Dernières nouvelles du bourbier de Aleksandr Ikonnikov

Dernières nouvelles du bourbier de Aleksandr Ikonnikov
( Taiga blues)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Jules, le 26 avril 2003 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 423ème position).
Visites : 4 766  (depuis Novembre 2007)

Un titre qui en dit long !

Ikonnikov est un jeune auteur russe né en 1974.
Ce livre réunit de très nombreuses nouvelles. Certaines racontent des faits de la Russie d'aujourd'hui, celle du temps d'Eltsine ou juste après, alors que d'autres racontent des histoires encore rattachées à l’époque communiste.
Elles ont plusieurs choses en commun. La première, c'est qu’elles sont toutes très courtes : elles font quasiment un maximum de dix pages. La seconde, c'est qu’elles décrivent presque toutes un monde absurde, sans logique aucune, dans lequel le comportement de chacun est bien particulier. Cela est aussi vrai pour les cadres que pour les ouvriers ou paysans. L’alcool y est roi et toute la société vogue à la dérive.
Je ne connais pas cette Russie, je n’y ai jamais été, mais dans toutes ces petites nouvelles, souvent très dures, elle est décrite d’une façon qui ne nous permet pas de nous faire beaucoup d’illusions quant à son avenir !. Ce n'est pas demain qu'elle deviendra une grande nation européenne !.
A plusieurs reprises je me suis demandé pourquoi je continuais à lire ces petites histoires, n’ayant parfois ni queue, ni tête, et aux fins abruptes, surprenantes, ne permettant pas toujours de comprendre le sens qu'il convenait de donner à l’histoire.
Ikonnikov écrit bien mais dans un style on ne peut plus sec !
« La maison des sept vieillards » fait trois petites pages et ressemble davantage à un brouillon de scénario pour un film qu'à une nouvelle. Quant à celle intitulée « Bruits matinaux », qui ne fait que deux minuscules pages, elle n’aurait pas été reniée par Hemingway quant à l’économie des mots. Mais tout y est dit et clairement, quant à la fin elle est colossale !…
Dans le « Conte du cheval magique » nous sommes en pleine absurdité !
L'éditeur nous annonce qu'Ikonnikov a un roman qui vient d’être terminé. Je crois que je le lirai. Il risque d’être plus clair et plus étoffé quant aux idées de l’auteur.

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Vodka et Coca Cola

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 5 avril 2005

Un titre bien pessimiste pour un recueil de nouvelles pourtant empreint d’humour et d’ironie. À travers de nombreux micro-textes, ce jeune auteur nous raconte la nouvelle Russie, orgueilleuse, bureaucratique et encore marquée par son passé communiste. J’ai eu un malin plaisir à lire ses petites anecdotes. Certaines nouvelles tombent à plat ou ont échappé à ma compréhension mais dans le lot, la majorité sont délicieuse. Par contre, il aurait été intéressant que certaines histoires soient plus longues afin de pouvoir vraiment s’imprégner de ce coin de planète en transition qui est un terrain fertile pour les paradoxes.

Portraits russes

9 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 19 mai 2004

"Les Russes ne peuvent pas être heureux sans souffrir" (extrait de la nouvelle Les Voisins)

Alexandre Ikonnikov dresse le portrait de paysans ou de citadins éloignés de Moscou et des grandes villes, un tableau de la Russie profonde et oubliée, à travers de courtes nouvelles. Une Russie qui semble figée et en proie à la mélancolie. Au fil des pages, on découvre que la situation n’a guère changé, que la misère y est toujours la même… et la vodka toujours présente. Ce livre est un récit lent, pas triste, empreint d’un certain humour (très particulier, une tendresse brute et une causticité qui devrait plaire à plus d’un).
Certains scènes semblent surréalistes et pourtant, elles font parties du quotidien russe. Je pense à cette histoire de mari totalement allergique aux tâches ménagères, préférant la boisson au torchon, qui, lassé de se faire sermonner par sa femme, lui offre une superbe machine à lessiver. Une incompatibilité de voltage (la machine est importée) la rend inutilisable mais pourtant le bonheur est là, même si l’engin servira désormais de table d’appoint. Le bonheur dans la misère, un bonheur simple et brut, les gens ne s’apitoient pas sur eux-mêmes, ils vivent la vie telle qu’elle se présente et Ikonnikov se garde bien de tomber dans le larmoyant bon marché (pourtant, ça aurait été si facile tant certaines situations sont misérables). Des petites histoires courtes et féroces (un militaire abandonné au Kazakhstan, la calvitie de Poutine et son influence dans une prison, une tzigane nymphomane, un étrange poète, une concierge vipère…) qui donnent un aperçu de la Russie d’aujourd’hui, partagée entre le modernisme occidental et la tradition soviétique.

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