Qu'est ce que "l'anarchisme" ?

J’ai emprunté ce livre dans le but d’approfondir (ou plutôt de débuter) ma connaissance de l’anarchisme. Jusqu’alors, j’employais ce mot pour caractériser de manière ironique des comportements rebelles, ou pour désigner l’orientation politique de certaines personnes dont je pensais qu’ils étaient pour la démantèlement de toute structure administrative ou judiciaire sensée faire respecter l’ordre. « La bande à Bonnot », depuis ma lecture récente de Adieu Cayenne d’Albert LONDRES était le seul groupement que j’arrivais à étiqueter comme anarchiste, et aucun nom d’individu célèbre ne me venait à l’esprit. Je me doutais que ma vision de l’anarchisme était très parcellaire, voire complètement à côté de la plaque, d’où mon envie de lire un ouvrage sur le sujet. Dans la section « idéologie » de ma bibliothèque municipale, de nombreux livres sur le sujet étaient présentés. J’ai choisi celui-ci tout simplement parce que sa couverture était attractive et surtout parce que sa bibliographie semblait riche. Je ne suis pas déçue de mon choix. L’Histoire de l’anarchisme conviendra donc sans doute aux personnes comme moi qui ne connaissent rien au sujet, mais peut-être aussi à ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance, car l’auteur réalise une synthèse assez riche et étayée sur le plan documentaire.

L’auteur, qui est présenté par l’éditeur comme un « historien de la philosophie », commence avec un avant-propos qui m’a semblé pertinent. Il y précise que l’ouvrage n’a pas vocation à présenter de manière exhaustive l’histoire de l’anarchisme, qu’il a dû faire des choix parmi les personnalités représentatives du courant, et qu’il a aussi élargit le sujet autour de ses prolongements historiques (il citera par exemple brièvement les cyniques, les hérésies du 12ème et 13ème siècle, Jean Meslier au 17ème etc) et idéologiques (il traitera rapidement de mai 68, des anarcho-capitalistes, des libertaires de droite, ou encore de l’écologie). Il ne le mentionne pas, mais ce livre traite de l’anarchisme essentiellement tel qu’il a été présent en Europe (il évoque brièvement le cas des Etats-Unis, mais on n’a quasiment aucune info sur les spécificités des autres ères géographiques).

Jean Préposiet ne considère pas l’anarchisme uniquement comme une doctrine politique mais aussi comme « une manière de vivre, d’appréhender le réel ». Il définira tout de même son sens politique en s’appuyant sur la définition de FAURE (1934). Il remet en cause son emploi dans un sens vulgaire, qui serait synonyme de chaos, désordre. Selon Elisée RECLUS, grande figure de l’anarchisme, ce dernier « est ni plus ni moins la plus haute expression de l’ordre », car celui-ci peut s’établit spontanément.
L’auteur revient dans une des premières parties sur les caractères psychologiques et philosophiques qui conditionnent l’adhésion à l’anarchisme. J’ai trouvé ces passages peu pertinents.

Ensuite nous sont présentés les « grands théoriciens » de l’anarchisme, du XIXème et XXème siècle: STIRNER, PROUDHON (considéré comme le père fondateur), BAKOUNINE, TOLSTOI, KROPOKTINE, MALATESTA. L’accent est plutôt mis sur la description de leurs pensées et de leurs écrits plutôt que sur leurs actions concrètes.

Une dernière partie assez importante non encore abordée traite du lien entre action violente et anarchie (avec notamment le cas de TKATCHEV). J’ai eu la sensation que l’auteur minimisait leur ampleur, notamment en les comparant au terrorisme d’aujourd’hui.

Ce qui m’a le plus intéressé dans cet ouvrage n’est finalement pas ce qui traite à proprement parler de l’histoire de l’anarchie, mais plutôt ce qui questionne la signification de l’anarchisme en tant que doctrine politique ou manière d’être. Parcourir l’histoire permet cependant de donner des éléments de réponse.

• 

  Histoire de l'anarchisme [Texte imprimé] Jean Préposiet

  de Préposiet, Jean
  Tallandier
  ISBN : 9782847341904 ; 26,74 € ; 17/06/2005 ; 510 p. ; Broché

  Go Amazon