De la fantasy décadente, sanglante, troublante, terriblement évocatrice, même si parfois elle s'avère un peu bancale... Gloriana reste assez inclassable, même si on reconnaît sans coup férir le style de Michael Moorcock. Enfin, pas tout à fait : il m’a semblé à moi aussi que sa prose ici était plus riche, plus chatoyante que dans certains autres de ses récits. Ainsi le soin pris à la description des costumes, que ce soit les vêtements d’apparat des nobles de la cour ou ceux des innombrables fêtes qui parsèment le récit, est assez impressionnant et donne une couleur très chamarrée à l’ensemble, exubérante. Sans parler du talent de l’auteur pour brosser une géopolitique imaginaire et exotique, très réussie, dans une histoire où chacun est capable de jouer plusieurs rôles à la fois avec une trouble ambiguïté.

L’autre point qui caractérise Gloriana est que l’auteur ne décrit pas la quête d’un héros, comme Hawkmoon ou Elric par exemple. Au contraire, nous sommes presque dans une tragédie : unité de lieu (Londres, et presque exclusivement le Palais Royal), de temps (une année), d’action (le complot du capitaine Quire). L’absence de manichéisme est également marquant. On s’attache certes aux personnages, à travers leurs qualités, leurs faiblesses, leurs obsessions, mais y en a-t-il qui pourraient incarner un « héros » au sens classique du terme ? Je ne crois pas ! Les personnages de Michael Moorcock, vénéneux, ou bien ridicules, présentent donc une certaine amoralité, même quand on peut penser qu'ils sont dans le camp du "bien" (bien que la fin du roman soit étonnamment positive au vu de l'ensemble de l'intrigue).

Reste le personnage de Gloriana. Incernable. Faible et forte à la fois, manipulable, manipulée, blessée, hantée par son passé et un père cruel et fou. Hanté par la recherche du plaisir sexuel, aussi, qu’elle ne parvient pas à trouver. Paradoxe de ce personnage finalement plutôt falot (elle ne prend quasiment aucune décision) : la Reine, malgré cet apparent manque d’épaisseur, remplit l’espace du récit, écrasent les autre protagonistes, les fait s’animer comme des planètes autour d’un soleil, car ils lui vouent un amour immense et démesuré. Le sexe, le pouvoir, et la mort : il y a de tout cela dans ce Gloriana divertissement étrange, shakespearien et excessif à souhait !

Que dire de cette uchronie, aux personnages variés, animés par cette passion du pouvoir... des pouvoirs multiples... si ce n'est qu'elle est magistrale.

On m'a conseillé ce livre. Je n'ai pas regretté de l'avoir écouté.
Bon, l'histoire en soi ne m'a pas emballée des masses, je savais à l'avance comment cela allait se terminer.
La force de l'œuvre ne réside pas dans l'histoire (même si on doit pouvoir la rapprocher du règne de Victoria) mais des personnages eux-mêmes.
J'ai trouvé Quire détestable, un mélange de segneur Sith/Dorian Gray/Valmont, Gloriana est un personnage assez juste.
Les relations entre les personnages sont traitées avec justesse.
En résumé, un bon livre...