
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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Oui, il y a eu quelques hommes féministes
Benoîte Groult nous fait l'histoire du féminisme de l'Antiquité à nos jours. Mais pas comme une historiennes sévère, non, comme la superbe polémiste qu'elle est aussi. Bien sûr, elle constate au passage que toutes les religions ont été et sont toujours misogynes. Puis elle nous fait connaître les premières traces de féminisme chez des auteurs masculins qui sont resté célèbres, la plupart du temps, pour bien autre chose. Il y a des noms très connus : Saint-Simon, Condorcet, Fourier, Stuart Mill... Et d'autres moins : Poulain de la Barre, Enfantin...
Victor Hugo : « Dans notre civilisation, il est douloureux de le dire, il y a une esclave (...), c'est la femme (...). Elle ne possède pas, elle n'este pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas. Il y a des citoyens, il n'y a pas de citoyennes. C'est là un état violent : il faut qu'il cesse ».
Poulain de la Barre, en 1673 : « Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la force du corps qui doit distinguer les hommes, autrement, les bêtes auraient l'avantage par-dessus eux ! ».
Impossible bien sûr de tout citer tant ce livre est une mine d'informations sur la situation des femmes dans l'histoire.
On a aussi droit à des prises de position contraires. Proudhon par exemple (contre-exemple à la règle générale qui veut que les personnages les plus progressistes soient aussi les plus féministes) : « Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon ».
De tous ces hommes féministes, l'auteure met en exergue Charles Fourier qui condamnait la « trinité abjecte : la famille, la patrie, la religion ».
Et elle nous rappelle des épisodes particulièrement frappants. En plein XIXe siècle, un certain un Sylvain Maréchal proposa un « Projet de loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes ».
Plus près de nous, Benoîte Groult rappelle qu'en 1917-1918, Lénine promulguait deux décrets qui abolissaient toutes les prérogatives des pères et des maris sur les membres de leur famille et donnaient aux femmes le droit à l'autodétermination économique, sociale et sexuelle. Libéralisation du mariage, droit au divorce gratuit, avortement sur demande, droit pour les femmes de choisir leur domicile, de garder leur nom de naissance et leur citoyenneté, d'accéder à toutes les écoles et à toutes les professions, création de crèches, système collectif d'entretien ménager, tout avait été prévu et de nombreuses lois furent votées en ce sens. On pense au programme de Fourrier, qui avait d'ailleurs connu un certain succès en Russie.
Mais à cette première phase allait succéder une restauration progressive et implacable de la morale et des rôles féminins traditionnels. Les idées radicales des féministes comme Alexandra Kollontaï furent officiellement condamnées.
En 1936, Staline interdisait l'avortement aux primipares, avant de l'abolir entièrement en 1944. De même, la loi tsariste punissant de prison l'homosexualité, abrogée en 1918, fut rétablie en 1934. Les lois autorisant le mariage libre furent révoquées, le divorce rendu difficile, coûteux et moralement condamnable. Une idéologie misogyne se rétablit progressivement.
Aujourd'hui, le féminisme n'est plus le fait des hommes, même si certains d'entre-eux (et j'en suis!) y adhèrent à 100%.
Les éditions
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Le féminisme au masculin
de Groult, Benoîte
Denoël/Gonthier / Femme
ISBN : SANS000049250 ; 01/01/1977 ; 195 p. -
Le féminisme au masculin [Texte imprimé] Benoîte Groult
de Groult, Benoîte
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253161691 ; 7,70 € ; 02/11/2011 ; 224 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (1)
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Des penseurs féministes au masculin
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 8 octobre 2021
Ce livre fait le point sur l'évolution des hommes dans les siècles passés et rend justice en faveur de ceux qui ont pu faire avancer l'évolution des idées, ce qui relève autant de l'élégance que de l'utile.