L'opinion, ça se travaille ( les médias, l'OTAN & la guerre du Kosovo) de Serge Halimi, Dominique Vidal

L'opinion, ça se travaille ( les médias, l'OTAN & la guerre du Kosovo) de Serge Halimi, Dominique Vidal

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Heyrike, le 26 octobre 2013 (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans)
La note : 8 étoiles
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Embedded

23 mars 1999, l'OTAN déclenche une offensive majeure en Yougoslavie pour stopper l'attaque de la Serbie contre le Kosovo. Les nouvelles véhiculées par les journalistes sont effrayantes, un génocide est en train de se perpétrer aux portes de l'Europe. Les images des réfugiés tentant d'échapper au massacre défilent en continu sur les écrans des journaux télévisés. Pendant 78 jours les forces de l'OTAN vont bombarder les positions de l'armée Serbe et provoquer des dommages collatéraux.

Si cet essai pointe du doigt les arguments fallacieux mis en avant pour justifier l'intervention militaire, il met surtout en cause le rôle des médias qui ont relayé avec beaucoup de complaisance les arguments servis sur un plateau par les gouvernements de l'Alliance Occidental engagés dans cette guerre. Les premiers témoignages des civils relatent toute l'horreur de la violence subie, ces récits sont soulignés par les images des caméras qui nous dévoilent les longs cortèges de réfugiés cherchant à échapper à l'assaillant Serbe. Ces images nous renvoient, de manière brutale, vers toutes les horreurs du passé qui ont jeté un voile sombre sur l'humanité. Les chiffres avancés par les représentants officiels de l'Alliance font état de 100 000 puis de 500 000 morts ou disparus sous les balles des Serbes. Ces chiffres sont relayés aveuglément par les médias, qui n'oublient pas toutefois d'utiliser le conditionnel (suite à l'affaire des charniers de Roumanie et surtout de la couverture médiatique hystérique lors de la guerre du Golfe, les journalistes ont jurés de ne plus jamais tomber dans le panneau de la propagande d'état).

Mais au fil des jours le conditionnel cède sous le poids des rapports des portes-paroles de l'Alliance qui réaffirment, sans sourciller, que le nombre de victimes civils est sans précédent, dès lors il n'y a plus l'ombre d'un doute, un génocide se déroule sous nos yeux. Le monstre a ressurgi des ténèbres et tout doit être mis en œuvre pour l'arrêter. Les médias va-t'en-guerre revêtent leur panoplie du parfait petit soldat et sonnent l'hallali.

Aussitôt après la fin du conflit, des enquêtes ont été ouvertes pour faire toute la lumière sur cette tragédie, des experts envoyés sur place et des journalistes indépendants, tel Daniel Pearl, confirmeront que de nombreux massacres furent perpétrés mais que "les allégations de meurtres de masse, camp de viol, mutilations des morts n'ont pas été confirmés. Les militants Kosovars, les ONG, l'OTAN et les médias se sont alimentés les uns les autres pour donner crédibilité aux rumeurs de génocide".

Cette tragédie fit, selon différentes sources d'informations croisées, entre 2000 à 5000 victimes civiles, ce que l'on peut à juste titre qualifier de crimes de guerre (une partie de ces victimes sont dues aux bombardements de l'OTAN). Il est essentiel de rappeler ici que les chiffres ne doivent en aucune manière masquer ce qu'ils signifient réellement, un mort, un seul, est un être humain broyé par la folie de ses congénères au nom d'une idéologie qui nie tout droit de vie à ceux qui s'opposent à elle.

Mais au delà de la valse macabre du nombre des victimes des crimes de guerre, les auteurs se penchent sur la complicité, pour ne pas dire la duplicité, des médias tous support confondus, qui ont participé de leur plein gré à l'effort de guerre mené par l'Alliance Occidentale dans une région géostratégique indispensable pour maîtriser cette "porte d'entrée dans les régions d'intérêts primordial pour les Occidentaux – la zone de conflit arabo-israélien, l'Irak et l'Iran, l'Afghanistan, la Caspienne et la Transcaucasie. La stabilité en Europe du Sud est essentielle pour la protection des intérêts occidentaux et la réduction des dangers venant de plus loin à l'Est" (en d'autres termes la menace tant redoutée de la remontée en puissance de la Russie).

Ce faisant, les journalistes "embedded" ont acté leur soumission aux discours officiels en abandonnant sciemment leur rôle de contre pouvoir, rejetant toutes les valeurs déontologiques de leur profession et sacrifiant leur honneur sur l'autel de la gloire médiatique.

La Tchétchénie aurait peut-être souhaitée obtenir les mêmes faveurs de la part de l'Otan et des médias pour défendre son droit à l'autodétermination.

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Les éditions

  • L'opinion, ça se travaille [Texte imprimé], les médias, l'OTAN & la guerre du Kosovo Serge Halimi, Dominique Vidal
    de Vidal, Dominique Halimi, Serge
    Agone / Contre-feux (Marseille)
    ISBN : 9782910846374 ; 3,49 € ; 10/05/2000 ; 94 p. ; Poche
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