Morphine de Mikhaïl Boulgakov

Morphine de Mikhaïl Boulgakov
( Morfij)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Kinbote, le 2 janvier 2004 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 294ème position).
Visites : 6 302  (depuis Novembre 2007)

Morphine et révolution

Ce récit d’une dépendance à la morphine ne constituerait que le témoignage poignant d’un médecin qui veut continuer à assumer normalement ses fonctions s’il ne se déroulait pas en Russie sur fond de la révolution d’octobre. Le contexte donne tout son prix à ce récit ou plutôt c’est le récit qui éclaire la toile de fond historique en rappelant que l’individuel prime sur les mouvements de foule, les bouleversements sociaux, que la plainte d’un seul fait parfois plus de bruit que le vacarme d’un soulèvement parce que, peut-être, une révolution, n‘étant que la pointe d’un faisceau de convergences causales disparates, possède moins de vérité que la blessure ou le cri d’un isolé.

A une époque où les sentiments passionnels, revanchards sont exaltés, et dont Boulgakov lui-même avait vu les excès et méfaits dans les rues de Moscou, il fait dire au docteur Poliakov : « A quoi est-il bon l’homme qu’une petite névralgie de rien du tout peut transformer en loque ? » Ou aussi, sur les effets de morphine : « L’être humain cesse d’exister, voilà. Il est hors circuit. C’est un cadavre qui se meut, qui souffre, qui a mal. Et il ne veut rien, il ne pense à rien qu’à la morphine. » Ou encore : « Oui, je suis un dégénéré, c’est parfaitement exact.»

Comme le fait remarquer la traductrice dans sa postface, Marianne Gourg, il faut lire ce livre comme un cryptogramme. Forcément Boulgakov ne pouvait dire explicitement ce qu’il pensait de la révolution puisque ce livre parut 10 ans plus tard, à l’heure où ses instigateurs occupaient le haut du pavé. A l’époque où le docteur Poliakov est censé écrire : « Ces notes témoignent en ma faveur. Certes, elles sont décousues, mais je ne suis pas écrivain», Boulgakov devient pleinement écrivain et abondonne la médecine.

Certaines notations de Poliakov m’ont fait penser à celle que fit Kafka dans son journal le jour de la déclaration de la première guerre mondiale : « Cet après-midi, piscine ».

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Suite du jeune médecin.

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 10 mai 2017

Morphine est une nouvelle, écrite en 1927. Elle poursuit le cadre du « récits d'un jeune médecin ».
Le successeur du « jeune médecin » se nomme Sergueï Poliakov. C'est lui qui dirigera l'hôpital perdu dans le froid et la solitude.
Il sombrera dans la morphine pour parvenir à supporter ce mal-être.

Poignant et relaté avec le style particulier de Boulgakov.

Russie et morphine

8 étoiles

Critique de Drclic (Paris, Inscrit le 13 mars 2004, 47 ans) - 13 septembre 2004


A lire avec recit d'un jeune medecin pour mieux comprendre ou es tombe ce jeune medecin qui sombre dans la morphine.

Intense et tellement reelle.

Si vous aimez ce genre de description de delabrement, de drogué, je vous conseille Flash de Duchaussois.

Une merveille d'écriture

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 3 janvier 2004

Ce récit fait partie de plusieurs nouvelles racontant la vie des médecins juste après la révolution russe. Ils sont tous très intéressant, mais la description de la descente aux enfers du médecin devenu morphinomane est terrible de réalisme !

Un excellent livre !

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