La trilogie Nikopol de Enki Bilal

La trilogie Nikopol de Enki Bilal

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Aethus, le 13 janvier 2004 (Evreux, Inscrit le 13 janvier 2004, 38 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 128ème position).
Visites : 7 529  (depuis Novembre 2007)

Une trilogie remarquable

"La foire aux immortels" (Tome I)
Paris en 2023 est une enclave fasciste pourrissante et décadente. Une étrange pyramide volante est apparue dans le ciel de la capitale, peuplée de mystérieux Dieux égyptiens, et réclame des quantités astronomiques de carburant. Le gouverneur de Paris compte bien obtenir en échange l'immortalité. Dans la pyramide, Horus fait sécession. Au même moment, une capsule cryogénique contenant Alcide Nikopol, condamné à la congélation en 1993, tombe sur la ville, dans l'indifférence.

"La femme piège" (Tome II)
Nikopol et Horus vont croiser la route de Jill Bioskop, la femme aux cheveux bleus, journaliste, qui tente d'oublier son amant alphératzien, mort assassiné.

"Froid équateur" (Tome III)
Le fils d'Alcide Nikopol se met à la recherche de son père et de Jill, disparus avec Horus quelque part en Afrique. Il se dirige vers la mystérieuse Equateur City, dirigée par l'organisation mafieuse K.K.D.Z.O.
Il rencontrera en chemin le champion de chess-boxing, John-Elvis Johnelvisson, et la belle Yéléna.

Je ne suis pas forcément grand amateur de BD, mais je dois avouer que cette série du grand Bilal m'a séduit. Un scénario fantastique, anticipation mi-burlesque mi-glauque, le tout accompagné d'un dessin remarquable, les planches sont superbes, et Jill Bioskop, la femme aux cheveux bleus est très célèbre ! L'imagination en matière d'anticipation chez Bilal n'a pas de limite !

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Un classique des années 80

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 23 avril 2009

Cette trilogie a marqué un tournant dans la carrière de Bilal. D’abord il s’agit de son premier projet suffisamment ambitieux pour se dérouler sur plusieurs tomes, lequel a révélé également chez l’auteur sa volonté d’indépendance en signant lui-même ses scénarii. C’est également cette même histoire qui l’aura révélé au grand public, une œuvre talentueuse qui lui permettra d’obtenir le Grand Prix du salon d’Angoulême et de donner une couleur à la BD des années 80 (avec notamment Jill, la femme aux cheveux bleus qui aura certainement imprégné l’inconscient collectif de nombreux bédéphiles).

Ce qui m’a frappé dans cette BD, c’est l’évolution entre le premier et le troisième tome, très flagrante sur le plan du style graphique. Une évolution qui fait de cette trilogie une transition entre la ligne claire des années 70 et le trait vaporeux et désagrégé de la plus récente saga du Monstre, qui s’apparente presque à de la peinture. Sur une période de six ans, il s’agit d’une mue stylistique étonnante de la part de l’auteur, ce qui semble traduire chez lui un besoin de remise en question permanente, mais aussi un processus créatif en perpétuel mouvement et un incontestable désir d’innover…

Quant à l’histoire, il vaut mieux être prévenu, l’absence du scénariste Pierre Christin a donné à Bilal une liberté d’écriture qui pourra rebuter certains. La trame du récit pourra même parfois paraître confuse, à déconseiller donc aux amateurs de scénars bien construits. En ce qui me concerne, j’ai également une préférence pour les histoires bien ficelées, mais Bilal fait exception. Son univers SF, à la fois sombre et poétique, est tellement fascinant qu’on fait abstraction de ce qui pourrait apparaître comme une faille chez d’autres. D’une richesse hallucinante (on ne saurait se contenter de lire cette trilogie qu’une seule fois), les cases fourmillent d’idées et de créatures hybrides, l’imagination foisonnante de l’auteur semblant n’avoir comme limites que celles des cases. Son style est impressionnant de maîtrise et ne s’apparente à aucun autre, c’est du BILAL, point.

Les personnages, eux, semblent évoluer comme des fantômes dans un monde en perdition, un monde déshumanisé où l’amour du prochain semble avoir reculé face à l’individualisme, et à d’autres menaces multiples, fascisme, terrorisme, pollution et mutations génétiques, des thèmes chers à cet enfant de l’ex-Yougoslavie et qui imprègnent toute son oeuvre. Et sonnent toujours comme des avertissements près de 30 ans après, à l’heure où le monde semble plus que jamais fragilisé par la désormais fameuse "crise", "LEUR" crise devrais-je dire, que certains décideurs semblent avoir délibérément provoquée… Tous ces ingrédients font de cette trilogie une œuvre forte et visionnaire à la poésie torturée, et ce n’est pas un hasard si le héros Nikopol, gagné par une folie douce, dépossédé de lui-même après avoir été possédé par le dieu Horus, se met à psalmodier à ses heures des vers de Baudelaire. Et si humour il y a, ce n’est jamais qu’un humour désabusé et grinçant, rappelant parfois une excentricité toute « kusturicienne » (la ménagerie de fauves à bord d’un train dans le tome 3), toujours un peu incongru dans ce futur détraqué et anxiogène.

Il me semble qu’on peut considérer « Nikopol » comme l’œuvre la plus aboutie et la plus réussie de Enki Bilal. Mais malgré tout le respect que j’ai pour l’auteur, je pense que celui-ci aurait gagné à travailler davantage son découpage (ou alors continuer avec Christin) pour en faire un réel chef d’œuvre. Comme je l’ai dit plus haut, il est au sommet de son art et sa maîtrise du dessin et des couleurs me semble quasiment parfaite, et l’on suit fasciné les aventures de ses héros, mais on referme le tome 3 avec une sensation d’inachevé, ce qui m’a personnellement un peu déconcerté, même si le plaisir que j’ai eu à le lire l’emporte. Quoi qu’il en soit, les aventures de Nikopol feront date et resteront longtemps une référence dans la BD de fin du XXème siècle…

Enfin, une question – insignifiante - me taraude chaque fois que je lis cette BD, Bilal aurait-il pris comme modèle l’acteur Bruno Ganz (jeune) pour dessiner Nikopol ? La ressemblance est tellement frappante…

Globalement positif

7 étoiles

Critique de Enzo (, Inscrit le 21 novembre 2005, 55 ans) - 22 novembre 2005

Politiquement, Bilal me fait vomir et le mot et faible. Raison de plus pour reconnaître que sa série Nikopol est tout simplement excellente et rien n'est laissé au hasard. Les bandes jaune et verte sur les boucliers des "Flèches Noires" de Paris ne sont pas une fantaisie : ce sont les couleurs des Jets de Viry-Châtillon à l'époque meilleure équipe parisienne de hockey !

Même si Bilal, tout comme Jean-Michel Jarre dans un autre registre, vit sur ses acquis (seul le concept des "mini-animaux" est digne d'intéret dans ses dernières productions), ces bandes dessinées ont marqué leur époque.

Déchéance d'une trilogie

6 étoiles

Critique de Christof13 (, Inscrit le 28 juillet 2004, 45 ans) - 10 mars 2005

La foire aux immortels m'avait particulièrement emballé tant au niveau de l'histoire et de l'univers que du dessin. Le mélange politique, mythologie et science-fiction est un régal et on attend avec impatience le tome suivant.

J'ai commencé à déchanter avec La femme piège. L'histoire est déjà plus décousue et même l'univers n'arrive pas redresser la barre. Heureusement que le nouveau personnage Jill Bioskop est intéressant et apporte un plus indéniable. C'est probablement pour cette raison qu'elle est devenue le personnage principal du film Immortal (adaptation relativement ratée et pourtant c'est Enki Bilal aux commandes)

Par contre le 3ème tome ne ressemble plus à rien. L'histoire ne tient plus la route et clôture plutôt mal cette trilogie. Dommage car elle avait très bien commencé.


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