Amerika de Robert Crumb
Catégorie(s) : Bande dessinée => Comics
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Irrévérencieux
Hilarant et très caustique, un concentré de comic underground fondamental à posséder absolument.
Amerika est un album culte qui nous laissera tous sans voix (on adorera entre autre le chapitre ou est évoquée la chanson des Stones "Jumpin Jack' Flash", et surtout ces rock-idols et messies médiatiques en général surpayés, sinon plutôt surestimés) il faut lire aussi, d'ailleurs, les strips écrits à l'époque par Crumb sous LSD.
Donc une vraie perle rare qui ne fait pas que croquer l'Amérique, si ce n'était à faire remarquer pour ces âmes simples...
[*attention ce comic n'est pas tout-public et ne plaira pas à tout le monde - que les scrogneugneus et les pères-la-pudeur sans éloignent de préf.]
Un plus...
Ce volume de la grande anthologie que nous consacrons à Robert Crumb met en avant la veine pamphlétaire de ce dernier.
Le constat lucide et acerbe qu'il dresse de son pays vaut pour tout l'Occident, tant nos modes de vie semblent s'être calqués sur le rêve américain. La soif de destruction, la folie consumériste, la volonté de puissance, les réflexes racistes et communautaristes, tous les instincts primaires qui animent l'homme moderne sont ici taillés en pièces.
Un livre noir, à la rage salvatrice, qui redonne un peu de colère à l'heure où semble s'installer la résignation.
Les éditions
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Amerika [Texte imprimé] R. Crumb [trad. de l'anglais par Jean-Pierre Mercier]
de Crumb, Robert Mercier, Jean-Pierre (Traducteur)
Éd. Cornélius / Collection Solange
ISBN : 9782909990972 ; 20,50 € ; 18/02/2004 ; 95 p. ; Album
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Les critiques éclairs (1)
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Explosif - à manier avec précaution
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 29 août 2014
Assurément, Robert Crumb est un écorché vif plein de lucidité, et comme souvent chez ce type de personnes, il a un côté attachant. Et forcément, le public français l’adore, comme tous les « ennemis de l’intérieur » contempteurs de l’Amérique capitaliste, et il le lui rend bien puisqu’il a décidé de fuir son pays pour le sud de la France en 1991. Mais cela ne tient pas qu’à cela, car celui qui se présentait, non sans ironie, comme le « dessinateur underground le plus aimé d’Amérique » se met souvent en scène dans ses sketchs, avec des mises en perspective, n’hésitant pas à se « mettre à poil » en s’autodénigrant, lui, le looser, le « vieux réac » ronchon, face aux beaux gosses WASP à la mâchoire carrée et aux dents étincelantes. C’est assez courageux de sa part et le rend extrêmement humain, le père Crumb, à tel point qu’on aurait envie de lui payer un canon si par hasard on venait à le croiser.
Pourtant, quelque chose m’a vraiment gêné dans cet exercice de US bashing. Deux histoires en particulier, « When the Niggers Take Over America » et « When the Goddamn Jews Take Over America », pour lesquelles je vous passe la traduction. Crumb joue les oiseaux de mauvais augure, prédisant un avenir terrifiant pour l’Amérique, imaginant une prise de pouvoir des plus barbares par les Noirs, et ne se révèle guère plus amène avec les Juifs, en utilisant les pires clichés rednecks. L’éditeur a beau expliquer en annexe que « Crumb tape là où ça fait mal, et parie sans le dire sur une réaction de rire et de rejet de l’abjection », le fait de savoir qu’un groupuscule néonazi américain l’ait pris pour argent comptant est extrêmement dérangeant. C’est bien ça, le problème avec les écorchés vifs. Pensant qu’ils sont incompris, ils n’hésitent pas à pousser le bouchon très loin, dans une démarche quasi suicidaire. Le « vieux crouton râleur » ne se sent même plus tenu de se justifier, comptant sur l’intelligence de ses lecteurs, délivrant cette chose déplaisante qu’on suppose motivée par une colère froide, comme s’il était aux commandes d’un bombardier atomique. Encore heureux que l’éditeur soit intervenu pour relativiser le propos.
Crumb a peut-être juste oublié qu’on pouvait rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Je peux lui pardonner cet écart mais cela affaiblit mon appréciation de ce recueil, même si incontestablement, cela a valeur de document.
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