Hippie Hippie Shake de Richard Neville

Hippie Hippie Shake de Richard Neville
(Hippie hippie shake)

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par AmauryWatremez, le 2 mai 2016 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans)
La note : 8 étoiles
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Playpower, sexe, drogue et rock and roll

Les années 60 et 70 n'étaient pas parfaites, bien loin de là, mais flottait durant ces deux décennies un parfum de liberté dont les effluves se sont dissipées depuis longtemps malheureusement. Le livre de Richard Neville le raconte très bien et avec style. Les hippies, les « yippies » et autres « mods », avaient beau être parfois brouillons dans leur recherche existentiel, souvent outrancier, ils avaient en eux quelque chose de plus que les tristes citoyens consommateurs de 2016 uniquement préoccupés d'acheter le dernier modèle de gadget électronique à la mode, de rentrer le plus possible dans le rang selon des critères de vie inspirés par l'esprit le plus petit bourgeois, le plus étriqué qui soit.

Dans ce livre, Richard Neville raconte l'histoire véridique et picaresque de « Oz », revue provocatrice commençant à paraître en 67 en Australie, et de tous les mouvements politiques et groupuscules divers de ces années là. Il n'en fait pas une « Légende Dorée » avec ses saints et ses méchants, il n'en montre pas non plus exclusivement le côté obscur. Comme toute histoire humaine, l'histoire de « Oz », de la contre-culture, est complexe, ne penche ni du côté noir ni du côté blanc, on ne distinguerait plutôt qu'une infinité de nuances de gris. Neville lui-même ne s'épargne pas, il raconte par exemple la jalousie qu'il ressent envers des hommes courtisant sa petite amie alors qu'il pose souvent en apôtre de « l'amour libre ».

En lui-même, le récit de la conception de « Oz » puis de sa mise en circulation scandaleuse pour enfin rentrer « dans le rang » à la fin des années 70 est passionnant. On rit beaucoup quand Neville narre par le menu les soirées de bouclage souvent enfumées (par le cannabis), parfois psychédéliques (gràce à l'ingestion de petites pilules orangées). Dans « Oz » l'on parlait de J.G. Ballard, de cuisine, de sexe, de religions, de drogue, de jeunesse, des « situationnistes » en France, de « Mai 68 » et de l'été de l'Amour. On le suit dans son parcours de Melbourne et la très puritaine Australie à Londres et l'Angleterre lui qui était un genre de Rastignac « Flower Power », participant rapidement aux émissions en particulier de David Frost, à « Top of the Pops » ce qui donnera lieu à quelques débats houleux avec l'un ou l'autre vieux barbon qui ne comprend rien à ce qui se passe, entretenant finalement le spectacle de par leur indignation outrée.

Bien sûr il y a quelques « freaks » chevelus et crasseux, quelques hippies ressemblant traits pour traits aux personnages du « comic » underground de Gilbert Shelton, les « fabulous freaks brothers », d'incorrigibles parasites et autres squatteurs drogués jusqu'au yeux vivant chez l'un ou l'autre au gré de leurs humeurs tel Lee Heather que Neville fera poser en rédacteur en chef de « Oz » vu selon la caricature que les conservateurs faisaient des « hippies ». Neville appréciait les canulars à la Emmet Grogan afin de permettre de temps en temps à tous les mouvements émergents ces années là d'avoir le nez sur leurs contradictions. Il ne goûte guère voit raille les discours politiquement dogmatiques, les révolutionnaires de salon qui vont voir des films imbittables dans des salles d'art et d'essai dont le prix du billet d'entrée est inaccessible aux plus pauvres.

Ainsi que dans tout bon film hollywoodien se respectant, et sans doute afin de tenir au bout du compte les règles du « storytelling », l'histoire de Neville et de sa bande d'allumés pas si fous que ça, parfois opportunistes et sachant habilement fort bien capter et flatter l'air du temps, se finit bien, par la rédemption tardive du héros dorénavant en photo dans « Vogue » et présent dans toutes les soirées les plus huppées après sa chute et le cauchemar des cures de « désintox » à répétition.

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Les éditions

  • Hippie hippie shake [Texte imprimé], rock, drogues, sexe, utopies, voyage dans le monde merveilleux des sixties Richard Neville traduit de l'anglais par Nicolas Guichard
    de Neville, Richard Guichard, Nicolas (Traducteur)
    Payot & Rivages / Rivages rouge
    ISBN : 9782743624682 ; 11,00 € ; 06/03/2013 ; 550 p. ; Poche
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