La Mort d'Ivan Ilitch de Léon Tolstoï
(Смерть Ивана Ильича)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Un homme parmi bien d'autres...
Ivan Ilitch est un des conseillers à la cour d’appel. Lorsque sa mort est annoncée, elle provoque davantage de remous parmi son entourage professionnel que de chagrin. Qui va recevoir son poste, mais aussi, qui va dès lors libérer le sien et pourra y mettre un parent ou un ami ? Et puis, pourra-t-on bien jouer au whist ce soir ?…
Ivan Ilitch était lui-même fils de fonctionnaire et son père est décrit en quelques mots : « Tel était le conseiller intime, membre inutile de diverses administrations superflues, Ilia Iéfimovitch Golovine » Quant à lui, un de ses collègues et amis l'observe sur son lit de mort et pense : « Sur ce visage on lisait que ce qui devait être fait l’avait été, et comme il le fallait. »
Cet ami pense d’ailleurs d'abord à lui-même quand il rend visite à la veuve. Quoi ? Ivan Ilitch a terriblement souffert ? La souffrance et puis la mort ?… Quel est le sens de tout cela ?. Mais après tout, il ne s'agit pas de sa mort à lui mais seulement celle d’Ivan Ilitch et cela ne peut concerner que lui !…
Tolstoï fait alors un retour en arrière et nous compte la vie d’Ivan Ilitch. Sorti de l’école de droit, il a de nombreuses qualités dont celles d’être jovial, aimable et d’avoir l’art de plaire à ceux dont il a besoin. Capable et consciencieux, il monte assez vite dans la hiérarchie. Occupant un poste en province, il rencontre sa future femme, assez jolie, et pour laquelle il éprouve également certains sentiments.
Mais, bien vite, celle-ci devient tatillonne et jalouse. Les disputes éclatent de plus en plus souvent dans le ménage. Aussi, « Très rapidement, une année à peine après son mariage, Ivan Ilitch comprit que la vie conjugale, tout en comportant quelques avantages, était au fond une affaire compliquée et pénible… » N'oublions pas au passage que l'auteur de « Guerre et paix » était plutôt du genre misogyne et qu'il suffit de lire « La sonate à Kreutzer » pour en avoir la preuve.
Ivan Ilitch va donc se réfugier de plus en plus dans son travail et dans le whist avec ses collègues. Un jour, suite à une promotion, il s'installe à Pétersbourg. Lors de la pose d'un rideau, il fait une chute et ressent une forte douleur dans le côté. Il y fait peu attention, se dit qu’il n'y a qu’un bleu et que cela va passer. Cela ne passe pas et, au contraire, la douleur gagne et devient lancinante au point qu’elle arrive à le distraire de ses audiences. Commence alors sa lente descente vers la mort.
L'essentiel de ses questions, outre l'angoisse terrible devant la mort, réside dans le fait qu’il ne comprend pas pourquoi toute cette souffrance lui est infligée ! Il a pourtant toujours fait ce qu’il fallait et comme il le fallait. Il avait donc eu une bonne vie !… Pourquoi cette punition ?
Jusqu’au jour où : « C'est toute ma vie, ma vie consciente, qui n’était pas ce qu’elle aurait dû être. » et encore : « Tout ce qui te faisait vivre et dont tu vis, - c’est mensonge, tromperie, qui te cachent la vie et la mort. »
Un livre court, mais percutant et très bien écrit. Ivan Ilitch, devant la vie comme devant la mort, est le portrait d’un très grand nombre d'entre-nous.
Les éditions
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La mort d'Ivan Ilitch [Texte imprimé] Léon Tolstoï trad. du russe, préfacé et annoté par Françoise Flamant
de Tolstoï, Léon Marrou-Flamant, Françoise (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio bilingue (Paris).
ISBN : 9782070411535 ; 12,90 € ; 26/05/2000 ; 243 p. ; Poche -
La mort d'Ivan Ilitch [Texte imprimé], récit Léon Tolstoï traduit du russe par Boris de Schloezer
de Tolstoï, Léon Schloezer, Boris de (Traducteur)
Éd. Temps & périodes / Classica (Paris)
ISBN : 9782355860188 ; 15,53 € ; 24/02/2009 ; 1 vol. (125 p.) p. ; Broché
Les livres liés
- La Mort d'Ivan Ilitch
- La Mort d'Ivan Illitch, suivi de Maître et serviteur et de Trois morts
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Une réflexion sur la mort
Critique de Salocin (, Inscrit le 12 décembre 2012, 43 ans) - 27 mars 2013
Tolstoï dans cette nouvelle invite le lecteur à réfléchir à sa propre mort, pas seulement l'idée en elle même, mais aussi sur la façon dont celle-ci peut être vécue par la personne qui, se sachant condamnée, se rapproche jour après jour de son départ terrestre. Angoissant peut-être mais il intéressant que l'auteur achève son roman par une note joyeuse et optimiste, Ivan Ilitch part définitivement l'esprit libéré et heureux, en paix avec lui même. Espérons qu'il en soit ainsi pour chacun d'entre nous !
Il est question de notre propre mort, mais également de la mort d'autrui car Tolstoï aborde là un point fondamental : on délaisse la mort dans un coin de sa tête, peut-être en y repensant de temps en temps, mais quand la santé est bonne et que les affaires prospèrent, à quoi bon s'y intéresser ? La mort c'est l'autre, elle ne nous concerne pas, et ce d'autant moins que les personnes qui meurent autour de nous, nous rappellent à notre grande joie égoïste la force, la permanence de notre propre vie. Les autres meurent donc je suis. Cette idée revient plusieurs fois dans la nouvelle : " le fait même de la mort d'un ami éveilla comme toujours en tous ceux qui apprirent cette nouvelle un sentiment de joie : ce n'est pas moi, c'est lui qui est mort. Voyez donc ! Il est mort , et moi je vis ! Ainsi pensait-on ou sentait chacun."
C'est une attitude misérable, renforcée dans la nouvelle par l'égoïsme dont font preuve les amis d'Ivan Ilitch à sa mort : ils ne peuvent résister durant la soirée qui suit l'enterrement à jouer à une partie de cartes. La mort est très vite oubliée, les préoccupations quotidiennes reprennent rapidement le dessus. Egoïsme aussi car un des amis en apprenant la mort d'Ivan Ilitch pense alors immédiatement à la souffrance qui pourrait accompagner sa propre mort avant même de se désoler de la mort de son ami.
C'est une nouvelle dont la richesse contraste avec le style d'écriture d'une étonnante simplicité et d'un dépouillement total. Etonnante expérience de lecture et Tolstoï a su adopter le ton, le style juste qui donne au récit une vraie puissance.
Le livre que j'ai acheté comprenait une autre nouvelle, "Maître et Serviteur", tout aussi intéressante et qui traite également mais d'une autre manière, du thème de la mort. Cette dernière vient frapper brutalement un riche homme d'affaire, prisonnier de la neige, sa propre réflexion sur sa propre mort est ainsi plus spontanée et immédiate qu'Ivan Ilitch qui meurt quant à lui d'une maladie le condamnant lentement. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la fin de "Maître et Serviteur" car si le serviteur échappe de justesse à la mort, Tolstoï très finement n'oublie pas de conclure en résumant ce qui sera la vie restante du serviteur et ne manque pas de préciser qu'il mourra des années plus tard dans le calme et la quiétude. Inéluctable.
Saisissant et lucide
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 16 juin 2011
Ivan Illitch, bourgeois de bonne famille, vivait bien, « comme il faut ». Conseiller de la cour d’appel, il désirait, au plus haut point, l’ascension dans sa carrière. Ses dernières fonctions nourrissaient sa soif du pouvoir. Obtenant donc la réussite sociale et financière, tout va à merveille, jusqu’au jour où il apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable. Ce qu’il n’accepte pas.
La maladie et l’indifférence de l’entourage lui font prendre conscience de la vanité et de la superficialité de son existence. Ivan Illitch réalise que tout ce qui gravite autour de lui n’est que mensonge. À l’approche de l’agonie, il aurait préféré n’avoir personne, près de lui, sauf Guérassime, le domestique, qui éprouve de la compassion pour son maître. Il haïssait la présence de toute autre compagnie, même sa femme qu’il dévisageait, il lui en voulait pour l’éclat de son regard qui pétille la vie. Il se sent bien avec Guérassime. Toutes les raisons lui viennent à l’esprit pour garder cet homme bon, humble et sincère dans sa chambre. Puis repassant sa vie centrée sur les apparences, il se rendit compte qu’il a passé à côté de l’essentiel. Sa volonté de refuser la mort s’estompe doucement. Puis, aux derniers moments, il aurait voulu lui-même atténuer la douleur des autres à son chevet. Ce nouveau sentiment altruiste le régénère, lui permettant d’oublier ses souffrances et de mourir sereinement. « Je les fais bien souffrir, songea-t-il… Ils ont pitié de moi, mais il vaut mieux pour eux que je m’en aille : ils seront plus heureux… »La fin de vie d’Ivan Illitch, nous remplit d’émotions. Pour le lecteur, elle est sombre et triste parce qu’elle le renvoie à sa propre mort.
Avec quelle justesse de ton et de véracité cet auteur talentueux fait la description de la mort de son personnage principal. Tolstoï a su lui rendre, ses derniers moments de vie réconfortants, avec le même réalisme percutant qu’il utilise tout le long de cette sublime nouvelle, dont on sort remué et, qui fait réfléchir sur la condition humaine.
Jeu de dupes
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 30 mai 2011
Toutes les questions du pauvre homme restent sans réponse. Ses cris de souffrance résonnent dans un vide effroyable. Son entourage attend sa mort comme une délivrance et il le réalise. Une haine sourde s'empare alors de lui devant l'échec de sa vie. Lui qui croyait avoir vécu selon de bons principes et s'être bâti une existence valable découvre que tout cela n'était qu'illusions. Il prend conscience du jeu de dupes de sa famille et des mensonges qu'on lui sert jour après jour, de l'odieuse hypocrisie qui prévaut dans toutes les conversations et les bons mots qu'on lui prodigue et cela ajoute à l'horreur de sa condition de moribond.
Enfin, ce n'est pas une lecture facile ni très joyeuse. Tolstoï prend un malin plaisir à tout décrire en détail de l'agonie d'un homme. Il le fait tellement bien qu'on en vient à se demander s'il n'est pas déjà mort lui-même et ressuscité tellement il semble connaître toutes les étapes de la fin de la vie.
Bien sûr le style est toujours aussi puissant mais ne lisez pas cela si vous êtes le moindrement impressionnable car ici, le grand écrivain nous entraîne en enfer rien de moins. J'accorde une note parfaite car le récit est impeccablement construit et le style admirable malgré la noirceur du propos.
Un chef d'oeuvre!
Critique de OC- (, Inscrit le 4 mars 2011, 28 ans) - 8 mars 2011
Le début m'a fait peur, on peut alors croire que, durant ce court de récit de 100 pages, Tolstoï va nous conter l'histoire de la banalité en personne : riche, marié mais sans plus grand amour, quelques enfants, un bon travail dans un tribunal, bourgeois, dans la norme, >, etc...
Mais lorsqu'il tombe malade, il se rend compte. Il se rend compte que toute sa vie n'a été qu'un mensonge, que toute sa vie il n'a pas réellement touché au bonheur, que toute sa vie il n'y a même peut-être pas touché (la Vie).
Compassion, pitié de Tolstoï envers la vie des hommes comme Ivan Ilitch? J'y ai plutôt vu une critique, une diatribe envers cette homme : , voilà ce que nous dit Tolstoï. Vivons, tout simplement!
Sa vie aussi …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 15 juillet 2010
Puis Léon Tolstoï nous plonge dans ce qui fût la vie d’Ivan Ilitch (c’est bien beau de mourir mais il a fallu vivre !), et ce sera l’essentiel du roman, de cette grosse nouvelle. Ce n’est pas en vain qu’il nous retrace cet itinéraire de vie puisque ceci nous permettra de comprendre la relative indifférence de ses proches, hormis son fils, à son agonie puis son décès.
C’est donc la trajectoire d’un parvenu ( ?), au moins parvenu à une belle situation de juge, Conseiller à la Cour d’Appel, avec le pouvoir que cette fonction peut procurer (pouvait ?, en Russie). Un homme humainement peu intéressant, qui va de manière anodine se faire mal en tombant d’une chaise en installant des rideaux (Tolstoï n’a pas fait dans le glamour !), et de manière pas si anodine en souffrir, longtemps de manière sourde, puis jusqu’à l’agonie puisque probablement ce bobo était davantage qu’un bobo. Léon Tolstoï en profite donc pour dérouler de multiples considérations sur ce qui fait le pouvoir d’un homme, ce qui fait qu’on le respecte, comment sa déchéance peut arriver, … toutes choses éternelles et donc encore fort actuelles ! La mort, les conventions, les ressorts de nos sociétés, c’est ce sur quoi Léon Tolstoï s’est penché avec cet Ivan Ilitch.
J’y ai retrouvé la même atmosphère que chez Gogol, dans « Le nez » par exemple. Les proximités géographique et temporelle y sont pour beaucoup évidemment. Sauf que Gogol fait dans le fantastique quand Tolstoï reste dans le sociologique.
Expressionniste
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 17 octobre 2009
Toute blessent la dernière tue.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 16 octobre 2009
Faut-il faire semblant?
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 18 avril 2006
En une centaine de pages, Tolstoï pose quelques thèmes de première importance: le pouvoir de l'apparence, le poids des normes, la peur de la mort, l'absurdité de la maladie. Autant d'éléments forts qui s'imbriquent les uns dans les autres pour faire d'Ivan Ilitch un être physiquement fragile, à l'esprit tourmenté et aux certitudes cependant bien tenaces. Car même si dans les dernier sinstants, il réfléchit au sens de la vie, on réalise qu'il ne le fait qu'en termes de ce qu'il aurait fallu faire aux yeux des autres, pour autrui. On a beau dire qu'il n'y a plus de conventions à respecter à l'instant ultime, je constate qu'ici, il n'en est rien et jusq'à son dernier souffle, Ilitch tentera de tester la réussite de son bonheur personnel en fonction de normes, des usages et de coutumes. La remise en question personnelle ne l'est qu'aux yeux des autres et Tolstoï le démontre avec talent. L'ironie et la désinvolture avec lesquelles les émdecins considèrent leur aptient, qui s'en remet entièrement à eux, tout en les maudissant, témoigne aussi à mes yeux de cet enfermement dans les apparences et la normalité. On exécute sans aller voir plus loin ce que le médecin a ordonné, on se plie, parce que c'est ainsi. Toute sa vie, Ilitch restera cet homme enfermé dans ses repères. Le constat est amer et admirablement dressé par Tolstoï.
La vie, la mort et les conventions
Critique de Mieke Maaike (Bruxelles, Inscrite le 26 juillet 2005, 51 ans) - 9 décembre 2005
Du tout grand art.
Dégradation
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 20 octobre 2005
On monte vers la mort au lieu d'y descendre. Vers le rien, qui déjà s'empare de lui. Rien symbolisé par ces autres pour qui il devient un objet encombrant.
C'est un livre étouffant, lourd. Mais excellent.
Noir ? pas tant que cela…
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 23 août 2005
A la lecture de ces trois nouvelles de Tolstoï, le moins que l’on puisse dire c’est que nul n’a envie de danser la gigue…
La mort en est le sujet. Les agonies, la douleur ressentie et surtout la peur panique qu’elle suscite, sans doute chez l’auteur, mais aussi pour l’essentiel de ses personnages mis en scène.
Avec la mort, Tolstoï nous dit que nous trouvons là le meilleur moyen de nous regarder en face, elle nous révèle à nous même. Cette finalité dont tous nous sommes conscients mais qu’inconsciemment nous rejetons en ne pouvant nous imaginer ce moment venu fait de nous des être humains.
Tolstoï nous invite donc à apprivoiser cette « fatalité » et que ce soit Ivan Illitch, le Maître et le Serviteur ou Trois morts, chacune de ces nouvelles par la densité de l’écriture, la force issue de la simplicité des situation vécues, donne à chacun des atouts pour réfléchir et un jour vivre ou affronter la mort.
Une référence incontournable
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 5 août 2005
La vie d'Ilitch n'aura été que vanités. Que fausses satisfactions. Ilitch perçoit, au seuil de son trépas, que toute sa vie, il s'est trompé. Qu'il s'est menti à lui-même.
La nouvelle renvoie à la question fondamentale suivante : que faire de ma vie?
L'Homme essaie d'y répondre depuis six mille ans...
La plus célèbre agonie de la littérature
Critique de Lev (, Inscrit le 19 avril 2005, 35 ans) - 21 avril 2005
Mais ce n'est qu'un faux semblant ! C'est par cette simplicité, ce simple cri de désespoir contre l'absurdité de la mort et de la vie, cette incompréhension, que Tolstoï nous émeut, nous fascine, et nous fait réfléchir.
Oui, Ivan Iliitch est quelqu'un de banal, un homme ordinaire, qui a plutôt réussi dans la vie, aisé, marié, il a des enfants, et ne se pose pas trop de questions jusqu'à présent mais... voilà que la mort vient le surprendre...
Et tout à coup il est confronté à cette réalité inéluctable de la mort, oui mais pas seulement... aussi à la vanité de toute son existence ! Il se rend compte que cette vie, heureuse en définitive, ne vaut rien. Il a le sentiment que tout est vide en lui, il n'y a ni amour, ni compassion.
La mort d'Ivan Iliitch est la plus belle et la plus célèbre agonie de toute la littérature ! Tolstoï y exprime toute sa pitié pour notre condition d'homme ordinaire.
La vie et la mort
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 26 novembre 2004
Il nous fait ici le portrait d'un homme qui va mourir et qui regarde la mort qui vient vers lui ; et la mort lui pose la seule question, qu'elle posera à coup sûr à nous tous : "qu'as-tu fait de ta vie ?"
Ce n'est pas un livre à lire à la va-vite. C'est un livre grave et beau, qui pose la question essentielle du sens de la vie et de la mort.
Tolstoï a un art d'écrire qui n'appartient qu'à lui. Ici, il a pétri son personnage dans de la pâte humaine ; et il nous regarde en nous disant : toi non plus, tu n'échapperas pas à ton destin !
Cette histoire de la vie et de la mort d'Ivan Ilitch est un modèle du genre.
Au passage, on aura savouré, comme l'a fait Sybilline, les scènes entre médecin et patient (ça se passait il y a 120 ans et vraiment rien n'a changé).
On appréciera aussi, avec Saule, cette finesse d'observation des rapports entre les bien-portants de la famille et le malheureux mourant (là aussi, vraiment, rien ne changera jamais !).
Vous l'aurez compris, ce livre, de moins de 100 pages, est à lire doucement et à méditer longuement.
Une histoire simple, banale...et affreuse
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 11 août 2004
Cette histoire est d'autant plus affreuse que c’est la nôtre : on se marie, on fait des enfants, on rencontre quelques succès professionnels, bref le temps passe avec ses petits bonheurs…et puis on un jour on se retrouve sur son lit de mort en train d’agonir. On commence par nier la mort (cela n'arrive qu'aux autres), puis quand elle est là il faut l'affronter, une sorte de jugement dernier que l'on vit seul avec soi-même...ou seul avec un Autre.
Arrivé à ce moment Ivan Illitch ne peut plus tricher : il comprend que toute sa vie n’était qu’une mascarade, un écran destiné à lui éviter de se poser la vraie question, celle du sens de la vie et de la mort. Il devra l’admettre pour en finir de cette terrible agonie, entrer dans le sac noir dans lequel il sent que la mort veut le pousser et terminer les terribles tourments de son âme mourante.
Ce livre est un cri d’angoisse d’un écrivain génial face à la question métaphysique de la vie et de la mort. Même si on n’aime pas trop entendre parler de sa mort, je crois qu’il faut lire ce livre, afin d’éprouver le questionnement profond de celui qui est confronté avec la mort.
Sibylline mentionne la relation médecin–patient, que Tolstoï aborde avec humour et réalisme. Plus encore, j’ai été impressionné par la description des relations familiales lorsque la souffrance et la mort fait son entrée dans une famille. En particulier la terrible scène des fiançailles de la fille : il y a le père souffrant qui se sent accusé d’être le trouble-fête, la fille qui en veut insidieusement à son père de gâcher son plaisir. Il y aussi la croyance confuse de l’épouse que cette maladie de son époux est quelque chose de destiné à l’ennuyer. Finalement ce court livre décidément très riche contient aussi une critique de la haute bourgeoisie, de sa fatuité qui est mise en exergue par comparaison avec le brave domestique qui seul comprend et soutient son maître.
fascinant
Critique de Sibylline (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans) - 31 juillet 2004
La violence de cette découverte pour tout homme, est annoncée dès le début du livre lors de la visite qu’un ami fait à la nouvelle veuve. Comme on lui raconte la dure agonie d’Yvan, un moment, il réalise qu’il serait possible que cela lui arrive aussi. Et bien vite, il chasse cette pensée car il ne pourrait la supporter. Nous en sommes tous là, pauvres humains. A ne pouvoir regarder notre mort en face. Ilitch était ainsi également et en cela, il est notre frère.
Si Tolstoï, sur ses vieux jours est devenu d’une religiosité assez fanatique, par contre, il n’est guère question ici de religion. C’est à la rencontre, d’abord incrédule, puis épouvantée, de l’homme et de sa mort que nous assistons. C’est une rencontre matérielle et qui n’a rien d’abstrait. On n’y parle pas de monde meilleur, ni même d’une autre vie, mais bien de celle-ci, qui s’échappe.
Jules, dans sa critique (excellente) a été plus sensible au récit de la vie conventionnelle d’Ilitch; moi, ce que j’ai retenu de cet ouvrage, c’est le récit de sa mort, de sa découverte horrifiée de sa propre fin et là, il n’y a plus de convention qui tienne. La vie d’Ivan Ilitch, n’est pas notre vie, mais sa mort, c’est la nôtre, c’est celle de chaque humain. C’est l’humanité qui s’y retrouve.
PS : Quant au « rein flottant », si quelqu’un sait ce que c’est et si même cela existe vraiment qu’il ajoute un forum ci-dessous pour me l’expliquer.( Ah oui, les relations patient-médecin aussi valent la description.)
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