Assimilation : la fin du modèle français de Michèle Tribalat
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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La fin de la France?
La question migratoire est sans aucun doute le sujet de société le plus prégnant de ce début du XXI ème siècle, pour la France mais aussi pour le reste des pays européens. Confrontés à une immigration massive, voire incontrôlée et à ses corollaires, les pays de l'Union Européenne peinent à réagir de manière adéquate. Ce qui était vrai en 2013 lors de la rédaction de ce livre, l'est encore plus en 2016 avec la crise "des migrants" de 2015 qui se poursuit aujourd'hui encore.
Michèle Tribalat, chercheur à L'INED et spécialiste de l'immigration en France a lancé un pavé qui a défrayé la chronique: largement récupéré par la classe politique et notamment par le Front National, son travail s'inscrit pourtant dans une démarche qui cherche à s'affranchir des partis-pris.
La question de départ est simple: La France peut-elle perpétuer le modèle de l'assimilation qui lui a permis d'inclure les populations importantes depuis un siècle et plus désormais? Terre d'immigration par excellence, la France a en effet plusieurs dizaines d'années d'avance sur ses voisins mais accueille aujourd'hui beaucoup moins de personnes que ses voisins européens comme l'Angleterre, l'Allemagne ou la Suède.
Pour répondre à cette question, Michèle Tribalat articule son ouvrage en trois grandes parties:
Dans la première, elle démontre statistiques à l'appui que notre pays demeure un pays d'immigration et que si les flux d'immigrants (encore une fois, ceci dans une situation normale, alors que nous vivons une situation anormale depuis deux ans) demeurent à ces niveaux le potentiel d'accroissement de la population d'origine étrangère est très important au point que dans certains pays européens, les natifs deviennent minoritaires d'ici 40 ans.
Dans la seconde, et c'est véritablement le sujet qui fâche, Michèle Tribalat introduit la question de l'Islam en France. Par son dynamisme démographique (la fécondité des femmes musulmanes est plus important que celle des natives), son endogamie, sa volonté de se démarquer du reste de la population via la religion comme moyen de revendication identitaire, cette nouvelle donne rend le modèle français, l’assimilation (i.e l'abandon des marqueurs identitaires d'origine pour adopter ceux de la population du pays d'accueil) de plus en plus difficile à mettre en place.
D'autant plus, et c'est l'objet de la dernière partie, que notre pays exerce à plein de dénigrement de soi, une perte de confiance dans son histoire et ses valeurs qui rendent l'adhésion à ces valeurs très difficile pour les nouveaux arrivants. Une valorisation des immigrants par la gauche (Terra Nova) aux dépens des classes populaires des natifs a conduit à un ressentiment généralisé et à une séparation de fait des populations en fonction de leur ethnie. Impossible donc d'exercer cette attraction culturelle sur des populations qui ont des contacts a minima avec la population soi-disant de référence. D'autant que pour couronner le tout, l'Europe, dominée par les pays anglo-saxons prône non pas l'assimilation mais l'intégration des populations immigrées.
Le mérite de ce livre est de mettre à plat des vérités via les outils scientifiques disponibles (il y a beaucoup de progrès à faire en la matière selon l'auteur) quand l'observateur lambda observe ce qui se passe dans son environnement. Les populations indigènes sont peu à peu remplacées par des populations allogènes qui veulent faire sécession. C'était vrai en 2013, ça l'est d'autant plus en 2016 avec la crise des migrants et la revendication d'un Islam politique qui se fait de moins en moins discret (attentats bien sûr mais aussi l'affaire du burkini qui est symptomatique à plus d'un titre)
Les éditions
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Assimilation [Texte imprimé], la fin du modèle français Michèle Tribalat
de Tribalat, Michèle
Éd. du Toucan
ISBN : 9782810005536 ; 22,00 € ; 25/09/2013 ; 352 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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Assimilation et Civilisation !
Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 18 août 2020
Reprenons donc les événements à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale… Pour reconstruire la France, l’État Français a fait appel à une main d’œuvre étrangère massive. Après avoir eu recours à de la main d’œuvre Européenne, la France a également fait appel à des ouvriers extra-européens (en provenance des pays Arabo-musulmans). Il y eut des accords bilatéraux conclus avec certains pays, comme l’Algérie. Par exemple, les Accords d’Évian signés à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962, ont permis la libre circulation des Algériens en métropole.
Puis, l’immigration de travail diminua provisoirement en 1973-1974. Entre 1975 et 1999, cette croissance de l’immigration se stabilisa à un niveau de croissance de 11 %, comparable à celui des natifs au carré (expression ultra « diplomatique » de Michèle Tribalat pour nommer les Français de « souche », c’est-à-dire les Français nés en France de deux parents nés en France). Cependant… (page 58) :
« Depuis 1999, la population immigrée a augmenté de 24 % en 10 ans. Le nombre de natifs n’a progressé, lui, que de 5 % sur la même période. La proportion d’immigrés est donc passée de 7,4 % en 1999 à 8,5 % en 2009. En termes relatifs, l’accroissement de la proportion d’immigrés est voisin de celui observé pendant les Trente Glorieuses, période que personne n’oserait qualifier de stagnation migratoire. La France est donc sortie de sa phase de faible intensité des flux migratoires qui a effectivement suivi la suspension de l’immigration de travail en 1974 et a duré un quart de siècle, pour entrer dans un nouveau cycle migratoire. Elle connaît la proportion d’immigrés la plus élevée de son histoire. »
Depuis une régularisation importante en 1997-1998, cette immigration se situe à un niveau élevé d’environ 200 000 entrées par an. Désormais, l’immigration n’est presque plus une immigration de travail, mais de regroupement familial…
Cette immigration est encore plus importante dans de nombreux autres pays Européens, comme le Royaume-Uni ; mais la France a fait venir des migrants depuis beaucoup plus longtemps. Finalement, la France comprend donc une immigration plus « ancienne », sur plusieurs générations, et plus nombreuse.
En ce qui concerne la situation actuelle (pages 75 et 76) :
« En France, nous avons donc près d’une personne sur cinq d’origine étrangère sur deux générations (immigrés et enfants d’au moins un parent immigré) à la fin des années 2000. L’estimation effectuée par l’Insee en 2008 (11,7 millions en France métropolitaine, soit 19 % de la population), à partir de trois sources (note n°1 : Enquêtes annuelles de recensement, enquête Emploi, enquête Trajectoires et origines) est l’une des rares jamais réalisées sur la question. Elle n’entre pas dans le détail mais donne un chiffre global. Nous avons donc très peu de points de comparaison, en fait, deux autres estimations menées en 1986 (note n°2 : Tribalat M. (dir), Cent ans d’immigration, Étrangers d’hier et Français d’aujourd’hui, op. cit.) et en 1999 (note n°3 : Tribalat M., « Fécondité des immigrées et apport démographique de l’immigration étrangère », in : Bergougnian C., Blayo C., Parant A., Sardon J.-P., Tribalat M., La population de la France, CUDEP, 2005) (cf. points du graphique 4).
La population d’origine étrangère se serait très modérément accrue de 1986 à 1999 (+ 900 000 personnes en treize ans), puis elle aurait augmenté plus fortement dans les années 2000 (+ 1,9 million entre 1999 et fin 2008), soit un accroissement de 190 000 par an en moyenne. »
Il est bien évidemment nécessaire de préciser qu’une moyenne d’environ 200 000 entrées par an ne correspond pas au solde migratoire, puisqu’il faut retirer les sortants, soit environ 50 000 par an. Reste un solde positif d’environ 150 000 migrants chaque année en France.
L’INSEE a envisagé plusieurs scenarii pour une projection démographique entre 2007 et 2060. Si le solde migratoire est de 100 000 par an, la population en France serait de 73,6 millions en 2060, soit un accroissement de 11,8 millions d’habitants dont 8,2 millions dû à l’immigration (soit une participation de 70 %). Et si le solde migratoire est de 150 000 par an, la population serait de 77,1 millions en 2060, avec un accroissement de 15,3 millions d’habitants dont 11,7 millions dû à l’immigration (soit une participation de 77 %).
Le climat actuel, en France et en Europe, propagé par les élites, consiste à vanter les mérites d’une immigration qui, soi-disant, serait capable de régler nos problèmes : économiques, sociaux, de chômage, de natalité, etc.. (pages 103 et 104) :
« Cette attitude est cohérente avec un « climat » favorisant l’exaltation de l’Autre et de tout ce qu’on lui doit. Avoir un discours positif sur l’immigration est en soi un brevet de moralité : avoir l’air de privilégier l’autre à soi-même évite d’essuyer les accusations de racisme toujours promptes à surgir. Pourtant, on pourrait, sans difficulté, renverser l’argumentaire. En effet, qu’y a-t-il de glorieux à compter sur les autres pour régler ses problèmes ? Qu’y a-t-il de valeureux à faire venir des immigrants en espérant qu’ils auront les enfants que nous ne faisons plus, exerceront les professions dont nous ne voulons plus ou feront les études que nous ne suivons plus ? Comme l’écrit Marc Termote à propos du Québec, « compter sur l' »autre » pour résoudre ses problèmes, et en outre lui reprocher de ne pas répondre adéquatement aux multiples attentes indûment manifestées à son égard, n’est pas l’expression d’une « politique » particulièrement courageuse. » (Note n°1 : « L’immigration : un remède imaginaire à des maux imaginaires ? », Arguments, 14 (2), printemps-été 2012, p. 95.). Enfin, cette politique aura un prix dont les citoyens européens ne sont pas encore complètement conscients. Quand on délègue son destin à d’autres, on ne peut guère s’attendre à en conserver la maîtrise.
(…) Il est peu probable que l’immigration étrangère en France et en Europe se réduise considérablement dans les décennies qui viennent. Compte tenu des tendances démographiques internes aux pays européens appelés à vieillir, des flux d’immigration étrangère importants se traduiront par une transformation importante du peuplement de la plupart de ces pays, surtout aux âges jeunes. Dans certains d’entre eux, les natifs au carré pourraient devenir minoritaires avant 40 ans d’ici 2060. La France devrait être moins exposée à ces changements pourvu que sa fécondité ne suive pas l’exemple de ses voisins. Contrairement à ce que répètent inlassablement les dirigeants européens, nos gouvernants et nos journaux – nous ne faisons plus assez d’enfants, donc nous avons besoin d’immigration -, l’immigration étrangère n’est pas la solution à nos déséquilibres démographiques. Ce n’est que dans le cadre d’une amélioration générale des taux d’emploi en France que l’immigration pourrait aider, et encore dans une faible mesure. Comme les économistes Xavier Chojnicki et Lionel Ragot font la même constatation du point de vue économique, il devrait être possible de s’intéresser aux autres questions de société restées trop souvent en arrière : mœurs, modes de vie et pratiques culturelles. »
Venons-en donc maintenant au sujet de l’immigration de la population musulmane en France. Depuis déjà de nombreuses années, l’immigration en France provient de pays Arabo-musulmans. Par ailleurs, nous avons déjà montré que l’immigration musulmane en France est antérieure à celle des aux autres pays Européens. Par conséquent, la France comprend le plus grand nombre de musulmans de tous les pays Européens (excepté la Bulgarie), et même plus que les États-Unis (2,6 millions de musulmans), avec ses environ 5 000 000 de musulmans, soit environ 8 % de la population Française. Plus globalement, entre 24 % et 25 % des musulmans de l’Union Européenne, résideraient en France métropolitaine.
La proportion des enfants musulmans nés en France a augmenté depuis les années 1980. En effet, un peu plus d’un jeune sur dix né à partir des années 1980 est musulman, ce qui est deux fois plus que chez ceux nés entre 1958 et 1970.
En revanche, pour l’instant, la proportion de musulmans convertis (dont aucun parent n’est musulman), parmi les 18-50 ans est de 5 %, soit un pourcentage proche de celui des catholiques convertis, qui est de 4 %.
Arithmétiquement parlant, l’Islam est la seconde religion, en France, après la religion Catholique. En revanche, entre 18 et 50 ans, parmi les plus fervents croyants (ceux qui déclarent accorder plus d’importance à la religion), ils sont plus nombreux chez les Musulmans que chez les Catholiques (pages 130 et 131) :
« L’islam n’est donc probablement pas loin d’être la première religion de France parmi ceux pour qui la religion compte beaucoup. C’est d’autant plus vrai que l’on descend la pyramide des âges. En 2008, parmi les 18-27 ans, les musulmans sont plus de trois fois plus nombreux que les catholiques (tableau 15). »
Une autre différence donc entre les populations Musulmanes et Catholiques réside dans le fait que, les plus fervents croyants se situent dans une tranche d’âge jeune chez les Musulmans, et plus âgée chez les Catholiques.
La religion Islamique, en ce début de XXIème siècle, se situe dans une voie beaucoup plus dynamique que la religion Catholique.
Justement, dans des enquêtes de l’IFOP (Institut français de l’opinion publique) et du CEVIPOF (Centre d’études de la vie politique française), on constate un phénomène de réislamisation général, pas seulement chez les jeunes, mais également au sein de l’ensemble de la population Musulmane.
Des études montrent même que la désécularisation, et le regain de la religion Islamique, sont beaucoup plus prégnants chez les jeunes immigrés en 2008, qu’en 1992, par exemple.
L’Islam étant hostile à la sécularisation et donc à la Laïcité, il est d’autant plus important pour les musulmans de transmettre leur religion à leurs enfants. Ce processus conduit les musulmans à se marier entre eux, dans neuf cas sur dix, procédé plus que fortement conseillé par la Coran. Il se forme alors un Communautarisme difficilement compatible avec l’Intégration et encore moins avec l’Assimilation (pages 156, 157 et 162) :
« Les atouts de l’islam résident donc dans une transmission forte favorisée par l’endogamie et l’importance accordée à la religion dans l’éducation des enfants. Pour près de 80 % des familles comprenant au moins un parent musulman, censées accorder assez ou beaucoup d’importance à la religion, plus de 90 % de leurs enfants sont restés musulmans. Ce type de familles ne représente qu’un tiers chez les catholiques et la transmission y est moins assurée.
(…) L’endogamie est donc l’enjeu important de la transmission de l’islam.
(…) L’endogamie parentale et l’éducation sont les deux leviers de la transmission religieuse. »
Contrairement à une idée largement répandue, les mariages mixtes sont donc de plus en plus rares.
Toujours en ce qui concerne la population musulmane, même si certaines élites Françaises considèrent que le Solde Migratoire est, selon les années, inférieur à 100 000, il faut ajouter l’Accroissement Naturel (les naissances moins les décès), qui, par exemple en 2008, a été positif de + 97 000. Le Solde Migratoire étant estimé à + 54 000, la population musulmane s’est donc accrue de 151 000 personnes en 2008 (pages 180, 181, 182, 183, 184 et 185) :
« En 2008, l’accroissement démographique des musulmans fait presque jeu égal avec celui des non musulmans et le taux de croissance de la population musulmane a été 12 fois supérieur à celui du reste de la population (tableau 24).
La natalité élevée de la population musulmane tient à sa grande jeunesse et à un différentiel de fécondité qui, sans être considérable, n’est pas négligeable.
La fécondité des femmes musulmanes est supérieure à celles des catholiques et des athées ou agnostiques.
Les femmes musulmanes nées en 1958-68 ont, à 40 ans, 1,1 enfant de plus que les femmes sans religion et 0,9 enfant de plus que les femmes catholiques (tableau 25).
(…) Les femmes musulmanes qui accordent une grande importance à la religion ont plus d’enfants que les autres.
La forte croissance démographique de la population musulmane est donc favorisée par ses caractéristiques démographiques : grande jeunesse et fécondité plus élevée. L’apport annuel, par l’immigration, de personnes relativement jeunes en âge d’avoir des enfants contribue au dynamisme démographique des musulmans.
Mais, nous l’avons vu, l’endogamie et la transmission, lorsqu’elles sont pratiquées avec rigueur, ont aussi tendance à renforcer ce dynamisme. Si la transmission devait, au contraire, régresser soudainement pour égaler les scores les plus bas, ceux connus par les pionniers nés en France à la fin des années 1950 et au début des années 1960, le nombre de musulmans potentiels nés en 2008 s’en trouverait divisé par plus de deux et l’accroissement naturel ne serait plus que de 44 000 au lieu de 97 000. Le différentiel viendrait alors alimenter le gros des troupes, celui des Français sécularisés. Il ne faut cependant pas trop y compter en raison de la tendance à la désécularisation et à une amélioration de la transmission. La sécularisation des pionniers a freiné le développement de l’islam en France.
Les musulmans seraient plus nombreux aujourd’hui si la transmission de l’islam n’avait pas été si faible au départ. La désécularisation jouera exactement en sens inverse.
Quelle évolution dans le futur ?
Que l’on considère le maintien de l’accroissement mesuré en 2008 en nombre absolu ou en taux, les six millions de musulmans dont on parle déjà devraient être atteints d’ici la fin de la décennie ou au début de la décennie suivante si l’un ou l’autre devaient se maintenir.
(…) En partant de plus haut (4,7 millions) que mon estimation en 2010 (4,4 millions), le Pew Forum [le Pew forum on Religion & Public Life a été créé en 2001. Il cherche à promouvoir une meilleure compréhension des questions se trouvant à l’intersection de la religion et des affaires publiques. Il produit des enquêtes et analyses à visée démographique et sociale aux États-Unis mais aussi dans le monde] anticipe une population musulmane un peu inférieure à 7 millions en 2030, représentant 10 % de la population de la France métropolitaine (tableau 26). Ce qui suppose un ralentissement de croissance, tant en nombre absolu qu’en taux par rapport à 2008, ce que suggèrent les hypothèses de déclin de l’immigration nette et de la fécondité adoptées par le Pew Forum.
Le maintien d’un taux d’accroissement identique à 2008 jusqu’en 2030 supposerait une croissance des flux et du solde naturel très forte, lesquels pourraient finir par expliquer l’essentiel de la croissance démographique du pays en fin de période. Nous aurions alors un peu plus de neuf millions de musulmans en 2030. Pareille hypothèse suppose un accroissement très important des flux migratoires et du solde naturel des musulmans. »
Il est temps maintenant d’évoquer l’aspect hégémonique de l’Islam : la volonté d’Islamisation. Cette dernière se manifeste au quotidien et partout dans notre Société Civile Française. En effet, l’Islam fonctionne, entre autres, en termes d’obligations et d’interdits. En Islam, ce qui est autorisé se nomme Halal (licite) et ce qui est interdit se nomme Haram (illicite).
Ici, Michèle Tribalat prend trois exemples bien connus du grand public, pour expliciter le fait que l’Islam n’est pas seulement une religion, mais également : un droit, une éthique et un mode de vie, bref, le tout formant une Loi : la Charia (pages 190, 191 et 192) :
« La charia (note n°1 : ou Sharî’a [loi d’origine religieuse, historiquement confondue avec le fiqh, « c’est-à-dire l’élaboration des règles émanant de diverses écoles ». À partir du XIIIe siècle, s’est produit une perméabilité entre écoles juridiques : dont quatre ont subsisté pour les sunnites, le rite shî’ite et le rite kharigite. Certains réformistes contemporains sont revenus au sens étymologique du mot charia – la voie – pour réfuter les demandes d’application de la charia, comme étant, en fait, un retour au fiqh classique. Cf. Urvoy D., Urvoy M.-T., Les mots de l’islam, Presses universitaires du Mirail, 2001. Pour approfondir, Coulson N.J., Histoire du droit islamique, PUF, 1995 (traduction d’un livre publié en anglais en 1964)]), dont on entend souvent dire aujourd’hui qu’elle n’existerait pas ou que, si elle existe, serait d’une infinie variété, est censée encadrer les musulmans dans tous les aspects de la vie quotidienne et les conduire vers une conception de la vie bonne proprement musulmane. Il y a bien des manières de chercher à l’implanter en Europe. On peut en revendiquer directement l’application sous la forme d’un droit particulier dérogatoire du droit commun. Les musulmans se sont engagés sur cette voie au Royaume-Uni en 1982 avec la constitution d’un Conseil de la charia islamique.
(…) La charia peut aussi être introduite de manière oblique en exigeant, de fait, que l’environnement européen se plie à ses exigences. C’est de loin la situation la plus fréquente en Europe et en particulier en France. Le terrain privilégié de ce rapport de force est celui de la liberté d’expression. »
1 / Le premier exemple est celui du port du voile :
Le port du voile s’est tellement développé en France ces dernières années, qu’il a fallu édicter des lois pour tenter de le maintenir dans le cadre Républicain de la Laïcité. En effet, d’une part, le voile prend différentes formes, du simple foulard, aux plus ostensibles que sont : le Niqab (voile ne laissant subsister qu’une fente pour les yeux, porté en complément d’un vêtement dissimulant l’ensemble du corps) et la Burka (tenue islamique complète munie d’un grillage pour les yeux, portée principalement en Afghanistan, au Pakistan ou en Inde). D’autre part, il a fallu également réglementer les lieux ou le voile peut se porter ou non.
2 / Le second exemple devenu particulièrement vaste et sensible, ces dernières années, est celui des interdits alimentaires en Islam. En effet, l’Islam tend clairement à vouloir promouvoir certains aliments comme la viande halal et à en interdire d’autres comme le porc, et ceci jusqu’au cœur de notre société Républicaine et Laïque : l’École (pages 200, 201, 203, 204, 205, 206, 207 et 211) :
« On sait l’importance prise, dans certaines communes, par la question des interdits alimentaires liés à l’islam. C’est notamment le cas dans les cantines scolaires. Il arrive que des communes anticipent avec une certaine complaisance les souhaits supposés des parents d’après le patronyme des enfants. Le 29 novembre 2012, la mairie du Havre, alertée par des employés sur la présence de gélatine de porc dans des crèmes au chocolat destinées aux cantines de la ville a, dans l’urgence, pris la décision de jeter à la poubelle ces crèmes au chocolat par milliers pour éviter tout risque d’incident, « par souci « d’égalité et de sérénité » » (note n°1 : Le Bars S., « Père Noël décommandé et dessert à la poubelle : quand la laïcité s’égare », Le Monde, 06/12/12). Ces comportements d’anticipation ne se limitent pas à l’alimentaire. Ainsi, à Montargis, une directrice d’école maternelle a cru bon d’annuler la visite du père Noël, pour ne pas choquer les enfants supposés de confession musulmane. Le maire de la ville a rectifié le tir et le père Noël a donc quand même rendu visite aux enfants de cette école (note n°2 : Ibid). À Clichy-sous-Bois, on sert désormais des repas végétariens dans les cantines des écoles. Dans la commune voisine, Montfermeil, le maire a opté pour un self-service dès le primaire, les enfants choisissant eux-mêmes leur repas. Dans certains établissements, les enfants en sont à manger à des tables séparées, option quelquefois favorisée par les établissements eux-mêmes pour faciliter le service, et certains enfants refusent de manger les légumes qui ont côtoyé une viande non certifiée halal (note n°1 : HCI, Les défis de l’intégration, Rapport 2010, Documentation française, 2011, p. 97. Audrey Levy, « La bataille des cantines », Le Point, 1/11/2012, p. 78-79).
(…) On ne sait donc pas jusqu’où vont les exigences des musulmans enquêtés en 2008, si elles s’arrêtent aux interdits sur le porc et/ou l’alcool ou si elles concernent aussi la viande halal, ou la nourriture halal plus généralement, évitant notamment toute trace de porc, fut-ce à l’état de gélatine dans les bonbons ou les gâteaux. Est-ce que les enquêtes y incluent le ramadan ?
En 1992, très peu d’immigrés d’Algérie, du Maroc ou de Turquie citaient la viande non halal comme un aliment qu’ils ne consommaient pas (quelques points de pourcentages quelle que soit l’origine). Dans l’enquête de l’Ifop de 2008, menée auprès de 530 personnes âgées de 18 ans ou plus se déclarant musulmanes, une majorité des enquêtés (59 %) disent acheter systématiquement de la viande halal (note n°1 : Ifop, 1989-2011, Enquête sur l’implantation et l’évolution de l’islam en France, juillet 2011. Enquête par quotas, à laquelle je fais référence, non dans un souci de comparaison rigoureuse avec l’enquête aléatoire Teo [Enquête Trajectoires et origines réalisée par l’Ined et l’Insee en 2008], mais parce que les résultats sont tellement éloignés de ceux de l’enquête MGIS [Enquête mobilité géographique et insertion sociale réalisée en 1992 par l’Ined avec le concours de l’Insee] de 1992, que cet écart ne saurait être le seul effet des difficultés d’obtenir un échantillon représentatif de musulmans dans une enquête par quotas). Les choses ont en effet beaucoup changé, notamment dans les lieux de très forte concentration où les boucheries sont reprises par les bouchers halal. Il n’est pas nécessaire d’entrer ici dans la polémique visant à savoir si, pour des facilités d’abattage, nous mangeons de la viande halal « à l’insu de notre plein gré ».
L’usage courant du terme halal s’est étendu à diverses boissons et nourritures et à un ensemble de pratiques conformes à l’islam, revenant ainsi au sens originel du mot qui désigne ce qui est licite. La jurisprudence musulmane s’intéresse à tous les aspects de la vie quotidienne pour déterminer ce qui est permis en islam. Elle en est venue à envisager des situations les plus extrêmes pour être bien sûre d’avoir balayé tous les possibles (note n°2 : Al-Gazali (1058-1111), Le livre du licite et de l’illicite, Librairie philosophique de J. Vrin, Paris, 1991) et ce à toutes les époques.
(…) Dans le recueil des fatwas (Fatwa : consultation juridique. « Apparu très tôt pour intégrer des coutumes locales très diverses, ce procédé a joué un rôle dans l’élaboration du fiqh. Une fatwa peut porter sur n’importe quelle matière civile ou religieuse ». Cf. Urvoy D., Urvoy M.-T., Les mots de l’islam, op. cit., p. 45) publiés en 2002 par le Conseil européen de la fatwa et de la recherche présidé par Yûsuf Al-Qardâwi et préfacé par Tariq Ramadan, on se demandait si les filles étaient autorisées à monter à bicyclette. Les filles vierges ne risquaient-elles pas de perdre leur virginité ? La fatwa demandait que l’on se prononce après évaluation de ce risque. Si ce risque était important, alors il fallait interdire la bicyclette aux fillettes et aux jeunes filles (note n°1 : Conseil européen de la fatwa et de la recherche, Recueil de fatwas, Serie n° 1, Tawhid, 2002, p. 176-177).
Gilles Kepel le rappelle dans son rapport sur les banlieues de l’islam, le mariage dit halal est le mariage conclu à la mosquée, sans passer par l’état civil.
(…) Dans un contexte social défavorisé, la marge de manœuvre est extrêmement faible et les immigrés, quel que soit leur âge à l’entrée, comme les enfants nés en France de parent (s) immigré (s) sont environ 90 % à déclarer respecter toujours les interdits alimentaires. À défaut de pratique réelle, c’est un ralliement massif aux exigences de licéité islamique en matière alimentaire. Très rares sont ceux qui osent déclarer ne jamais respecter ces exigences. Ce sont les immigrés arrivés à l’âge adulte qui transgressent le plus aisément les interdits alimentaires lorsque le contexte social est favorable. Dans un environnement particulièrement chanceux, où la pression sociale et le voisinage avec des coreligionnaires sont limités, les enfants nés en France de parents immigrés et les migrants enfants sont encore près de 80 % à déclarer respecter toujours les interdits alimentaires.
Ce sont les plus jeunes musulmans qui sont aussi les plus impliqués dans la licéité des choix alimentaires. La pratique des interdits gagne 10 points de la génération 1958-1970 à la génération 1981-1990 (graphique 15).
Cette plus grande implication se vérifie quel que soit le contexte. Seuls les jeunes musulmans vivant dans un contexte social très favorable se distinguent encore par un respect moins rigoureux des interdits alimentaires. Ils sont alors un peu moins de 80 % à déclarer respecter toujours ces interdits. Dans tous les autres environnements sociaux, là où vivent près de 80 % des musulmans âgés de 18 à 50 ans, c’est environ 90 % des jeunes musulmans qui disent les suivre toujours.
(…) Sans surprise le respect des interdits alimentaires se cale sur l’importance accordée à la religion, chez les hommes et chez les femmes. Plus on accorde d’importance à la religion, plus les différences entre les deux sexes s’estompent (graphique 16). Les musulmans les plus fervents sont 96 % à déclarer respecter toujours les interdits alimentaires.
Le respect croissant des interdits alimentaires avec l’importance accordée à la religion, ou tout au moins l’affirmation de ce respect, dépend de la pression sociale exercée par les coreligionnaires, mais pas seulement. Il a augmenté avec l’année de naissance dans tous les contextes sociaux et profite de l’importance plus grande accordée à la religion chez les plus jeunes.
On assiste donc à une forme de durcissement identitaire qui sépare les musulmans des autres, renforce le contrôle social et pèse sur la liberté des fidèles, mais aussi celle des non musulmans. Les musulmans deviennent plus « chatouilleux » sur la distinction entre le licite et l’illicite. Comme l’écrit Christopher Caldwell, « la série des interdits ne cesse de s’étendre, tout comme les catégories d’individus auxquels ils s’appliquent » (note n°1 : Caldwell C., op. cit., p. 343). Les tensions se portent sur la vie quotidienne (examen des poubelles des voisins par exemple) mais aussi sur un domaine particulièrement cher aux Occidentaux, la liberté d’expression. »
3 / Le troisième exemple est certainement le plus inquiétant, car il s’agit d’une véritable menace pour nos Démocraties, puisqu’il touche à l’un de leurs piliers fondamentaux : la Liberté d’Expression :
À cause du Nazisme, il n’est plus possible, en France, de s’exprimer librement sur certains sujets comme l’immigration et l’Islam, sans être traité de raciste, de xénophobe, d’Islamophobe, de Fasciste, de Nazi, etc..
De nos jours, avoir un avis sur ces thèmes est considéré d’emblée, non seulement, comme suspect, mais plus encore…, comme moralement condamnable, mettant définitivement un terme à toute possibilité de discussion. Que devient alors la Liberté d’Expression dans notre Démocratie, si on annihile toute possibilité d’engager un débat ?
En réalité, ce sont donc bien ces censeurs en tous genres : des extrémistes, à certaines de nos « élites » soi-disant bien pensantes qui cherchent, pour des raisons diverses, à étouffer la Liberté d’expression dans notre pays, en Europe et plus généralement dans les pays Occidentaux…
Une affaire emblématique, mais malheureusement loin d’être la première et la dernière concernant l’Islam, et que l’on peut également considérer comme un point de rupture, reste celle de l’écrivain Salman Rushdie. En effet, le 14 février 1989, Salman Rushdie reçut une fatwa de mort de la part de l’Ayatollah Komeiny, suite à la publication, le 26 septembre 1988, de son ouvrage : les Versets sataniques. Il s’ensuivit d’innombrables manifestations haineuses et violentes à son encontre, dans le monde musulman et à travers toute la planète, ainsi que des autodafés de son livre de Salman Rushdie ; et même des crimes comme celui de son traducteur Japonais Hitoshi Igarashi. Cet effroyable lynchage médiatique mondial contre Salman Rushdie fut relayé et appuyé par de nombreux « intellectuels » Occidentaux !
Depuis, on ne compte plus les menaces de mort concernant des personnes exprimant publiquement un avis sur l’Islam (pages 214 à 226)…
P.S. : Pour consulter la suite de mon commentaire de ce livre, merci de me contacter…
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