Les vestiaires de Timothé Le Boucher

Les vestiaires de Timothé Le Boucher

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Pucksimberg, le 7 novembre 2015 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 297ème position).
Visites : 4 117 

Le quotidien d'adolescents dans les vestiaires.

Cette bande dessinée est une sorte de huis-clos dans des vestiaires d'adolescents, lieu qui devient le théâtre de la construction de son identité. Il y a la scènes d'humiliation, les plaisanteries graveleuses, les tentatives pour observer les filles du vestiaire voisin, des interrogations sur son corps et sur le corps des autres ... Le lecteur suit la vie de ces lycéens uniquement durant ces moments dans les vestiaires sur plusieurs semaines. Avec pudeur, Timothé le Boucher se penche sur ces jeunes à un âge délicat où l'on se construit en se confrontant à l'autre, période délicate, inconfortable pour le garçon rond, plus facile pour celui qui fanfaronne au physique plus svelte. Mais les choses ne sont pas si simples et derrière certaines démonstrations de confiance se cache une faille.

Timothé Le Boucher est vraiment un artiste à suivre. Il était bluffant avec son roman graphique " Skin party" qui brusquait le lecteur. Ici, avec pudeur, justesse et surprise, il nous rappelle ce qu'est l'adolescence et combien certains lieux dans lesquels on ne s'éternisait pas ont eu un impact important dans ce qui nous a constitués.

Les visages sont expressifs, même si certains sont moins travaillés que ceux de "Skins party". Il y a un vrai travail visuel qui est fait comme dans ces pages où l'on observe les cours de sport à travers du verre fumé, de l'intérieur du vestiaire. Les scènes sont toutes très fortes et marquantes. L'adolescent peut être parfois très cruel et très lâche. Il y a une certaine violence inhérente à cet âge, souvent incontrôlée. La fin clôt cette bande dessinée comme il se doit sur la même tonalité et permet de mesurer la force de cet auteur jeune et très talentueux. Dans sa manière même de narrer, il n'y a pas de lourdeurs. Il y a des non-dits, certaines scènes qui ne sont pas totalement explicitées et qui demandent au lecteur de donner du sens. Un artiste à suivre !

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Ces blessures qui restent

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 4 juillet 2020

Révélé en 2017 avec « Ces jours qui disparaissent », Timothé Le Boucher avait produit, trois ans avant, ce huis-clos mettant en scène de jeunes mâles ados dans un vestiaire. La Boîte à Bulles nous propose aujourd’hui de redécouvrir l’ouvrage sous une nouvelle présentation (nouvelle couverture, nouveau titre : "Dans les vestiaires"). Et c’est une bonne idée car celui-ci est tout à fait digne d’intérêt.

Cette histoire, qui ne montre les filles qu’à travers la grille de ventilation permettant aux garçons de se rincer l’œil depuis leurs vestiaires, fera remonter des souvenirs plus ou moins agréables à quiconque appartenant à la gent masculine. Ce lieu particulier, théâtre cruel du passage par la puberté, concentre toutes les rivalités entre ces adultes en devenir, autorisant l’« âge bête » à trouver sa pleine expression. Sans la tutelle des adultes, c’est une microsociété livrée à elle-même qui s’épanouit (on pense un peu à « Sa Majesté des mouches »), avec ses propres codes et ses propres classes sociales, où chacun sera jugé dans sa nudité et sa façon de l’exposer. C’est également l’endroit où la personnalité se révèle, où l’on doit faire des alliances judicieuses pour survivre, où il vaut mieux être beau gosse et populaire que « boloss » et souffre-douleur de la meute (mais la jalousie existe aussi, et parfois, il arrive qu’une star du lycée un peu arrogante descende brutalement au rang de paria). Bref, le vestiaire est une jungle où abondent bizutages en tous genres, plaisanteries et jeux stupides, d’où est exclue toute empathie, en toute inconscience, jusqu’au jour où survient le drame…

Dans un style proche de Bastien Vivès, Timothé Le Boucher, également scénariste de ses récits, se fait dessinateur des âmes. Par son trait simple et épuré, soutenu par un cadrage pertinent, il parvient à retranscrire parfaitement la psychologie de ses personnages. La narration, à l’avenant, est d’une grande fluidité tout en réussissant à conserver un certain suspense psychologique.

On ne peut donc que saluer l’initiative de la Boîte à Bulles de ressortir l’œuvre de cet auteur en passe d’accéder au cercle des bédéastes en vue, de ceux dont chaque album est toujours attendu avec fébrilité par la critique et ses fans. « Dans les vestiaires » est un album qui interpellera forcément l’ensemble du public masculin, faisant inévitablement écho à ses souvenirs de lycée, mais qui par son réalisme et son ton juste, ne devrait pas manquer d’attirer l’attention du « sexe opposé ».

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