Louis XVI et sa chère tête...

Ce soir, lors de la finale de la coupe de la Ligue en France, la Marseillaise va retentir, une fois de plus, braillée - il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce qui va se passer - par un groupe de supporters éméchés...

Le 14 juillet, la Marseillaise, la Bastille sont autant de mots clefs, de mythes qui nous ramènent à cette Révolution Française, à Louis XVI, au début de notre séparation d’avec ces rois qui, eux aussi, ont construit la France. Il me semble bon de se pencher sur notre histoire, non pour nier l’importance de la Révolution, mais pour remettre chaque événement à sa place. Si symbolique soit-elle, la prise de la Bastille n’est pas l’arrivée de la liberté et de la démocratie en France !

L’importance de cette biographie d’Evelyne Lever est de nous faire toucher du doigt que Louis XVI n’était pas un tyran, un dictateur ou un bourreau. C’était, comme elle le montre si bien, un roi par obligation, un chef d’État malgré lui, un frustré professionnel puisqu’il aurait préféré être horloger ou homme à tout faire du château de Versailles…

Imaginez un homme intelligent, curieux, scientifique, voyageur, cultivé, pétri de bonnes intentions, façonné par les Lumières… mais doté d’une incapacité à se décider ! C’est probablement là le grand défaut de Louis XVI. S’il n’avait pas été de descendance royale, il aurait mené une vie paisible de chercheur, de bricoleur, d’artisan… Il a été forcé d’être roi et il a vécu le drame d’une révolution qu’il n’a jamais vue venir, incapable de comprendre ce qui se passait !

Evelyne Lever – comme son mari Maurice malheureusement disparu – est une grande spécialiste du dix-huitième siècle. Elle nous plonge dans cette période avec moult détails qui permettent de sentir ce que le peuple ressentait, de comprendre les grands enjeux de la démocratisation du pays, de percevoir les grands enjeux économiques, de découvrir les erreurs des uns et des autres… On y rencontre, bien sûr, Marie-Antoinette, une femme à qui l’auteure a consacré plusieurs ouvrages tant sa personnalité méritait d’attention, au-delà des clichés…

Reste la révolution elle-même. Une période de crise énorme, inconcevable dans ses détails quotidiens : comment imaginer autant d’exécutions capitales dans un pays dit civilisé ? Celle de Louis XVI fut un moment fort. Quand sa tête est tombée, quand elle fut montrée aux Français rassemblés sur la place de la Concorde, on entendit un grand « Vive la nation ! ». Puis, « à ce cri succéda bientôt le plus profond, le plus morne silence. »

Le grand chapitre de l’ouvrage porte le titre de « Louis est-il coupable ? ». C’est une petite réflexion qui renvoie dos à dos les procureurs intransigeants de Louis et ses défenseurs inconditionnels. Oui, il est bien temps de comprendre que nous sommes à la fois ceux qui ont bénéficié de l’ancien régime dont les traces, positives ou pas, sont nombreuses mais aussi les bourreaux de Louis, mort sous nos acclamations. Il nous faut assumer cela en ce 14 juillet, le bon et le pire d’une histoire populaire, celle de la Nation française !

Une belle biographie à lire et relire jusqu’au moment où nous comprendrons qui nous sommes, d’où nous venons et que nous serons capables de construire l’avenir de nos enfants ! Oui, parfois, une fête footballistique peut nous pousser vers de plus grands desseins !

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  Louis XVI

  de Lever, Évelyne
  Fayard / Pluriel
  ISBN : 9782818504000 ; EUR 12,00 ; 07/05/2014 ; Poche