Executive woman de Martin Veyron

Executive woman de Martin Veyron

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Shelton, le 1 mars 2015 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Témoignage d'une époque, d'un genre, d'un auteur...

Martin Veyron est un des auteurs qui s’est fait remarquer dans le magazine L’Echo des Savanes. Rappelons que ce magazine est un de ceux qui sont nés quand Pilote a commencé à mourir… Le Mag est né en mai en 1972 avec Claire Bretécher, Marcel Gotlib et Nikita Mandryka. Ce magazine va révéler trois auteurs dans ses belles années : Jean Teulé, Philippe Vuillemin et Martin Veyron. Cela ne sauvera pas le magazine du naufrage mais ces trois auteurs ont beaucoup apporté à la bande dessinée…

Le travail de Martin Veyron est souvent pris à la légère car certaines de ses histoires semblent si déjantées que l’on a du mal à les comprendre aujourd’hui. Elles ont souvent plusieurs fondements, très marqués par le temps, comme la liberté sexuelle, la position de la femme dans la société et la lutte des classes, plus exactement la dénonciation d’une certaine bourgeoisie. Ce dernier aspect l’emmène dans une forme de vaudeville en bande dessinée, assez fataliste et triste, absurde diront certains, le tout avec un graphisme proche de la ligne claire.

Executive woman est un ouvrage comportant sept chapitres pour décrire la vie d’une femme de pouvoir, un mari faible et volage, une famille assez déséquilibrée et une société en pleine transformation… L’album sort en 1986, il porte les utopies des années soixante-dix mais teinté d’acidité, de cynisme, de désespoir presque. Dans certaines philosophies on s’interrogeait sur le bonheur de l’homme – fait-il imaginer Sisyphe heureux ? – tandis qu’ici la réponse est certaine, le bonheur n’est plus d’actualité !

Alors, l’univers de Martin Veyron est-il sans issue possible ? Je pense que Martin Veyron est persuadé que l’homme s’adapte toujours aux nouvelles situations. C’est une forme d’évolution continue, pas celle limitée au physique, celle de la tête, des us et coutumes, celle qui fait que la période des executive women est terminée, qu’une autre temporalité est à inventer… C’est ce qu’il montre avec le dernier dialogue de l’album entre le père et le fils :

« Ça, mon pauvre chéri ! Je crois rester l’un des rares bénéficiaires d’une génération spontanée, et en voie de disparition ! »

« C’est bien pour ça que je m’en forme une dès maintenant !»

J’aime beaucoup cet humour désabusé et j’avoue apprécier depuis longtemps ces albums de Martin Veyron, témoins d’un autre temps, d’une autre mentalité, d’une société autre qui n’existe plus… Quoi que… Allez savoir !

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