Le pavillon des cancéreux de Alexandre Soljenitsyne
( Rakovyǐ korpous)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Pourquoi vivoter ?
1955, la Russie commence tout juste sa phase de "déstalinisation". L'histoire se passe dans un centre hospitalier, au pavillon des cancéreux, où se mêlent les différentes destinées des malades, des filles de salle ou des médecins.
D'abord, il y a Paul Roussanov, un petit fonctionnaire veule et méprisant, maniant la dénonciation avec bassesse, qui est l'exemple type de la mesquinerie humaine. Il incarne la chute de l'idéologie communiste. Le lit adjacent est occupé par Kostoglotov, un relégué ayant vécu les purges staliniennes, les camps du goulag et la guerre. Il incarne les victimes de ce système pervers.
Mais il n'y a pas qu'eux au pavillon des cancéreux, on y voit aussi le bienveillant Sigbatov, condamné à se faire emporter par sa maladie, le cynique Pouddouïev, un moribond désœuvré, l'étrange Chouloubine, contemplant silencieusement la salle, mais aussi les médecins, la dévouée Lioudmila Dontsova qui, elle aussi, sera atteinte de la maladie, Vera Kornilievna Gangart, dont la vie se résume à son travail, le serein Léonidovitch, chirurgien respecté, et enfin Zoé, l'impudente et naïve infirmière.
Dans cette micro-société, les avis divergent entre stalinistes et humanistes, bourgeois et prolétaires, et des questions métaphysiques sont les thèmes de leurs débats: qu'est-ce qui fait vivre les hommes ? Où s'arrête le droit de soigner ? Qui a le plus souffert entre les déportés et ceux qui ont dû mentir, tout accepter et ont perdu leur dignité pour rester libre ? Pris entre Pouchkine, Gorky et Tolstoï, les protagonistes n'ont pas la même vision et les débats s'enflamment vite …
Le pavillon des cancéreux démontre bien la multiplicité des destinées humaines, mais leur unicité devant la mort et la maladie.
J'ai beaucoup aimé ce roman, car il m'a rappelé "la peste" de Camus, la réaction des hommes face à leur mort, la solidarité, la souffrance sont des thèmes traités dans les deux romans. A travers cette histoire, Soljénitsyne nous fait revivre l'horreur de la politique de Staline, et c'est important de savoir.
Les éditions
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Le pavillon des cancéreux [Texte imprimé] Alexandre Soljénitsyne traduit du russe par Alfreda et Michel Aucouturier, Lucile Nivat... [et al.]
de Soljenitsyne, Alexandre
R. Laffont / Bibliothèque Pavillons
ISBN : 9782221125410 ; 9,00 € ; 22/09/2011 ; 763 p. ; Poche -
Le pavillon des cancéreux [Texte imprimé] Alexandre Soljénitsyne [trad. par Alfreda et Michel Aucouturier, Lucile Nivat, et al.]
de Soljenitsyne, Alexandre Aucouturier, Michel (Traducteur) Aucouturier, Alfreda (Traducteur) Nivat, Lucile (Traducteur)
R. Laffont
ISBN : 9782221193341 ; 12,50 € ; 14/04/2016 ; 784 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (11)
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Difficile à terminer... mais très bon
Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 11 septembre 2014
C'est un livre assez complet, bien qu'il soit très romancé, on retrouve l'approche quasi documentaire de l'auteur, tant chaque facette est traitée avec détail et précision.
C'est mon second Soljenitsyne. Mon premier était "La vie d'Ivan Denissovitch". Le livre est difficile à lire par endroits, car trop long. On se retrouve dans ce huis-clos qu'est cet hôpital, et le sujet fait qu'on a du mal à continuer l'ouvrage parfois (avouez qu'il y a bien plus joyeux comme sujet !!). Mais il faut se "forcer" et aller jusqu'au bout. La fin est un peu triste, mais très belle. Promis promis !
Il y a de nombreuses remarques sur la société qui sont pleines de bon sens, même si on peut dire que le regard est très critique et un peu amer.
Je pense que ce livre ne s'oublie pas une fois qu'on l'a lu. Il est assez marquant. L'auteur est brillant de pouvoir inventer une telle histoire, aussi longue (600 pages) qui n'est pas tirée par les cheveux. A recommander.
Simplement superbe
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 3 octobre 2012
Dans ce roman somptueux, les hommes vibrent, touchent, espèrent et souffrent. Je ne pensais pas qu’un récit sur la maladie et la mort puisse à ce point respirer la vie. Ce livre est autobiographique, puisque Soljenitsyne a lui-même été soigné, avec succès, d’un cancer. Peut-être que ceci, conjugué à son talent d’écrivain, suffit à expliquer cela. Ces hommes et ces femmes sont dignes et beaux, même le rude Ephrem qui découvre la force de la littérature et se laisse enfin émouvoir par les mots. Quant au magnifique et intransigeant Kostoglotov, nul doute qu’il s’agit du double de l’auteur, puisque Soljenitsyne a connu le même destin de prisonnier sous le régime totalitaire de Staline, largement décrit dans ces 700 pages. Les traitements subis occupent également une large place, sans jamais alourdir ou complexifier le récit.
Le lecteur prend ici une belle leçon de vie et d’optimisme, et ne peut que sortir ébranlé de cette rencontre avec Véra, Vadim, Diomka et les autres. Autant de personnages dont l’histoire et le vécu suscitent de fortes émotions. Alors ne vous privez surtout pas de les éprouver – même si le sujet vous effraie – car il serait dommage de passer à côté de ce très très grand roman.
Envoûtant
Critique de Olelko (Lausanne, Inscrit le 4 mars 2012, 34 ans) - 4 mars 2012
Aucune trame n'est réellement développée durant les presque 800 pages de son roman, mais c'est avec un talent inouï que Soljenitsyne arrive à nous transporter dans un autre lieu, dans un autre temps. J'ajoute un salut magistral au choix et à l'élaboration des protagonistes: en effet, de héros qui a toujours vécu loin de chez lui, d'un pragmatique mystique ; sont opposés une foule d'histoires, de vies, de gens si différents les uns que les autres avec pourtant un but commun: continuer à vivre. Mais pourquoi, au juste ?
Douloureux et superbe !
Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 22 novembre 2011
Et c'est leur lutte quotidienne et la désespérance d'un corps médical, profondément humain (et non des gardiens de camps arrogants, Antihuman !) qui ne peut, faute d'avancée de la science et faute de moyens, lutter efficacement contre ce fléau.
Le personnage de Kostoglotov est particulièrement attachant dans son envie d'aimer et son incapacité à y parvenir.
La richesse de l'étude de chacun des protagonistes rend cet ouvrage sublime : la peur, la douleur, la survie ou la mort et les conversations quasi surréalistes !
Le livre dénonce un régime oublieux de ses faibles et campé dans ses odieuses certitudes, mais il est avant tout une approche très belle de la capacité ou incapacité de l'humain à s' inscrire dans son destin.
Un grand bouquin avec un regard slave qui enchante malgré la morbidité du sujet !
De la survie au quotidien
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 22 novembre 2011
Ainsi Soljenitsyne nous montre comment ces gens, qui ont été déportés contre leur gré comme au goulag ou en Sibérie, arrivent à endurer le comportement des officiels comme du premier gardien de camp; tous arrogants, bêtes, méchants, stupides et surtout butés... L'institution kafkaienne par excellence. Et si on a un problème avec cet auteur qui peut détruire l'idée qu'on se faisait de cette belle idéologie communiste qu'on adore, c'est à nous-même qu'il faut s'en prendre et non à lui. Ou alors aux apparatchicks. Et puis le propre de la dissidence politique est qu'elle est niée du début à son entité.
Est-ce si démodé ?
Un prix nobel
Critique de Seb (, Inscrit le 24 août 2010, 47 ans) - 21 mars 2011
Je ne peux m'empêcher cependant de trouver des longueurs éprouvantes et j'ai eu du mal à finir le livre. Sans doute la noirceur de ce qu'il contient ne m'a pas motivé pour dévorer les pages. Et pourtant, il est indispensable d'aller au bout du chemin. Ce livre est une éxpérience et les amateurs de littérature russe se régaleront.
à lire dans sa vie!
Critique de Jaclyon (, Inscrit le 8 août 2008, 65 ans) - 8 août 2008
C'est émouvant à lire et c'est un livre qu'on n'oublie pas...
EN PARTIE AUTOBIOGRAPHIQUE...
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 7 août 2008
Les descriptions de la vie à l'hôpital (et de l'hôpital lui même d'ailleurs) sont vraiment très belles, j'ai d'ailleurs été littéralement "soufflé" par les scènes de "palpation" manuelle des cancers par l'équipe médicale.
Les personnages eux sont tous décrits avec une étonnante profondeur psychologique propre au grand écrivain Russe.
L'auteur arrive même à nous faire rire dans certains passages malgré la gravité du sujet... voir ainsi la scène où le héros du livre arrive à la maison du docteur avec un bouquet de fleurs et tombe sur la vielle gardienne d'immeuble...
Quand on sait en plus qu'une partie des scènes décrites sont autobiographiques le témoignage n'en prend que plus de valeur...
Un livre à lire par un de plus grands écrivains Russes du XXe Siècle et Prix Nobel de Littérature 1970!
Qu'est-ce qui rend les hommes vivants ?
Critique de Xerinata (Amiens, Inscrite le 5 avril 2006, 67 ans) - 2 avril 2007
L'histoire se passe en 1955 pendant la déstalinisation. Il y a ceux qui ont subi le régime et ceux qui en ont profité. Comment tout cela a-t-il été possible ? dénonciations, condamnations, déportations dans des camps de milliers d'hommes et de femmes qui n'avaient rien fait et où beaucoup sont morts… Soljénitsyne ne condamne pas, mais lui-même a vécu 8 ans de goulag. Il différencie pourtant ceux qui sont attachés à quelque chose de vrai et ceux qui ne sont attachés qu'à des apparences.
"La vraie vie, l'acte de vivre, de sentir, de voir, de toucher comporte une telle intensité de bonheur que la mort semble alors contenue dans cette vie. La façon de mourir est ce qui unit et départage le plus les hommes. Chaque homme possède en lui une force spirituelle, un trésor humble et inébranlable." Chacun en fait ce qu'il veut…
La chirurgienne Lioudmila Afanassievna alias Dontsova (les personnages ont plusieurs noms, ce n’est pas toujours facile de les reconnaître) apprend qu'elle a elle aussi un cancer. "Il n'y avait eu dans sa vie, semblait-il, rien qui l'embellît, aucune joie, aucune fête, rien d'autre que le travail et les soucis, le travail et les soucis, et pourtant elle voyait maintenant combien cette vie était belle et comme il était impossible de s'en séparer, mais impossible à en hurler de douleur !".
Les Kadmine, mari et femme ont été déportés tous les 2 pendant 10 ans dans des camps séparés pour des raisons futiles. Ils se retrouvent à l'aube de la vieillesse, relégués à perpétuité en Sibérie. "Cette façon de prendre son exil avec le sourire sans cesser d'être joyeux, Oleg la devait aux vieux Kadmine…
-Ah, Oleg ! Que nous vivons bien maintenant ! Savez-vous que, mon enfance mise à part, c'est l'époque la plus heureuse de ma vie ?
-Et c'est qu'elle a raison ! Ce n'est pas le niveau de vie qui fait le bonheur des hommes mais bien la liaison des cœurs et notre point de vue sur notre vie. Or l'un et l'autre sont toujours en notre pouvoir, et l'homme est toujours heureux s'il le veut, et personne ne peut l'en empêcher."
Pas loin du secret du bonheur ? Un livre simple et profond en même temps.
un livre à relire
Critique de Matru (cagnes sur mer, Inscrit le 27 mars 2006, 50 ans) - 27 mars 2006
Il était là, m'attendant patiemment dans son édition du livre de poche.
Je me suis surpris à le feuilleter, puis finalement à le relire dans son intégralité.
Je me suis souvenu pourquoi je l'avais aimé, et je suis persuadé que je le relirai de nouveau.
C'est une oeuvre bouleversante d'humanité, en un mot belle.
Grand et beau !
Critique de Léonce_laplanche (Périgueux, Inscrit le 22 octobre 2004, 88 ans) - 12 janvier 2005
Ses ennuis commencent quand on lui reproche d'avoir émis des doutes sur les qualités militaires de Staline, en 1945.
Il est alors déporté, puis relégué, c'est à dire soumis à résidence, dans une province éloignée. Pour ne rien arranger on lui découvre un cancer dont il se remet miraculeusement.
Ce roman est partiellement autobiographique.
Au pavillon des cancéreux, quelques hommes alités souffrent d'un mal que l'on dit incurable. Roussanov et Kostoglorov ne se parlent pas. Pour l'un, haut fonctionnaire, la réussite sociale vaut bien quelques concessions. Pour l'autre, seule compte la dignité humaine.
Pour ces êtres en sursis, mais aussi pour Zoé la naïve, Assia la sensuelle, Vadim le passionné, c'est le sens même de la vie qui devient le véritable enjeu de leur lutte contre la mort.
Une œuvre de vérité !
A première vue, le livre semble austère, il est volumineux, écrit par un auteur au nom à peine prononçable, pourtant c'est un chef-d’œuvre, un livre qui marque en profondeur.
Ce pavillon, antithèse de l'arche de Noé, entraîne ses occupants non vers un monde nouveau, mais vers le destin final de l'homme : le néant.
Dans ces circonstances si difficiles, chacun se dévoile.
En toile de fond s’étalent les façons de vivre et de penser en Union Soviétique dans les années soixante.
Un livre sombre, mais où la grisaille est toujours défaite par une lumière vive de force et d'espoir.
Un bouquin magistral ! L’un des trois ou quatre chef-d’œuvres de la fin du siècle dernier.
Un livre qu'il vous faudra lire, dans trois mois, trois ans ou trente ans...
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