La fin de la mondialisation de François Lenglet
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
Un titre prophétique ?
Dans la Fin de la mondialisation François Lenglet (journaliste économique, ancien directeur de la rédaction de la Tribune) exprime une critique sévère du libre-échangisme ayant conduit à la mondialisation telle qu’on la connaît aujourd’hui. Il explique également pourquoi il est possible d’envisager la fin prochaine de cette mondialisation.
Le journaliste précise tout d’abord les facteurs essentiels qui ont provoqué cet « âge d’or des marchands » à laquelle nous assistons depuis les années 1990. La domination du libre-échangisme dans la pensée économique, l’arrivée de puissantes innovations en matière de communication et ce qu’il nomme deux « bizarreries » économiques (l’union monétaire européenne et la politique économique chinoise) ont, en autre, favorisé une mondialisation à l'intensité rarement observé auparavant. François Lenglet pointe ensuite ce qui constitue selon lui les principaux effets nocifs de cette mondialisation, notamment l'accroissement des inégalités, l'affaiblissement des démocraties, l'attisement des tensions internationales et l'instabilité chronique des marchés financiers.
Mais ce cycle de mondialisation arrive peut-être à sa fin, nous annonce l’auteur, qui rappelle que, au cours de l’histoire occidentale, les phases dominées par le libre-échange ont toujours alternées avec des périodes plus protectionnistes, y compris depuis le Moyen-Âge. Dans ce cadre, un protectionnisme modéré serait-il la solution face à la crise ? François Lenglet plaide en tout cas en sa faveur, expliquant qu’au regard des temps passés, le protectionnisme a eu, contrairement à ce que l'on veut bien nous faire croire, toujours plus d’effet sur la croissance que le libre-échange.
La force de la Fin de la mondialisation est sa clarté. L'auteur, rompu au exercices de communication, y fait preuve en général de beaucoup de pédagogie, éclairant ainsi des mécanismes économiques complexes. Il ne faut pas cacher cependant que cette clarté simplifie parfois certaines explications (sur le lien entre inflation et baisse de la dette par exemple) ou masque certain manque, comme une discussion sur le concept de mondialisation, qui aurait été bien utile pour ce mot un peu "fourre-tout" par excellence.
L'ouvrage par ailleurs interpelle à plusieurs égards. Il montre ainsi de façon édifiante comment un principe économique comme le libre-échange peut devenir hégémonique au-delà de toute raison; il surprend de par sa louange du protectionnisme, surtout de la part d’une personnalité que je m’imaginais défendre plutôt la pensée "libérale". Car il faut bien souligner que sous l'apparence d'une démarche rigoureuse (avec l'utilisation de solides références bibliographiques), l’auteur livre un texte clairement engagé. Ses arguments pourront donc parfois paraître un peu partiaux et pas toujours complètement objectifs.
Quoiqu’il en soit, la Fin de la mondialisation, à défaut de toujours convaincre totalement, tente en tout cas de façon salutaire de bousculer les idées reçues et de donner de nombreuses matières à réflexions sur le système économique dans lequel nous vivons. François Lenglet se garde bien au final d'être complètement affirmatif quant à la fin prochaine de la mondialisation. Il sera intéressant de voir dans quelques années si le titre de l'ouvrage, écrit en 2013, s'avère finalement prophétique.
Les éditions
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La fin de la mondialisation [Texte imprimé] François Lenglet
de Lenglet, François
Fayard
ISBN : 9782213678108 ; 15,00 € ; 18/09/2013 ; 264 p. ; Broché
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La fin de la mondialisation: inflation et poids de la dette | 5 | Fanou03 | 6 septembre 2016 @ 14:12 |