Que disent les études sur les femmes ?

Ce livre, publié en 1997, regroupe les résultats d’une recherche demandée par le Service des droits des femmes du ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville. Il s’agit d’une sorte de revue de littérature dont l’objet est les recherches, féministes ou non, sur la femme depuis 1789 en France, dans le domaine du travail et de la famille (partie 1), du corps et de la sexualité (partie 2) et de la politique et du pouvoir (partie 3).

L’auteur, Cégolène Frisque, est la personne qui a réalisé cette synthèse. Elle ne précise malheureusement pas selon quels critères elle a retenu les travaux qu’elle cite, si ce n’est qu’elle a essayé de s’appuyer sur tous les champs disciplinaires. Elle met ces différentes recherches sur le même pied d’égalité concernant leur pertinence et leur rigueur, même si elle souligne pour chacune leurs limites. Elle précise elle-même que les travaux des féministes sont militants. On peut donc raisonnablement penser que leurs auteurs doivent se prémunir par une méthodologie rigoureuse des biais cognitifs qui pourraient nuire à l’objectivité de leur étude ; rien n’est exposé à ce sujet.

C. Frisque analyse donc ici des travaux de philosophes, sociologues, historiens, psychanalystes et anthropologues. Elle distingue deux tendances, deux courants qui ont mené les débats dans les années 80 autour des notions de genre et sexualité, et qui sont, je pense, toujours présents aujourd’hui dans les discussions. C’est à travers eux qu’elle décrypte la place de la femme, ses représentations et ses rapports avec l’ensemble du corps et des institutions sociales. Ces deux approches conçoivent également différemment la genèse des disparités hommes-femmes et leurs conséquences sociales.
Selon la première, l’origine des disparités hommes-femmes est une construction qui s’explique historiquement et par des facteurs sociaux. Elle essaie d’expliquer « rationnellement » l’exclusion et la domination des femmes. Elle souhaite changer les rapports entre les sexes, et « établir l’égalité dans la différence ». Le risque étant de tomber dans un déterminisme culturel, en naturalisant la domination qui a toujours des explications objectives.
La seconde approche conçoit ces disparités comme découlant de la « nature » de la femme, de sa dimension sexuelle. Elle souhaite changer les représentations sur les sexes, et non plus leurs rapports. Elle cherche à valoriser la singularité de la femme et selon elle la seule perspective égalitaire est le « non-genre ». C’est donc un déterminisme biologique qui sous-tend cette conception, qui est souvent celle des psychanalystes. Cette seconde approche est remise en cause par la première, qui précise que les contours entre les sexes sont très flous, et que la réduction dualiste à deux classes (féminin et masculin) est une construction sociale.

C. Frisque conclut en précisant le risque des débats et des recherches de ce domaine. Il s’agit de ne pas retomber dans une renaturalisation des différences hommes femmes, qui serait donc immuable. Cette phrase de NC. Mathieu citée page 110 résume selon moi cette notion importante « Que des sociétés s’appuient sur la différence des sexes dans l’ordre de la reproduction pour créer des différences dans l’ordre du social ne doit pas entraîner à penser que la cause en est dans la différence biologique » (L’anatomie politique, p53).

Voilà ce que j’ai retenu de cet ouvrage. Je pense que ma présentation n’est pas exempte d’erreurs d’interprétations plus ou moins importantes ; peut-être très importantes. Ma conception du « genre », des « sexes » et des débats éthiques qui entourent ces notions devrait s’étioler au fil de mes lectures. Il me semble que L’objet femme est une bonne entrée dans ce domaine.

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  L'objet femme

  de Frisque, Cégolène
  la Documentation française
  ISBN : 9782876784031 ; 13,72 € ; 19/06/1998 ; 150 p. ; Broché