Bérézina de Sylvain Tesson

Bérézina de Sylvain Tesson

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Voyages et géographie , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Anna Rose, le 17 février 2015 (Inscrite le 3 octobre 2006, 52 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 348ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Périple russe

L'auteur, fasciné par la Russie, décide de refaire la retraite de Russie de Napoléon en side-car. Avec quatre comparses, il quitte Moscou en plein coeur de l'hiver et emprunte les routes de l'Ouest, direction Paris.
Sylvain Tesson évoque les dangers de la route à chaque frôlement de camions; il parle de cercueil d'acier pour définir le "panier adjacent' de la moto, il souffre du froid malgré les épaisseurs de vêtements.
Cependant il refuse de se plaindre par rapport à ce qu'ont enduré les troupes françaises de l'Empereur pendant la Retraite. Il évoque les horreurs que même certains témoins de l'époque relatent avec difficulté (sergent Bourgogne, général Ney...)
Par moment, le temps historique et le temps contemporain se rejoignent: "il y a deux cent ans Napoléon était là, le même jour.." Cela ne dit rien, sauf à être saisi d'une émotion particulière, se dire qu'enfin on est près de comprendre, de saisir l'effroi, la peur mais aussi et toujours l'envie de se battre, la foi en l'Empereur et la Patrie.
Sylvain Tesson a choisi comme compagnons de route, entre autres, deux russes; grâce à eux l'âme slave rode autour de ses lignes d'écriture. On y retrouve cette mélancolie, ce temps ralenti, cette espérance sans cesse renouvelée mais aussi les litres de vodka qui coulent dans les gosiers de ces voyageurs.
L'écriture de Sylvain Tesson est plaisante; les références historiques sont nombreuses et l'attrait pour le voyage toujours bien décrit.
Un livre profondément humain, érudit mais accessible. Quelle bonne idée de relater ainsi cette part peu connue (peu enseignée) de l'Histoire française.

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La retraite de Sylvain

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 16 mai 2019

Retraite, retraite, celle de Russie, pas celle de fin du travail. Il faut s’appeler Sylvain Tesson pour avoir des idées pareilles : deux cents ans après (c’était en 1812), rejouer la retraite de Russie depuis Moscou, en plein hiver, et en side-car ! Ils sont cinq, trois Français et deux Russes, et ils vont braver le froid slave pour effectuer l’itinéraire de ce qui est passé dans le langage commun pour qualifier une déroute : une Bérézina. Quatre mille kilomètres, de Moscou à Paris dans des conditions pénibles : des side-cars russes des années 30 (des « Oural » pour ceux qui connaissent) avec les camions qui vous passent au ras des moustaches. Justement, il s’appelle Sylvain Tesson. Ca tombe bien !
Evidemment ils vont faire en sorte de respecter l’itinéraire de la déroute deux cents ans plus tôt, avec des considérations sur ce qui fut et ce qui est maintenant, des comparaisons qui ne sont pas forcément raison, des développements sur la manière dont ont évolué nos deux sociétés ; la russe comme la française.
Vous imaginez l’équipage avec le drapeau impérial flottant au vent et le bicorne sur la tête de Sylvain Tesson ? Ce n’est pas pour autant traité comme une farce de « Grand-Guignol » mais bien comme un « pèlerinage » en hommage à ce qu’ont souffert ces damnés qui avaient suivi Napoléon dans ses délires de grandeur. Ils rejouent les mêmes étapes et digressent, digressent, sur ce que ça a représenté (sur la foi des témoignages qui émergèrent (Sergent Bourgogne, Maréchal Ney, Caulaincourt)). Difficilement concevable tant l’horreur devait être absolue. En 2012 les difficultés existent aussi bien sûr, difficultés mécaniques et froid toujours présent, lui, sans compter les dangers de la route ; side-cars vs gros porteurs.
Ce fut un véritable carnage (merci Napoléon !). On parle de 400 000 morts ! Sylvain Tesson, lui, amène sa petite troupe à bon port à Paris, ses deux compatriotes et Vitaly et Vassili, les deux Russes. On n’ose comptabiliser les litres de vodka ingurgités durant le trajet, les références à cette slave boisson sont innombrables dans les propos de Sylvain Tesson. En 1812 ça semblait beaucoup moins fun !
Intéressé ou pas par la « Grande Histoire », la revisitation du mythe de la Bérézina est une lecture intelligente. Comme tous les ouvrages de Sylvain Tesson.

Bon esprit!

8 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 22 mars 2017

Sylvain Tesson est le digne représentant de cette race d’écrivains voyageurs que notre pays s’enorgueillit de posséder. Ses nombreux ouvrages sont là pour en témoigner, Tesson a du style, dans l’écriture, mais aussi dans son attitude : attaché aux amitiés, détaché à la limite de la nonchalance, hauteur de vue et fort caractère. Ce petit récit de son périple en side-car sur les traces de la retraite de la Grande Armée puis sur le trajet vers Paris de l’Empereur confirme le talent de l’auteur dans ce genre si particulier du récit du voyage.
On suit avec beaucoup d’intérêt les aventures de la petite équipée composée de trois Français et de deux Russes dans leur motos Oural, frôlant les 33 t. qui sillonnent les routes de l’immense Russie. Dans un froid implacable, couverts de neige et ne distinguant pas grand’chose, les pilotes parviendront tout de même à rallier les Invalides pour un hommage à Napoléon, cet aventurier qui a risqué toute sa puissance et son prestige sur ce coup de dé.
Le récit de Sylvain Tesson est ponctué de réflexions frappées au coin du bon sens sur l’évolution de nos sociétés, sur le relativisme civilisationnel entre la Russie et l’Occident qui vivent séparément depuis des siècles et qui ont les plus grandes difficultés à cohabiter. Plus étonnant, ces quelques réflexions de l’auteur flairent bon la réaction et je m’étonne qu’on lui déroule encore le tapis rouge dans les émissions littéraires de télévision.
Un très bon petit livre pour les amateurs d’aventure moderne (oui, on peut encore vivre l’aventure de nos jours...)

Un voyage pamphlétaire

7 étoiles

Critique de Evanhirtum (, Inscrit le 22 août 2016, 37 ans) - 22 août 2016

Un récit de voyage captivant. Deux cents ans après, un groupe d’amis se lance, en side-car, au cœur de l’hiver, sur les traces de la Grande Armée lors de la retraite de Russie (de Moscou à Paris). Une réflexion mêlant l’horreur du passé et le vide de sens de notre époque.
L’auteur articule brillamment ces deux épopées : la débâcle de Napoléon et sa propre aventure - en passant des chevaux dévorés par des soldats gelés dans un champ de cadavres, aux side-cars chancelant sur les routes de l’Est enneigées. Lors de chaque étape, ils respirent l’histoire de cette Grande Armée, de ses victoires menant ironiquement les soldats au néant, à travers des lieux emblématiques et la lecture de récits héroïques, tragiques et abominables sur cette boucherie humaine.
C’est une méditation sur ce qui fait vibrer collectivement les hommes au point de sacrifier leur vie. Quelque chose qui nous parait, à raison, tellement impensable aujourd’hui. D’une écriture très concrète, on est avec eux sur la route et dans le froid, mais très philosophique aussi : sur la France, l’Europe, l’individualisme et les idéaux d’aujourd’hui. Ce livre relativise nos conditions (grâce à l’odeur de la chair purulente), c’est un voyage pamphlétaire contre « cette pulsion répugnante de l’auto apitoiement ».
« Qu'est-ce qui s'était passé pour qu'un peuple devînt un agrégat d'individus persuadés de n'avoir rien à partager les uns avec les autres ? »

De Moscou aux Invalides

5 étoiles

Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 67 ans) - 9 juin 2016

J'ai acheté ce livre par pure curiosité et parce que je suis amateur de moto.
En définitive, côté voyage en moto, c'est disons vaguement digne d'intérêt. Par contre j'ai découvert que j'ignorais tout de la retraite de Russie, et ce livre m'a donné envie d'en savoir plus.
Au-delà de ça, ça se lit facilement et vite, mais ça me laissera guère de trace.

La moitié.

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 17 septembre 2015

J'ai beaucoup apprécié la partie historique du livre. A tel point que je me suis promis de me mettre très bientôt à "Guerre et paix" afin de plonger dans ce sujet ,qui somme toute est assez peu abordé dans la littérature.
Le sujet traitant du voyage de Sylvain Tesson m'a lui assez peu accroché et ce fut une lecture sans plaisir.

Qu'elles sont jolies ces deux phrases de la première page :
"Cet été là, nous frôlions chaque jour des icebergs plaintifs. Ils passaient tristes et seuls, surgissant du brouillard, glaçons dans le whisky du soir".

Hourrah l'Oural !

8 étoiles

Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 27 juillet 2015

J'emprunte à Aragon le titre de cette brève critique, mettant ainsi en exergue le nom de l'engin improbable choisi par Tesson et ses compagnons pour une équipée encore sans équivalent, tout au moins dans la symbolique de l'entreprise.
Sur cet engin atypique dans sa survie même à une époque d'hypertechnologie élaborée, capricieux si on le contraint à forcer sa nature de mécanique fruste mais efficace, réparable de bric et de broc, les quatre comparses auront un aperçu du bois dont ne se chauffaient pas les malheureux soldats de la Grande Armée, emmenés par un chef ayant oublié de réviser la géographie physique et humaine d'un pays incommensurable à tout autre.
La Russie est un tombeau pour les envahisseurs, quels qu'ils soient, de tout temps.
L'ironie et le souvenir, l'histoire et l'anecdote, émaillent cette sorte d'acte de piété ; car c'en fut un, de rendre aux mémoires vivantes un simple rappel des souffrances passées.

"C'était le théâtre de l'apocalypse et on aurait cru le Loiret !"

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 juillet 2015

Sylvain Tesson (1972- ) est un écrivain voyageur français.
Géographe de formation, il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d'un tour du monde en bicyclette avec Alexandre Poussin. Il traverse également les steppes d'Asie centrale à cheval avec l'exploratrice Priscilla Telmon.
En décembre 2012, accompagné de 4 compagnons russes et français, il refait le chemin de la déroute de Napoléon.
"Bérézina" est édité en 02/2015 (éditions Guérin)

" si l'on se conformait à la pure réalité des faits, "C'est la bérézina" aurait dû signifier "On l'a échappé belle, les gars; on l'a senti passer; on a laissé des plumes, mais la vie continue et merde à la reine d'Angleterre."

En effet, comme l'explique merveilleusement bien Sylvain Tesson, Napoléon n'a pas subi sur les rives de la Bérézina, sa plus cuisante défaite. Bien au contraire !
2012, bicentenaire de la Retraite de Russie, l'une des plus désastreuses campagnes militaires de l'Histoire.
Accompagné de ses amis français (Goisque et Gras) et russes (Vitaly et Vassili) , Sylvain Tesson à la barre d'un authentique side-car russe des années 1930, se lance sur les traces des Grognards de Napoléon de Moscou à Paris.
"Pourquoi ne pas faire offrande des ces 4 000 km aux soldats de Napoléon ? A leurs fantômes. A leur sacrifice. En France, tout le monde se fout des Grognards."
Convoquant tour à tour les souvenirs du sergent Bourgogne et ceux de Caulaincourt (Grand écuyer de Napoléon), Tesson fait revivre les étapes de la débâcle de La Grande Armée.
"Une armée marcha, de victoire en victoire, vers son anéantissement total."

Un ouvrage à la hauteur de ceux déjà écrits par l'écrivain voyageur. Se mêlent harmonieusement des pages de l'Histoire napoléonienne avec son propre périple à bord du side-car au coeur de l'hiver russe. Tesson tente de coller à l'itinéraire des Grognards et de l'Empereur.
Comme à son habitude, le récit est agrémenté de réflexions sur notre société moderne et de citations d'écrivains oubliés.
Son amour pour la Russie n'est plus à prouver.
Un moment de lecture pour l'éternité !

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  Tesson; écrivain passionné et...cynique ! 24 Frunny 27 juillet 2015 @ 20:22

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