"C'était naze..."

Comment un auteur original peut-il se frayer un chemin face à ces nombreux titres que distribue une propagande médiatique toujours égale, et souvent fabriqués de manière industrielle ? Comment passer à travers une censure perverse affamée de médiocrité ?

A tous les naifs qui pensent que ce qui est de qualité peut toujours trouver un public, Poison City remet donc les pendules à l'heure, et avec son histoire dans l'histoire (enfin, son manga dans le manga je dirais plutôt) qui se déroule dans le monde pragmatique des mangakas à Tokyo et qui apporte un point de vue unique qui redéfinit ce que peut être réellement une fiction dans la vie quotidienne, le thème double des deux histoires en profite pour épingler tous ceux qui pensent que les productions audacieuses peuvent se défendre seules et sans aide. Pas mal pour une simple BD.

Bien sûr, ce n'est pas que les protagonistes de Poison City brillent particulièrement par leur fulgurance géniale - l'intrigue classique avec des zombies du manga en cause, "Dark Walker", étant plutôt gentillette - mais par plusieurs détails qu'apporte Tetsuya Tsutsui le long des pages tel que cet auteur mythique et brainwashé qui s'autocensure, sinon que tel que ces lobbys qui défendent tout d'abord ce qui est formaté (en étant ensuite relayé par le net, la presse, et les radios-télévisions), ou tel que cet éditeur beauf toujours en anorak qui tente surtout de se départir des contraintes que lui imposent les diffuseurs, ou encore ainsi que ces détails de la vie de tous les jours qui font tout pour décourager des rédacteurs pourtant pas sans atouts, son récit gagne notamment en témoignage de vie.

Intéressant, caustique, Poison City n'est peut-être pas le chef d'oeuvre de l'année mais a au moins le courage de mettre les pieds dans le plat.

Pas si fréquent loin de là...



Synopsis

Tokyo, 2019. A moins d'un an de l'ouverture des Jeux Olympiques, le Japon est bien décidé à faire place nette afin de recevoir les athlètes du monde entier. Une vague de puritanisme exacerbé s'abat sur tout le pays, cristallisé par la multiplication de mouvements autoproclamés de vigilance citoyenne. Littérature, cinéma, jeu vidéo, bande dessinée: aucun mode d'expression n'est épargné.

C'est dans ce climat suffocant que Mikio Hibino, jeune auteur de 32 ans, se lance un peu naivement dans la publication d'un manga d'horreur ultra-réaliste, Dark Walker. Une démarche aux conséquences funestes qui va précipiter l'auteur et son éditeur dans l'oeil du cyclone...

En s'appuyant sur son expérience personnelle, Tetsuya Tsuitsui (Prophecy, Manhole) nous livre avec Poison City une oeuvre fascinante sur la liberté d'expression et les coulisses de la création manga.

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  Poison city [Texte imprimé]

  de Tsutsui, Tetsuya Le Quéré, David (Traducteur)
  Ki-oon / Seinen
  ISBN : 9782355927911 ; 7,90 € ; 12/03/2015 ; 208 p. ; Broché

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