Fritz Haber, Tome 4 : Des choses à venir de David Vandermeulen

Fritz Haber, Tome 4 : Des choses à venir de David Vandermeulen

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire , Enfants => 12-15 ans , Bande dessinée => Adultes

Critiqué par JulesRomans, le 18 janvier 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 9 étoiles
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Voici le quatrième tome d’une série que l’on aurait pu croire terminée puisque l’on avait suivi l’évolution d’un homme Fritz Haber en remontant le temps avec lui pour une bonne part de son existence. En 1934 alors qu’il est de passage en Suisse, un malaise lui cause des visions sur sa vie à partir de 1888 alors qu’il est étudiant jusque un peu au-delà du sinistre jour d’avril 1915 où à Ypres son gaz mortel (du chlore) est testé. Ceci lui vaudra, ajoutons-nous d’ailleurs d’être sur la liste des criminels de guerre et un court premier séjour en Suisse en 1919.

Le troisième tome se terminait en juin 1915 avec une rencontre entre Haber et Einstein puis la visite que rendait ce dernier à Barbusse en Suisse lors du mois de septembre 1915. Le quatrième tome démarre avec des échanges entre un ancien chancelier allemand et Fritz Haber à la fin de 1915 à Lucerne, où sont évoqués les projets sionistes. Ceci est l’occasion de voir (pages 46 à 49) la visite que fit Guillaume II en Palestine en 1898 et sa rencontre sur place avec Théodore Herzl. Malgré l’habileté avec laquelle lui avait été vendue l’idée qu’il serait bon de faire de la Palestine un état de culture en partie germanique (avec l’arrivée de populations européennes maîtrisant l’allemand) et de faire dévier le militantisme révolutionnaire de certains juifs vers un projet nationaliste, le kaiser ne poussa guère d’actions en ce sens. En effet, rien ne put se faire faute de l’acceptation de la Turquie (maîtresse du territoire historique sur lequel vivaient les juifs) et de pays comme la France (traditionnelle protectrice des lieux saints et des populations chrétiennes de la région) ainsi que de l’Angleterre (ne désirant pas un état au devenir incertain à deux pas du canal de Suez).

On voit ensuite comment l’idée de création d’une Palestine fortement peuplée de juifs progresse en Angleterre et qu’elle a pu être utilisée (par le Royaume-Uni) comme un argument pour freiner toute revendication d’un mandat français sur la Palestine à l’issue d’une guerre victorieuse. Une des justifications avancées ici serait un remerciement envers Chaim Weizmann (un juif russe naturalisé anglais) pour la synthèse de l'acétone, un composant de la cordite qui sert pour les explosifs, me semble plus discutable. L’appui financier et humain des juifs américains, souhaité en échange de la déclaration Balfour, nous semble plus évident.

Ces discussions à Londres se font alors que les armées anglaises s’emparent progressivement de la Terre sainte, en utilisant ponctuellement les gaz contre les soldats turcs ; ultérieurement on voit les troupes anglaises entrer dans Jérusalem en décembre 1917 (ce sont les deux dernières pages qui closent le livre). Pendant ce temps les soldats anglais sur le continent font face à un nouveau gaz plus dangereux car traversant les vêtements, c’est le gaz moutarde.

Avec un style bien particulier, imitant les vieilles photographies en sépia, cette série permet de rappeler que les populations juives germaniques (mais ce fut également le cas dans les autres pays d’Europe occidentale) adhérèrent autant au discours nationaliste que les populations de culture chrétienne. Cela se traduisit par une utilisation des avancées scientifiques dans un but de faciliter la victoire de son camp et ainsi, comme Haber le déclarait, hâter la fin d’une guerre dont l’issue n’était pas en vue tant qu’un moyen de percer le front n’était pas trouvé, puisque la négociation ne se trouvait pas à l’ordre du jour. Par ailleurs elle prend un autre tournant pédagogique, en mettant en exergue la déclaration Balfour de 1914 où le Royaume-Uni se déclare en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif.

Si un conflit est né entre juifs et Arabes en 1947, ce n’est pas uniquement du fait de la Shoah. Entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes voisins perdure une question née du fait qu’une puissance (l’Angleterre), qui entend devenir mandataire de la Palestine, s’est engagée en 1917 (moment où on comptait 80 000 juifs pour 650 000 Arabes musulmans ou chrétiens) toutefois en ces termes :

« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».

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  Fritz Haber 5 Shelton 19 janvier 2014 @ 07:44

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