Ces derniers jours, on nous bassine via les écrans avec l’actualité sur le Mali. Quelques images, beaucoup de blablas. Des envolées lyriques, des trémolos dans les voix, des tons fermes et décidés… toute rhétorique est bonne à prendre sur ce sujet. Un petit tour sur France 2 le midi ; ou la lecture régulière du Monde en ligne, voilà de quoi alimenter notre connaissance de la politique internationale ; enfin, c’est plutôt ce que j’ai cru pendant plusieurs années. Et puis, quelques Bourdieu, Desmurget, Halimi… ont, petit à petit, entravé mes habitudes. Depuis, j’ai souvent le droit à des réflexions du type « Quoi, vous ne savez pas que le nouveau président Malien vient d’être élu ? ».
Non, je ne suis effectivement pas au courant jour par jour, et pire, même pas semaine par semaine de ce qui se passe au Mali ; de ce que l’on nous dit qu’il se passe au Mali ; de ce qu’on nous rabâche sur la présence au Mali.
Ces derniers mois, je me suis souvent demandé si c’était grave, d’être si peu au courant. Mais au courant de quoi ? Des mensonges sur le désintéressement revendiqué de la France concernant l’intervention militaire au Mali ? Des brèves journalistiques qui s’appuient pour l’essentiel sur ce que les sources gouvernementales veulent bien laisser couler ? De comment se forme une démocratie-vitrine ? Et tout cela, sans ne même pas savoir peut être où le Mali se situe par rapport à ses pays limitrophes, ni connaître les grandes lignes de son histoire des dernières décennies, et des liens que la France a eu avec lui pendant le passé…

La lecture de La France en guerre au Mali me fait penser que non, ce n’est pas grave. Du moins, ce n’est pas grave de ne pas suivre assidument l’actualité instantanée, au jour le jour. Je parie qu’en publiant en Août dernier cet ouvrage, écrit jusqu’en Avril 2013, le collectif de Survie France nous apprend en 200 pages plus que l’on peut en connaître en 6 mois d’infos télévisuelles sur le sujet. Il retrace brièvement mais en en soulignant l’importance, l’histoire, l’organisation géographique du pays, nous donne quelques indicateurs socio-démographiques. La base pour avoir un point de vue global et non morcelé.
Avec cet ouvrage, et sûrement d’autres, Survie France se positionne en peu en « Chomsky Français ». Avec un ton peut être un peu plus neutre que ce dernier, et des sources bibliographiques plus souvent mentionnées, l’association ne lésine pas à dénoncer les exagérations et les mensonges qui nous sont perpétuellement relatés sur le sujet ; l’engagement des enfants-soldats trop souvent oublié ; le silence de la France sur le nombre de morts ; les conflits d’intérêt de l’ONU particulièrement concernant la cause africaine ; l’emploi du terme terrorisme à tout va…

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