L'affaire Oscar Wilde de Odon Vallet

L'affaire Oscar Wilde de Odon Vallet

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Folfaerie, le 9 mai 2003 (Inscrite le 4 novembre 2002, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 429ème position).
Visites : 7 467  (depuis Novembre 2007)

un parfum de soufre...

L'auteur s'est attaché à revoir le procès Wilde, en retraçant le contexte de l'époque, et en établissant un parallèle avec la nôtre. Comment le cas Wilde serait-il traité aujourd'hui, tant en France qu'en Angleterre, par l'opinion publique et la justice ?
Wilde, on le sait, préférait les garçons. Le procès qui fut intenté était donc celui de l'homosexualité, et de la liberté d'expression et le dandy anglais a en quelque sorte payé pour tous ceux que la justice de l'époque ne put, ou ne voulut, coincer. Accusé par le père de l'un de ses amants, Wilde fut jugé et condamné à deux ans de travaux forcés.
Mais sait-on que l'écrivain était également un adepte du tourisme sexuel (Alger était sa destination favorite) tout comme Gide qui l'accompagna quelquefois, et que sa vie sexuelle désordonnée eut des répercussions malheureuses sur sa famille et ses enfants en particulier, qui furent profondément marqués par les suites du procès.
En fin de compte, l'auteur suggère que Wilde, dans son malheur, a eu une certaine chance. Si aujourd'hui l'opinion publique est relativement tolérante quant aux moeurs sexuelles des artistes, Wilde n'aurait vraisemblablement pas échappé à de lourdes peines de prison en revanche, concernant son goût pour le tourisme sexuel et les mineurs.
Si le livre est intelligemment construit et extrêmement bien documenté, il a cependant laissé un goût amer. Et je suis bien heureuse d'avoir lu les oeuvre d'Oscar Wilde il y a fort longtemps car je me demande si, à la lumière de ce récit, j'aurais eu envie de découvrir cet auteur aujourd'hui.
A chacun, donc, de se faire son opinion.

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Les éditions

  • L'affaire Oscar Wilde [Texte imprimé] Odon Vallet
    de Vallet, Odon
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070402120 ; 6,90 € ; 24/06/1997 ; 182 p. ; Poche
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La déchéance comme une oeuvre d'art

8 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 6 novembre 2016

Odon Vallet aborde de front et de manière approfondie le procès de la société victorienne contre Oscar Wilde, procès symbole contre une figure de liberté sexuelle encore maintenant alors que l'histoire est un peu plus nuancée que cela. C'est l'aspect le plus intéressant de cet ouvrage. Il montre que le père de Lord Alfred Douglas, le fameux marquis de Queensbury, était une figure non pas réactionnaire mais libérale de « l'establishment » londonien et que le très beau Lord Alfred était aussi un imbécile clairement timoré qui finit dans une grandiloquence « sulpicienne » ridicule et très peu sincère.

Il apparaît également que c'est finalement Wilde lui-même par son imprudence et une certaine arrogance qui a causé sa propre perte. On croise au fil du récit de l'instruction le premier ministre anglais de l'époque, avant lui aussi les inclinations sexuelles de Wilde, Winston Churchill jeune lui aussi suspecté des mêmes penchants et Conan Doyle qui se venge du premier ministre en écrivant une histoire de son célèbre détective qui l'accuse de cacher son homosexualité (dans « l'aristocrate célibataire »), histoire qui aura des conséquences sur le sort de Wilde.

Ou alors c'était un travail du négatif volontaire du « dandy », la déchéance vue comme une œuvre d'art. L'écrivain en tirera deux manuscrits extraordinaires : « la ballade de la geôle de Reading » et « De profundis ».

Il y a deux nuances cependant quant à son travail. La nuance la plus importante est que Odon Vallet se fiche complètement de littérature réduisant bien souvent dans son ouvrage le « dandy absolu » à ses petites phrases, à un mondain auteur de saillies parfois cruelles. C'est quand même un peu léger dans l’appréhension de l’œuvre de cet auteur. L'autre nuance tient dans les comparaisons qui peuvent être hasardeuses de l'auteur avec d'autres procès historiques célèbres. Je pense que celle qu'il fait entre autres exemples de Wilde avec Jésus-Christ aurait fait rire le père de « Dorian Gray » à gorge déployée.

C'est Wilde qui déclenche les hostilités en portant plainte pour diffamation après que le père de Lord Alfred Douglas l'ait accusé dans un billet – avec la faute- de « somdomie ». Le « somdomite » commence d'abord par nier en bloc alors que sa fréquentation de lieux de plaisir exclusivement masculins est de notoriété publique Wilde en rajoutant souvent dans la provocation. Le marquis de Queensbury, auteur des fameuses règles des combats de boxe, est tout l'inverse de l'auteur du « Géant égoïste », il est sportif, soucieux surtout de sa forme physique, entouré de compagnons avec qui ils sont sans cesse dans le besoin de prouver bruyamment leur virilité.

Ainsi que Odon Vallet le souligne c'est souvent le signe d'une homosexualité latente mal assumée.

Quand le procès débute il est déjà trop tard pour Wilde. Il sera la victime expiatoire d'une élite moralement hypocrite où l'homosexualité se pratique dans les mal nommés « public school » quand on est jeune, la sexualité entre mari et femme n'étant qu'une gymnastique devant mener à la procréation de nombreux petits anglais. Wilde se conduit selon les règles de ce qu'il croit être sa classe sociale, la « gentry », méprisant les petits, les humbles, les domestiques. Il comprendra amèrement plus tard qu'il n'était tout simplement pas des leurs, qu'il demeurait un petit irlandais déconsidéré pour ses origines « vulgaires », le fils indigne de Lady Wilde.

Pédérastie et tourisme sexuel

8 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 10 mai 2003

Il est vrai que Wilde était homosexuel, mais j'ignorais qu'il avait pratiqué la pédophilie et le tourisme sexuel. L'homosexualité a toujours été condamnée par la société, comme s'il s'agissait d'un choix personnel. L'apogée en a été sans nul doute l'enfermement des homosexuels dans les camps de concentration nazis. Toute condamnation de qui que ce soit sur base de ce qu'il est et non de ses actes est une horreur contre laquelle il faut s'insurger.
Le tourisme sexuel, lui était beaucoup mieux accepté par notre société jusqu'il y a peu, ainsi d'ailleurs que la pédophilie. Gide et plus récemment Gabriel Matzneff n'en ont jamais fait mystère, et ont proclamé fièrement qu'ils s'y adonnaient.
Aujourd'hui, à juste titre, les homosexuels sortent du ghetto, alors que le tourisme sexuel et la pédophilie sont jugés sévèrement. A mon sens, c'est un signe positif d'évolution de la société, de rejeter toute relation sexuelle avec une personne qui n'est pas libre d'y consentir. C'est le cas des enfants, bien sûr, mais aussi des femmes que la misère pousse à la prostitution dans les bordels de Manille.

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