La Grande Guerre de A à Z sans passer par le pain KK

Le "Dictionnaire de la Grande Guerre" est un ouvrage qui ne se contente pas d’être un dictionnaire et nous reviendrons sur ce point. En matière d’entrées, il a fallu faire des choix et ceux qui s’intéressent aux monuments aux morts (pacifistes ou non), au plus célèbre des mutins (Vincent Moulia, un Landais), au féminisme (deux tiers d’une page sont consacrées à Hélène Brion, institutrice à Pantin) auront beaucoup de plaisir à en savoir plus sur ces questions.

Par contre ceux qui auraient souhaité une vision synthétique de l’action d’Aristide Briand (sans qui le front d'Orient n'aurait pas été) seront déçus de ne pas trouver d’entrée au nom de celui qui fut assez longuement Président du Conseil durant la Grande Guerre (un ouvrage écrit par Christophe Bellon sort heureusement fin 2014 autour de cette question). Un autre instituteur est assez largement présent, il s’agit du caporal Peugeot le premier mort français du conflit. Ernest Pérochon, instituteur avant et juste après le conflit, est cité dans le texte intitulé "campagne française" pour son ouvrage "Les gardiennes".

Le "Dictionnaire de la Grande Guerre" ne se contente pas de traiter des noms propres et propose de fort intéressants articles entre autres sur les prisonniers de guerre. Plus inattendus, mais non moins intéressant sont les textes autour de mots comme "rat" ou "rumeur". L’article "rumeur infâme" (concernant la position du pape et de certains curés par rapport au conflit) aurait gagné à être placé dans le texte "religion". Par ailleurs l’entrée "religion" n’évoque que les positions des catholiques, alors que les aspects protestant, juif et musulman de concevoir cette guerre ne trouvent ni là ni ailleurs une approche conséquente. On découvre dans l‘entrée "superstition des tranchées " que c’est Guillaume Apollinaire qui a rapporté dans le "Mercure de France" qu’un ticket aller-retour pour la station de métro Combat portait chance s’il n’avait été poinçonné que pour l’aller. Guillaume Apollinaire se voit d’autre part consacrer un article propre, on se reportera à "La Grande Guerre d'Apollinaire : Un poète combattant" d'Annette Becker pour en savoir un peu plus.

On note l’erreur trop fréquente dans les publications actuelles de ne pas distinguer un élu radical d’un parlementaire républicain-socialiste, dans le "Dictionnaire de la Grande Guerre" on pointe cela page 408 avec Anatole de Monzie. Des chiffres intéressants et mal connus sont donnés dans divers domaines ; ainsi dans l’article "femmes" apprend-on que de 10 000 divorces annuels à la fin de la Belle Époque, on passe à 20 000 en 1919 puis à 30 000 en 1920. De plus ce ne sont plus les femmes mais ce sont les hommes qui demandent majoritairement le divorce pour ces années d’immédiate après-guerre.

Jean-Yves Le Naour a rédigé une soixantaine de pages d’introduction en les structurant autour de deux points. Le premier évoque les raisons qui permettent de comprendre entre autre les responsabilités dans le déclenchement de la guerre, la ténacité des poilus et combattants d’autres nations, la défaite de l’Allemagne. Le deuxième ensemble propose la chronologie de la Grande Guerre, en dégageant des périodes et en les caractérisant de façon pertinente. Il est à noter que pour certains articles de la partie à proprement parler du dictionnaire, Jean-Yves Le Naour a fait appel à des chercheurs comme Jean-Noël Grandhomme, Nicolas Beaupré, André Loez, Nicolas Offenstadt, Antoine Prost…

On regrettera l’absence d’article sur le Japon et la Chine car la manière dont l’un et l’autre de façon différente s’engagent du côté des Alliés va avoir des conséquences importantes sur leurs relations mutuelles et leur politique intérieure.

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  Dictionnaire de la grande guerre

  de Le Naour, Jean-Yves
  Larousse
  ISBN : 9782035897466 ; 9,90 € ; 30/04/2014 ; 504 p. ; Broché

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