Endiablade ou comment des jumeaux causèrent la mort d'un chef de bureau de Mikhaïl Boulgakov
( Dʹâvoliada)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Diable !
Diable ! Que d’aventures et mésaventures le pauvre Korotkov, chef de bureau à l’institut national de fabrication des allumettes, va-t-il subir pendant trois jours complètement déments. Cependant ne comptez pas sur moi pour vous les raconter, j’en suis incapable. J’ai bien lu ce petit livre deux fois d’affilée, rien n’y fait : j’y ai perdu mon latin. Stupéfiant !
Cette nouvelle surréaliste et géniale est une critique acerbe de la bureaucratie et de l’administration dans l'ex union soviétique dans ce qu'elle a de plus démoniaque. On y trouve des directeurs de bureau omnipotents qui disparaissent dans une odeur de soufre, se dédoublent et qui se transforment en chat. Les employés sont parfois payés en allumettes (mais qui ne marchent pas) ou en vin de messe. Perdre ses papiers a des conséquences insoupçonnables (la première chose qu’on vous demande quand vous trouvez enfin le bureau où signaler la perte … vos papiers ! ).
C'est truculent et formidablement drôle. On pourra penser par moment que l’auteur abuse un peu des diableries, car en effet on s’enfonce crescendo dans le surréel, mais d’un autre côté c’est souvent l’excès qui cause la stupéfaction et ensuite le rire salutaire. Un petit aperçu, alors que le brave Korotkov aux prises avec l’administration centrale est prêt à sombrer dans la folie :
" « Il est dit dans le treizième commandement : Tu n’entreras pas chez ton prochain sans être annoncé », mâchonna le vieux en lustrine avant de s’élever dans les airs en agitant les pans de sa pèlerine. […] Il tira de sa large manche noire une liasse de feuilles blanches qui s’envolèrent de tout les côtés et allèrent se poser sur les tables comme des mouettes sur les rochers du rivage. Un brouillard flottant emplit le bureau et les fenêtres se mirent à vaciller. « Camarade le blond ! » pleura Korotkov à bout de forces, « fusille-moi sur place, mais délivre-moi un papier, n’importe lequel. Je te baiserai la main. ». Le blond se mit à enfler et à grandir dans le brouillard, ce qui ne l’empêchait pas de signer à tour des bras les feuilles du vieillard sans s’arrêter une minute et de les jeter au secrétaire que les attrapait au vol avec des gargouillements de joie ».".
Les éditions
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Endiablade ou Comment des jumeaux causèrent la mort d'un chef de bureau [Texte imprimé] Mikhaïl Boulgakov trad. du russe par Françoise Flamant
de Boulgakov, Mikhaïl Marrou-Flamant, Françoise (Traducteur)
Gallimard / Folio. 2 euros
ISBN : 9782070312818 ; 2,00 € ; 01/01/2004 ; 112 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (7)
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Course-poursuite
Critique de Perlimplim (Paris, Inscrit le 20 mars 2011, 48 ans) - 7 juin 2011
Hallucinant...
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Un auteur à découvrir ...
Un récit fou, fou, fou !
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 14 avril 2004
Dès l’instant où un employé, en l'occurrence le camarade Korotkov, l’infortuné chef de bureau du dépôt d’allumettes ( tous ses malheurs proviennent du fait qu’il s’est brûlé l’oeil avec une des allumettes reçues en guise de paiement), se met à voir son nouveau chef se dédoubler mais aussi occuper diverses fonctions au sein de la jeune (on est en 1921) mais déjà tentaculaire administration soviétique, il n’est plus maître de sa raison .
C’est aussi le signe que l’organisation est marquée de dérèglement. On pense évidemment à ces dirigeants politiques ou autres qui, une fois désavoués, réapparaissent bientôt à d’autres échelons du pouvoir - les têtes coupées (dont ce récit à la fin pullule) en un endroit resurgissent ailleurs -, et dont il semble impossible de se défaire dès lors qu’une masse de votes s’est un instant portée sur eux.
Au cours de la course finale fatale, Korotkov lit ou entend des slogans de cette sorte : « Nous prendrons note de la façon dont vous massacrez les travailleurs » ou « On attaque les gars des corporations , camarades... ».
Autre perversité de ces régimes supposés fondés sur des causes justes, humanitaires, dès lors qu’on les remet en cause ou qu’on pointe un dysfonctionnement, on est culpabilisé et accusé d’atteindre à la solidarité du groupe ou à l’esprit présidant à la cohésion sociale. Mais ces manoeuvres ne sont pas le seul fait des régimes dits socialistes. Elles sont intemporelles et universelles. Et c’est le génie de Boulgakov de les avoir aussi bien mises en lumière.
Rarement aussi un récit aura si bien porté son titre.
un violon sur le toit et une araignée dans le plafond...
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 29 février 2004
Devant la magnifique critique de Saule, car, diable, il n’est pas facile de résumer un livre pareil, je ne puis que m’incliner bien bas et me joindre à lui ainsi qu’aux autres heureux ayant eu la chance de parcourir ces lignes endiablées et chanter haut et fort la louange de Boulgakov.
Deux euros pour une heure de lecture, et de la bonne, de la vraie, de la qualité… quoi, vous êtes encore ici ! Allez zou, filez à la librairie la plus proche sapristi…
Casse-tête russe
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 28 février 2004
Collection à deux sous !
Critique de Merlin (Bruxelles, Inscrit le 25 février 2004, 60 ans) - 25 février 2004
Aux fous !
Critique de Folfaerie (, Inscrite le 4 novembre 2002, 55 ans) - 17 février 2004
Saule continue donc son incursion dans la littérature russe ;-) et bien ne t'arrêtes pas, grâce à tes critiques, ma liste s'allonge, s'allonge...
Forums: Endiablade ou comment des jumeaux causèrent la mort d'un chef de bureau
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Belle critique de Saule | 12 | Dirlandaise | 9 novembre 2008 @ 12:15 | |
différentes traductions pour différentes éditions | 1 | Folfaerie | 2 mars 2004 @ 13:54 |