Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov

Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov
( Zapisʹki ûnogo vrača)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Saule, le 3 mars 2004 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (579ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 10 324  (depuis Novembre 2007)

Des récits humains et émouvants

Boulgakov, bien connu sur ce site, était médecin avant de se consacrer à la littérature.

Ces courts récits autobiographiques relatent ses premières années de médecine, alors que fraîchement émoulu de l'université il se rend à sa première affectation, un petit hôpital perdu dans la campagne russe. Il s'initie à l'exercice de la médecine dans des conditions particulièrement difficiles : il est le seul médecin de la région, ne dispose que d'un équipement sommaire, il est totalement laissé à lui-même.

Mêlant humour et intensité dramatique, l'auteur nous touche profondément avec ces court récits terriblement humains. Il nous raconte l'angoisse du début, les opérations difficiles pendant lesquelles il s'absente discrètement pour chercher dans ses bouquins, les accouchements difficiles, les patients superstitieux, la lutte contre l'ignorance et la syphilis (ça va de pair). Et bien sûr en Russie il y a l'omniprésent hiver russe, avec ses tempêtes de neige et même des loups.

On le sait Boulgakov excelle également dans le domaine du fantastique (voir "Le Maître et Marguerite") mais ici il reste dans la veine réaliste. On lit avec bonheur ces petits récits terriblement humains et émouvants. Notons que ce recueil contient également la nouvelle Morphine critiquée par Kinbote.

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Incontournable

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 mai 2017

Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov
( Zapisʹki ûnogo vrača)
Publié aussi sous le titre "Carnets d'un jeune médecin"
1964 pour la version francophone - traduit du russe 1925 (date à vérifier)


Un jeune médecin réserviste mis à la disposition du gouvernement de Smolensk débarque à vingt-quatre ans dans un coin perdu dont il va diriger l’hôpital.

Un incontournable de Boulgakov.

Chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Anton1961 (, Inscrit le 30 décembre 2016, 63 ans) - 30 décembre 2016

Depuis près de 30 ans , le jeune médecin de Smolensk, " mon frère", m'accompagne. Ses doutes, ses joies, ses angoisses, sa fatigue et son découragement parfois, son sentiment d'imposture chevillé au corps, mais aussi et surtout cette formidable conscience d'être utile qui donne un sens à tout ce chaos d'incertitudes.. Il fait partie des livres qui ne sont même pas sur la table de chevet mais sous l'oreiller.

De la théorie à la pratique

10 étoiles

Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 23 janvier 2016

Ces récits, entre fiction et autobiographie, s'inspirent de l'expérience de Boulgakov qui a été médecin de campagne pendant la Révolution russe.

Après avoir voyagé dans des conditions épouvantables, le narrateur prend ses fonctions dans un hôpital de campagne dont il doit assumer seul la responsabilité. Sur place il découvre un équipement médical des plus sommaires et un personnel, certes de bonne volonté, mais peu qualifié. A peine diplômé de la faculté de médecine, le jeune homme est confronté à des cas très durs, parfois désespérés, comme l'amputation d'une fille de ferme, un accouchement qui se présente mal et une épidémie de syphilis. A l'isolement extrême et à la misère matérielle s'ajoute l'obscurantisme des paysans qui vient compliquer singulièrement la tâche du jeune médecin. Entre surmenage et solitude, le narrateur apparaît comme un véritable missionnaire de la cause médicale, auquel même les bains sont refusés! Et voilà comment en quelques mois, l'étudiant policé se transforme en praticien hirsute capable d'opérer dans une cuisine et de braver la tempête de neige pour faire sa tournée. Mais son dévouement est récompensé par quelques guérisons quasi miraculeuses et par un incroyable gain d'expérience.

Malgré les réalités crues décrites par moment dans ces récits, le narrateur ne se départit pas d'un certain humour. On suivra avec sympathie ses aventures au parfum authentique.

Obligatoire pour les étudiants en médecine!

10 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 31 octobre 2013

J'aurais un gros reproche à faire à ce livre, il est beaucoup trop court. Et mon édition ne comportait pas la nouvelle ( autobiographique elle-aussi) intitulée Morphine, lue depuis.

Ce sont donc six récits inspirés du séjour qu'a fait lui même Mikhaïl Boulgakov dans un hôpital civil de la province de Smolensk , où il avait été affecté en 1916. Situation un peu extrême du fait de l'isolement géographique et des conditions climatiques pour un jeune médecin fraichement diplômé mais sans aucune expérience pratique. Comme tous, donc.
A partir de cas cliniques rencontrés , Boulgakov construit des récits d'un réalisme parfait, on s'y croirait..

Et surtout, parvient à transmettre ( peut être que cela parlera plus à certains qui ont déjà fait ce genre d'expériences d'une angoisse infinie, où on se sent tellement nuls)la différence entre savoir théorique et confrontation à des situations concrètes.

Avec, dans la progression de ces récits, un cheminement qui est finalement toujours le même, la peur et l'obligation de l'affronter sous le regard de ceux qui vous prennent pour quelqu'un qui, du fait de ses pseudo-compétences , va dominer le problème ( et de là, l'intelligence de comprendre, il l'explique très bien, que finalement, les diplômes ça ne sert pas à grand chose, et qu'il faut absolument accepter l'aide de ceux qui n'ont pas le bout de papier, mais qui ont l'expérience), puis la réussite une fois, quelquefois par le plus grand des hasards.Et après ,une reprise de confiance en soi qui se termine toujours par une surestimation, et là, l'échec ( il n'y en a pas beaucoup, d'échecs vraiment graves dans ces récits, c'est dommage) , le retour sur terre et la nécessité de redémarrer.


La lecture de ces récits devrait être rendue obligatoire à tous les étudiants en médecine, ils sont très fins, très bien écrits bien sûr et même si l'on n'est plus dans la Russie de 1916, cela n'a aucune importance, la leçon donnée , l'expérience racontée n'ont ni âge ni lieu.

Médecin de campagne

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 8 mai 2013

Ecrit en 1919, « Récits d’un jeune médecin » comporte sept récits inspirés par l’expérience que Boulgakov retira de son séjour dans un petit hôpital de campagne en 1916 et 1917. Le recueil est complété par deux autres récits : « Morphine », journal d'un médecin luttant désespérément contre sa morphinomanie et « Les aventures singulières d’un docteur » notes d’un autre médecin embarqué dans le conflit entre les Cosaques et les Tchétchènes qui ne le concerne en rien.

A l’automne 1917, un tout jeune médecin frais émoulu de la faculté est nommé dans un village perdu de la campagne russe. « J’étais tout juste un médecin de vingt-quatre ans, diplômé depuis deux mois, qu’on avait nommé directeur de l’hôpital de Nikolskoïé. ». Il doute très fort de ses capacités, jusqu’à croire à l’imposture, mais doit faire rapidement face à des interventions lourdes : amputation, accouchement périlleux, …, au cours desquelles il fait preuve d’une parfaite maîtrise et d’une grande habileté. Sa réussite lui confère rapidement une certaine notoriété et même une réputation assez flatteuse qui l’incline à passer du doute à la confiance en soi et même à la certitude mais la réalité le rappelle vite à plus de modestie. « Non jamais plus, même en m’endormant, je ne marmonnerai fièrement que rien ne saurait plus m’étonner… En d’autres termes, il convient d’étudier humblement. » Il essaie ainsi de convaincre le lecteur que la nécessité fait loi et que c’est « en forgeant qu’on devient forgeron » même en Russie.

« Morphine » pourrait s’insérer sans problème dans les récits précédents, il se présente sous la forme du journal du successeur du jeune médecin, à l’hôpital de Grielovo, qui s’est adonné déraisonnablement à la morphine jusqu’à en perdre la raison. Un beau texte, moderne dans la forme (pages arrachées, morceaux de phrases, abréviations,…), qui plonge le lecteur au plus profond de la lutte entre l’homme et la drogue. Boulgakov a écrit ce texte au sortir d’une brève expérience avec cette substance.

« Les aventures singulières d’un docteur » sont rédigées sous la forme de notes laissées par un médecin pris dans une révolution à laquelle il ne comprend rien. « Je publie… ces notes incohérentes tirées du carnet du docteur, sans aucune modification, sinon celle de les avoir divisées en chapitres et rebaptisées ».

Ces récits, en partie autobiographiques, écrits juste avant que Boulgakov abandonne définitivement la médecine pour se consacrer à l’écriture - « Par moment je regrette de n’être pas écrivain. Mais, au reste, qui me croirait ! Je suis persuadé que si un jour ces notes tombent aux mains de quelqu’un, on pensera que j’ai inventé tout cela.» - montre bien que l’auteur est sur le point de basculer, d’abandonner la médecine pour les lettres. Et, si nous ne connaissons pas son talent dans la science d’Hippocrate, nous savons qu’il a fait un choix avisé. La maîtrise avec laquelle il décrit la vie du jeune médecin qui doit composer avec les moyens du bord pour accomplir des miracles dans une campagne perdue où la neige tombe à profusion et où les loups agressent encore les voyageurs égarés dans la tempête, en sont une première preuve. Il a l’art de transformer une description en une épopée ou un exploit, l’art de magnifier les faits, de les transcender.

Quand la vie ne tient qu'à un fil...

9 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 13 décembre 2012

Derrière de charmants titres tels que « La serviette brochée d’un coq », ou encore « L’éruption étoilée » se jouent des moments tragiques, parfois dramatiques auxquels un jeune médecin, Bomgard, novice et peu habitué à la campagne reculée doit faire face, dans l’urgence angoissante qui précède une trachéotomie ou encore un accouchement avec position transversale du bébé.
Chaque nouvelle relate un de ces épisodes, dans un réalisme tellement saisissant qu’il confère par moments une petite touche quasi fantastique au texte.
Les références médicales sont nombreuses et instructives, qu’il s’agisse du grand gynécologue Dördelein , de la seringue de Luer ou encore de l’état de la recherche concernant la syphilis.
Par la puissance du texte, le lecteur peut véritablement appréhender la dure réalité à laquelle est confrontée un jeune médecin de campagne sur fond de révolution russe.

S’ensuivent « Morphine », et la dérive du Docteur Poliakov qui sombre dans la folie, l’hallucination, la dépression et qui écrit au Docteur Bomgard, puis « Les aventures singulières d’un docteur », court texte assez haché –il y a des coupures dans ce qui constitue un journal intime- qui aborde plus directement la pratique de la médecine en tant de guerre.
Les dernières lignes en sont d’ailleurs : « Maudites soient les guerres, aujourd’hui et dans les siècles des siècles ! »

Court et poignant

8 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 30 novembre 2008

Je n’ai pas accroché à Morphine, le courant ne passe pas. Dans la note du traducteur il est question de lecture au second degré et dimension métaphorique. Hé bien, j’ai raté le second degré. En revanche les Récits d’un jeune médecin sont parfaits. Tout y est : la tension, le contexte, l’humilité du narrateur. Cent pages d’une grande intensité.

Russie profonde

8 étoiles

Critique de Drclic (Paris, Inscrit le 13 mars 2004, 48 ans) - 13 septembre 2004

Vision de la campagne russe à travers les yeux d'un médecin. Personnages attachants, soumis, passifs, drôles.

Certains passage sont dignes de romans burlesques ou d'aventures.

Plaisant.

Apprécié

8 étoiles

Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 22 mai 2004

Drôles de mémoires. On est bien loin de Marguerite !
Profondément humain. Quand à Morphine... Tout est déjà dans le titre...

Comment as-tu fait ?

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 mars 2004

Cela fait un temps fou que je crevais d'envie de faire cette critique mais mon édition de 1994 n'a pas l'ombre d'un numéro ISBN ! Cela m'a donc empêché de la faire. Tu te souviendras d'ailleurs que j'ai souvent parlé de ce livre dans des critiques éclairs que j'ai faites sur des bouquins de Boulgakov !

J'ai vraiment adoré ce livre !

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  je voulais juste dire merci 5 Chat pitre 22 avril 2004 @ 09:30

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