Hindenburg, Tome 2 : L'orgueil des lâches de Patrick Cothias (Scénario), Patrice Ordas (Scénario), TieKo (Dessin)

Hindenburg, Tome 2 : L'orgueil des lâches de Patrick Cothias (Scénario), Patrice Ordas (Scénario), TieKo (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes , Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par JulesRomans, le 1 mars 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 3 899 

Peut-on en histoire tout fureter ? Oui mais peut-être pas avec le monde des déportés

Cette fiction s’est terminée au tome 1 par l’arrivée de l’héroïne Diane au début de l’année 1936 au camp de concentration de Dachau. Le scénario prend un certain nombre de libertés vis-à-vis de ce que pouvaient être les camps de concentration en Allemagne et on est doublement mal à l’aise dans les premières pages de ce fait. Tout d'abord devant l’horreur mise en scène et devant le fait qu’il est facile d’y voir un risque de conforter le négationnisme.

Une fois passée ces huit premières pages, qui se terminent par une évasion de l’héroïne peu crédible, on est dans l’univers des personnages spirites. L’objectif énoncé dans le premier tome, à savoir agir grâce à des médiums sur les orientations de la politique américaine, n’est pas développé dans le second, on passe par l’étape intermédiaire de la manipulation de l’esprit du général Franco afin qu’il s’engage dans la conduite d’une rébellion.

Est-il plus profitable de conforter les idées reçues que de faire tâche d’historien ? Les scénaristes l’ont pensé et le dessinateur l’a fait. En effet avant le début du putsch le seul personnage que les autorités allemandes avaient intérêt à manipuler était Mola (d’ailleurs cité incidemment) et le dialogue entre le général Franco et un colonel de ses parents tient de l’anachronisme durant toutes les cases de la page 12. Par ailleurs prêter à Franco l’initiative d’avoir annulé les jeux olympiques de Barcelone sans l’expliciter a le génie de faire perdre un peu plus les repères tant sportifs, que politiques et militaires du lecteur (qui a priori n’est pas professeur d’histoire). Avec le slogan "Viva la muerte, camarade" attribué à des républicains, on rajoute une confusion de plus.

Pour le reste les libertés que prend la fiction relèvent de la dimension fantastique qui est la marque d’origine de cette BD qui n’est ni historique, ni uchronique. Ceci nous amène à suivre l’héroïne (journaliste canadienne) et Peter Braun (descendant d’un chamane indien) à parcourir les rues de Barcelone où ni les anarchistes ni les religieux espagnols ne sont mis en situation valorisante. Diane et Peter Braun en ramènent un parent de ce dernier.

On passe ensuite dans la France du Front populaire avec la rencontre de Salengro depuis peu (et plus pour longtemps) ministre de l’Intérieur, ce passage intègre très habilement ce que l’histoire nous dit à l’intérêt de faire progresser l’action pour ajouter une quatrième personne. Après il y a un passage par l’Italie fasciste au début 1937 où deux des quatre héros se font souffler Angelina (une autre descendante du chamane indien) devenue bonne sœur car cette dernière est enlevée par les Allemands. Ceci conduit notre journaliste à partir se faire parachuter en Allemagne afin de sortir l’ex-religieuse des mains des nazis or Angelina ayant sympathisé avec une medium juive également retenue, il semblerait qu’elles comptaient agir à leur propre initiative…

Le graphisme bien fouillé, avec de belles couleurs brillantes et un rendu expressif des visages, est fort plaisant tandis que le découpage de la page s'adapta à l'intensité plus ou moins forte de l'action.

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