La grande fracture de Joseph Eugene Stiglitz
(The great divide : unequal societies and what we can do about them)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Ploutocratie à la manœuvre, démocratie confisquée
Ses idées sont connues, ses travaux lui ayant valu le Nobel de l’économie, puis la charge de présider le Comité des conseillers économiques de l’Administration Clinton. Joseph Stiglitz rassemble ici une cinquantaine d’articles publiés entre 2008 et 2014 à la suite de la crise des subprimes, de ses conséquences qui n’ont pas fini de se faire sentir, crise qu’il était parmi les rares experts à avoir anticipée et qu’il continue à dénoncer. Il fustige une politique de détournement délibéré de la richesse en œuvre depuis les années 80’s, détournement fortement aggravé par cette crise et la récession qui lui succède. Le revenu médian américain est inférieur à son niveau d’il y a 25 ans. Quand les inégalités se creusent au seul profit du 1% le plus riche, on assiste ni plus ni moins à une forme de siphonnage de la richesse sans redistribution. C’est comme un socialisme à l’envers favorisé par le politique, par l’encouragement aux rentes (financières, de monopoles ou de situation) et par toutes les pratiques d’optimisation fiscale.
Le pouvoir politique s’est effacé devant le celui de l’argent, la justice lui emboite le pas sans état d’âme, la confiance dans les institutions s’effrite. Derrière l’idée de la main invisible, autrement dit d’une autorégulation naturelle du marché les conservateurs anglo-saxons ont obtenu le laissez-faire. C’est selon l’auteur, une utopie de croire que la financiarisation de l’économie créerait plus de richesse. En fait elle ralentit la croissance. En creusant des inégalités de revenus, elle réduit l’assiette et les recettes fiscales, d’où assèchement des investissements productifs dans les infrastructures, dans la santé, dans l’éducation, dans la technologie, dans la recherche. En fin de compte elle rabote l’égalité des chances, réduit l’égalité des droits, crée des trappes de pauvreté qui se transmettent à la génération suivante et dissout en quelque sorte le rêve américain.
Joseph Stiglitz met en perspective ses articles en y intercalant des réflexions personnelles. Il y fait un retour sur son enfance, sur les motivations qui l’ont conduit à préférer la science économique à la physique théorique qui le tentait de prime abord. Il rend un hommage appuyé au best-seller de Thomas Piketty, « Le capitalisme au XXIe siècle » pour la qualité des données collectées qui ont permis de mettre en lumière l’exception des Trente Glorieuses dans l’histoire de la croissance économique sur plus d’un siècle. La dernière partie offre un aperçu de la situation d’autres pays axés sur des politiques plus égalitaires. Rien ne prouve que son message inlassablement répété dans cette suite d’articles et dans ses autres ouvrages soit pris en compte avant qu’il ne soit trop tard.
Les éditions
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La grande fracture [Texte imprimé], les sociétés inégalitaires et ce que nous pouvons faire pour les changer Joseph E. Stiglitz traduit de l'américain par Françoise, Lise et Paul Chemla
de Stiglitz, Joseph Eugene Chemla, Paul (Traducteur) Chemla, Françoise (Traducteur) Chemla, Lise (Traducteur)
les Liens qui libèrent
ISBN : 9791020903181 ; 25,00 € ; 02/09/2015 ; 300 p. ; Broché
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