Les chaînes de l'avenir de Philip K. Dick

Les chaînes de l'avenir de Philip K. Dick
(The world Jones made)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par AmauryWatremez, le 12 juillet 2014 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 723ème position).
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Jones voit tout sait tout

Oui, j'avoue tout ami lecteur, je suis un compulsif dickien, et je me fais avoir deux fois sur trois quand Gallimard ressort des recueils de nouvelles prétendument inédites de cet auteur, une ou deux l'étant alors vraiment, et que « J'ai Lu » propose de nouvelles éditions de ses romans. Philip K. Dick, l'auteur de SF le plus adapté au cinéma, est aussi un des plus intéressants à lire et relire.

Je l'avoue aussi, quand je vois la couverture « design » et chic de cette réédition d'un roman de Phil Dick de 1956, j'ai la nostalgie des illustrations « bis » et un peu plus mal élevées des années 70 et 80 quand les livres de l'auteur de « les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » étaient moins populaires parmi les z-élites. Dick est maintenant « in », ses héritiers ont de quoi mettre de côté pour longtemps, contrairement à leur père qui a tiré le diable par la queue jusqu'au bout, ne connaissant un semblant de confort matériel que quelques mois avant sa mort.

Dans ce livre, on sent encore un petit peu l'influence de Van Vogt, du fait des enjeux « cosmiques » et de cette histoire autour des mutations des personnages, mais Dick a acquis sa personnalité d'auteur, son sens de l'absurde et du grotesque et le roman est déjà « dickien », les éléments de SF étant déjà comme dans les autres récits de l'auteur « implicites ».

On ne sait pas comment fonctionnent les vaisseaux spatiaux ni par quel miracle les véhicules de l'avenir selon Dick volent, mais peu importe car ce n'est pas le plus important, l'écrivain explorant l'instinct grégaire des êtres humains, leur incapacité à construire une société juste et équitable.

Jones, un mutant qui exerçait ses talents dans les fêtes foraines étant jeune, puis qui devenu pasteur et gourou finit par devenir le dictateur de toute la planète, peut voir l'avenir à un an. Une guerre nucléaire sans vainqueurs ni vaincus a entraîné la perte de tous les idéaux, toutes les valeurs et domine un relativisme absolu que l'on ne doit pas contredire sous peine de finir en camp de rééducation, un peu notre société poussé à l’extrême ainsi qu'on le voit sur Internet où contredire les certitudes de l'internaute « lambda » conduit à une avalanche d'injures.

Et il a aperçu le danger que représente les « dériveurs », des « aliens » constitués d'une seule cellule, apparemment inintelligents et sans conscience ; bien entendu il n'en est rien. Il a décidé d'agir, croit-il pour le Bien de l'humanité, en profitant de sa capacité à prévoir l’enchaînement logique des événements qu'impliquent ses actes, devenant un tyran abject fanatisant les foules. Il voit aussi bien entendu le moment de sa chute et sa fin, il l'entrevoit d'ailleurs avec philosophie l'ayant déjà vécu et ne pouvant pas l'éviter.

Le lecteur suit en parallèle le destin de sept mutants vivant dans une « bulle » spécialement aménagée pour eux. L'on découvre qu'ils ont été créés par l'homme à la suite d'expérimentations odieuses, afin de pouvoir envoyer des colons terrestres sur Vénus adaptés à l'atmosphère et au biotope de cette planète telle qu'on la voyait dans les années 50 : recouverte de jungles, tropicale, humide. Ce sont eux qui auront le destin le plus agréable à la fin, reconstruisant une humanité nouvelle libérée de contingences anciennes.

Et comme nous sommes chez Dick, l'on suit un couple qui se déchire, le mari étant un notable de la police secrète et l'épouse devenant par frustrations accumulées un soutien les plus ardents de Jones. Plutôt que de rester sur une terre qui meurt doucement, ceux-ci finiront par émigrer sur Vénus et seront considérés par les mutants comme un souvenir de ce qui fût leur berceau.

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Les éditions

  • Les chaînes de l'avenir [Texte imprimé] Philip K. Dick traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet
    de Dick, Philip K. Huet, Jacqueline (Traducteur)
    J'ai lu / J'ai lu. Science fiction
    ISBN : 9782290033555 ; 6,00 € ; 14/05/2014 ; 221 p. ; Broché
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Oeuvre de jeunesse

5 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 12 mars 2023

Irma, Louis, Franck et quatre autres humains doivent vivre reclus dans une bulle boueuse et spongieuse appelée « Le Refuge ». Ils sont considérés comme des mutants supérieurs. Personne ne les oblige à rester là. Mais ils savent que s’ils quittent l’endroit, il leur sera impossible de survivre à l’extérieur car leurs organismes sont trop faibles pour résister aux conditions de vie réelles. Un certain Floyd Jones qui prétend être en train de revivre une année d’une vie qu’il a déjà vécue fait des prédictions devant quelques badauds dans une foire. Il annonce à Cussick, agent des services secrets de la Polsec, la montée au pouvoir du chef du parti nationaliste. Floyd ayant de nombreux disciples et représentant un danger pour le pouvoir est vite jeté en prison. Pourtant, un grave danger menace la Terre, une invasion de « Dériveurs », sortes de protozoaires venus de quelque part dans l’espace, ressemblant à des poulpes ou à des méduses, mous, lents et sans véritable conscience ni consistance, mais terriblement dangereux quand même car capables de limiter les voyages spatiaux.
« Les chaines de l’avenir » est un roman de science-fiction du grand Philip K. Dick, publié en version française en 1976, mais écrit en 1954 et paru aux Etats-Unis en 1956. Le lecteur découvrira une œuvre de jeunesse avec toutes ses faiblesses mais aussi quelque chose de très daté et qui semble mal supporter l’épreuve du temps. À cette époque, le monde venait juste de découvrir avec les bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki, la possibilité pour l’homme de complètement détruire son environnement. Ce fut un épisode charnière pour la science-fiction à l’origine optimiste et faisant une confiance aveugle dans la science et le progrès qui découvrait soudain l’éventualité d’un futur beaucoup moins réjouissant et abandonnait toute naïveté. Dans cet ouvrage, Dick ne se montre visionnaire que pour avoir pressenti la nécessité du transhumanisme. Les humains même entrainés ne pouvant s’adapter aux conditions de vie d’une autre planète, il imagine qu’on pourra améliorer leurs capacités physiques en créant des êtres adaptés dès la conception comme ce bébé au génome trafiqué doté de mains et de pattes palmées ainsi que de narines pouvant se fermer à volonté. En dehors de ça, rien de bien original, juste une intrigue sans grande consistance, des situations assez mal développées et des personnages assez peu intéressants. Pas du tout le meilleur de Dick. Lu juste par curiosité pour la genèse d’une œuvre littéraire foisonnante et hors du commun.

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