Loin de Stendhal

La quatrième de couverture annonce la couleur entre le jaune et le noir : «La stratégie millénaire et récente de la Chinafrique, sa traite intercontinentale et son racisme olympique, cette Chinafrique à qui le passif colonial occidental sert de cheval de Troie, avec ses gigantesques dévastations aux pillages subtilement organisés : voici l'enquête historique de l'anthropologue franco-sénégalais Tidiane N'Diaye qui fait éclater, preuves en main, un nouveau scandale planétaire, comme à la lecture de ses trois livres précédents publiés dans Continents Noirs. »

M’attendant à une analyse poussée sur les actualités chinoises sur le sol africain, j’ai découvert quelques points nouveaux : Par exemple, savez-vous la réelle initiale de la famine en Ethiopie dans les années 80 ? Page 75, Tidiane n’Diaye trace les directes conséquences du régime marxiste-léniniste de Mengistu Hailé Mariam.

L’historique des rapports commerciaux entre la Chine et le continent africain semble très complet. Je cherche les astérisques avec les références complètes des œuvres utilisées comme source par l’auteur. Le texte ne comporte aucune note. A la fin de l’ouvrage, le lecteur trouvera une « biographie succincte des ouvrages consultés » malheureusement sans références directes avec le texte et beaucoup trop réduite pour mon gout. Par exemple page 123, parlant de la prostitution asiatique en Afrique, l’auteur écrit « Généralement autonomes en Europe, en Afrique elles (les prostituées) sont le plus souvent encadrées au sein de réseaux mafieux. ». Ces généralités ne sont pas soutenues par des sources : je crois personnellement qu’en Europe aussi très peu de prostituées sont autonomes, surtout issues de l’émigration. Si cette phrase est basée sur une étude ou un texte/article de journal, j’aimerai en avoir les références en note direct.

Ce livre est présenté comme une enquête historique. L’historique politique est retracé et certains thèmes sociologiques sont traités. Il me manque un peu plus d’économie pour souligner ou appuyer certaines théories. Le livre repose sur très peu de chiffres. J’aime les tableaux, les statistiques, les citations démarquées…mais je n’en trouve pas dans ce livre, c’est dommage. Je reconnais un intérêt manifeste pour ne pas faire de ce livre une étude économique poussée, pour rester dans la ligne Gallimard. J’ai apprécié les détails sue le thème écologique dès la page 139, qui m’ont fait très peur pour ce continent africain déjà pillé depuis des siècles.

Aussi, j’ai appris que « le géant asiatique intensifie sa coopération militaire et participe à des opérations de maintien de la paix sur le continent. » (page 149), ainsi que le rôle de la Chine dans certains élections politiques. Ce point aurait pu être plus détaillé et soutenu, surtout que les discours des politiciens sont en annexes et le rapprochement politique/économique/international aurait été rapide.

Enfin, essayer de recadrer 2500 ans d’histoire en commençant par la dynastie des Xia jusqu’à 2012, et en couvrant tout le continent africain dans un si petit livre est peut être une tache trop vaste et laisse forcement le lecteur sur sa faim. Y-aurait-il fallu se concentrer sur le Sénégal ou l’Ethiopie et pousser plus l’analyse en détaillant ?

Finalement, je découvre dans « le génocide voilé » du même auteur, toute une partie sur les eunuques que j’ai déjà lu dans « le jaune et le noir »…

Pourquoi alors mettre 4 points à cette œuvre ?
L’auteur amène le sujet à la portée de tous.
Et il y a tellement peu de livres sur ce sujet, quelque part, ce petit livre est très complet car il donne envie de rechercher et de fouiller certains points pour les comprendre plus en détails.
Et quand un livre réveille l’intérêt, c’est que pour moi, l’auteur a atteint son but.

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  Le jaune et le noir [Texte imprimé], enquête historique Tidiane N'Diaye

  de N'Diaye, Tidiane
  Gallimard / Continents noirs
  ISBN : 9782070141661 ; 18,50 € ; 07/05/2013 ; 192 p. ; Broché

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