La géopolitique à la croisée des destins

L’effarante multiplication des foyers explosifs est datée par Nicolas Baverez de l’année charnière 1979. En pleine Guerre Froide cette année-là marque le retour d’une mondialisation déjà amorcée avant 1914. Simultanément se sont produits un changement de la politique monétaire américaine, la libéralisation anti-keynésienne de Margaret Thatcher, la présence rassurante et déterminée du pape polonais Jean-Paul II, l’erreur soviétique d’envahir l’Afghanistan, la révolution théocratique iranienne, la modernisation en Chine lancée par Deng Xiaoping.
Des mutations géopolitiques sont apparues dès la fin du monde bipolaire que peu d’observateurs ont perçues. Dans les démocraties, les dirigeants politiques ont été fascinés par les fortes croissances des pays émergents avant les désastres des bulles spéculatives, endormis par le bouclier de la dissuasion nucléaire. Passéistes, passifs et aveugles à la fois, ils ont été à peine capables d’encaisser les crises successives, pensant qu’il suffirait d’attendre pour que tout redevienne « comme avant ». Leur démagogie a fait le lit d’un national-populisme qui s’exprime ouvertement.
Ces mutations ce sont entre autres la porosité des frontières, la perte de souveraineté des Etats, ici les visées néo-impérialistes de certaines puissances régionales, ailleurs les velléités à faire sécession de régions plus ou moins autonomes, la déstabilisation occasionnée par les déplacements massifs de populations, l’impuissance des démocraties à garantir la sécurité, à préserver la liberté, à se protéger de l’infiltration des réseaux mafieux en tous genres ou des attaques d’un terrorisme inhumain transfrontière. Elles en percutent d’autres qui donnent une impression de chaos général.
Les promesses de l’économie numérique prennent des allures de Big Brother. Le modèle social européen hérité de l’Etat-Providence devient insoutenable en raison du vieillissement de la population, les dysfonctionnements s’enchaînent parallèlement aux déficits des comptes publics. Aussi peu prévisibles que les catastrophes naturelles, les ruptures sont une constante de l’Histoire. Rester les bras croisés, attendre des jours meilleurs, s’en remettre trop facilement à des décisions « d’en haut », rien de tout ça n’est la solution. C’est à chacun d’articuler un individualisme érigé en valeur absolue, avec le bien commun propre à toute collectivité. Les atouts, les perspectives pour s’en sortir sont là à condition d’avoir retenu les leçons du siècle passé qui aura été le plus meurtrier de l’Histoire. Certains Etats courageux y sont parvenus pour le meilleur, les autres peuvent se préparer au pire.
Dans un style condensé et incisif Nicolas Baverez certes n’est pas le premier à enfoncer le clou. Pour autant son panorama très complet de l’état de la planète mérite d’être lu et donne une idée d’ensemble claire de ces sujets traités trop partiellement par les médias.

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  Danser sur un volcan [Texte imprimé], espoirs et risques du XXIe siècle Nicolas Baverez

  de Baverez, Nicolas
  Albin Michel
  ISBN : 9782226323767 ; 18,00 € ; 02/03/2016 ; 247 p. ; Broché

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