Le chant du cygne, Tome 1 : Déjà morts demain de Xavier Dorison (Scénario), Emmanuel Herzet (Scénario), Cédric Babouche (Dessin)

Le chant du cygne, Tome 1 : Déjà morts demain de Xavier Dorison (Scénario), Emmanuel Herzet (Scénario), Cédric Babouche (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers , Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par JulesRomans, le 25 août 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 713ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 4 210 

Celui qui avale une lame de rasoir, qu'il la garde ou la crache, il se fait mal

Le fusillé pour l’exemple devient si fréquent dans la BD française sur 14-18 que cela en devient une tarte aux pruneaux. Les scénaristes ne sont jamais allés voir les comptes-rendus des conseils de guerre et ils placent en situation de passage par les armes à peu près n’importe qui pour n’importe quoi.

Il est dommage que le point de départ du récit démarre pour une raison aussi ténue de faire fusiller un soldat et ceci juste avant les nombreuses mutineries de 1917 où on exécute là pour des motifs très graves. Après la machine du récit 'Le chant du cygne" s’emballe tragiquement et de façon grotesque paradoxalement beaucoup plus plausible. Quand nous parlons de grotesque, nous nous référons à ce qu'en dit Victor Hugo dans sa "Préface de Cromwell"; le bizarre et le bouffon y sont poussés à l'extrême pour provoquer un humour crispant voire suscitant l'épouvante.

Une pétition circule parmi les soldats, on en ignore d’ailleurs le contenu, même si on comprend qu’elle s’appuie sur le fait que l’on a fusillé un homme, qui n'avait pas accepté un ordre de taire une information afin de ne pas démoraliser ses camarades avant une attaque, pour réclamer le renvoi de Nivelle.

Là on peut deviner (si les scénaristes se sont un minimum bien documentés) que l’action se situe vraisemblablement fin avril, car l’offensive débute le 16 avril et est arrêtée le 20 avril 1917 tandis que Pétain prend le 15 mai 1917 la suite du général Nivelle comme commandant en chef des armées françaises (voir notre présentation sur critiques libres de "Nivelle, l'inconnu du Chemin des Dames").

Le sergent puis le lieutenant devant le cynisme des officiers supérieurs passent d’une hostilité, à la démarche de porter cette pétition à la connaissance des députés, à l’application de la maxime prêtée frauduleusement à Ledru-Rollin, à savoir « il faut bien que je les suive , puisque je suis leur chef ». En effet en bons élèves de l’école de la IIIe république, ils ont confiance dans leurs parlementaires et de ce point de vue ils n’ont pas entièrement tort.

L’on attribue en effet l’absence de tout réel contrôle des élus du peuple allemand sur la conduite de la guerre une série de bévues de l’état-major allemand. Par ailleurs des députés comme Pierre Brizon ou Paul Meunier sont connus pour la façon dont ils agirent pour faire respecter un certain nombre de principes lors de la tenue des conseils de guerre et pour éviter les soins forcés aux obusés (traumatisés par les combats).

Le dessinateur sait fort bien traduire les mines patibulaires des poilus et nous plonger dans une atmosphère de violence esthétiquement parfaite, grâce à l’usage de couleurs chaudes avec l’aquarelle.

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Black swann

8 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 31 octobre 2014

Je n'avais pas acheté cet album car le dessin de Babouche ne m'attirait guère avec style trop proche du "manga", à mon goût.

Quelle erreur j'avais fait !

A l'occasion d'un passage à la médiathèque, je suis tombé sur cet opus et je l'ai littéralement lu d'une traite, tant cette aventure co-signée par Dorison & Herzet m'a bluffé. Je m'étais pourtant juré de ne plus lire de bande dessinée sur la période 14/18, vu l'overdose de sorties sur ce sujet depuis un moment.
En suivant les mésaventures de cette section de soldats, j'en oublie mes a priori, c'est-à-dire le dessin. Au fil des pages, je me suis mis à apprécier les planches de Cédric Babouche, ainsi que les couleurs employées.
Une bonne histoire sur les stupides et inutiles assauts de la période Nivelle, avant qu'il ne soit remplacé par le Général Pétain.
C'est intelligent, avec une galerie de personnages (de l'imposant sergent Sabiane au petit lieutenant Katz, en passant par l'énigmatique "Puzzle") qui sont fort bien campés, le tout sans oublier la violence de la guerre.

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