Le rêve mexicain ou La pensée interrompue de J.M.G. Le Clézio
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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A la recherche des civilisations perdues
Je me suis décidée à lire cet essai pour faire suite à "la controverse de Valladolid" de Carrière, lequel avoue s'y être référé constemment. Manifestement, Le Clézio est subjugué par les civilisations pré-colombiennes, leurs mythes et leurs religions. Il a abordé cet essai en érudit, et le livre refermé, on a presque l'impression d'avoir revécu la Conquête. C'est une lecture un peu ardue, et il est parfois difficile de ne pas perdre le fil devant cette abondance de rites et de noms de dieux. Mais le propos de l'auteur n'est pas de dresser un catalogue exhaustif des croyances Amérindiennes.
Le Clézio nous interpelle sur la disparition de l'une des civilisations les plus brillantes qui ait jamais existé. En la perdant, en l'anéantissant, nous avons perdu l'essentiel. Nous avons perdu la magie et la beauté. Et notre civilisation occidentale est si dépourvue de tout cela, si insignifiante, que l'auteur s'interroge sur les conséquences de cette disparition. Quel besoin nous pousse à toujours vouloir détruire et effacer ce qui semble si éloigné de notre modèle occidental et de nos valeurs ? Ces mondes, ces civilisations ne survivent plus que dans la mémoire de quelques hommes et dans quelques livres poussiéreux que personne ne lit plus...
Bien sûr, aujourd'hui et au quotidien, c'est à peine si ces pensées nous effleurent, et on se dit qu'il y a tellement de choses plus graves, plus pressées ou plus urgentes, mais grâce à Le Clezio, en fermant les yeux, le rêve mexicain pedure, dont on peut toujours entendre les lointains échos. Et ce sentiment de perte et de gâchis croît chaque jour davantage...
Les éditions
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Le rêve mexicain ou La pensée interrompue [Texte imprimé] J.M.G. Le Clézio
de Le Clézio, J.M.G.
Gallimard / Folio. Essais.
ISBN : 9782070326808 ; 9,20 € ; 13/02/1992 ; 274 p. ; Poche
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La part refoulée de la pensée moderne
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 17 août 2008
Il nous fait revivre, au travers d’écrits de chroniqueurs de l’époque (Bernal Diaz del Castillo, Bernardino de Sahagun) ou de la Relation de Michoacan, les us et coutumes, les mythes de ces civilisations disparues, à commencer par leur fin, ces étapes de la conquête commencée en 1517 par le débarquement de Cortès. Il dresse un beau portrait d’Antonin Artaud, qui fut le premier au XXème siècle à porter l’attention sur le Mexique, terre de rêves et de mystères. Mais aussi de figures de proue de ces contrées comme
l’empereur Moctezuma ou le poète Nezahualcoyotl. Enfin, dans le dernier chapitre, La pensée interrompue de l’Amérique indienne, il revient sur des aspects évoqués en mettant l’accent sur ce qui, d’après lui, fut à la base de la rage sans précédent d’extermination des Conquérants.
« La conquête du continent américain par les Européens est sans doute le seul exemple d’une culture submergeant totalement les peuples vaincus, jusqu’à la substitution complète de leur pensée, de leurs croyances, de leur âme. » Ces faits qui ont choqué les Européens au point d’attiser leur furie criminelle, ce fut, chez ces peuples, l’amour et le respect pour la terre nourricière, la croyance au surnaturel et en l’identité de l’homme et du divin, qui s’exprimaient lors des transes rituelles souvent cruelles.
JMG Le Clézio veut montrer par cet essai éclairant que la pensée occidentale s’est privée d’une sensibilité considérable et comparable aux pensées chinoise et indienne, celle d’une grande civilisation décimée et qu’ont voulu ignorer les conquérants chrétiens rationalistes car elle niait leur croyance au progrès, en un Dieu unique, en un monde axé sur la raison et sur la toute-puissance de l’économie.
« En détruisant les cultures amérindiennes, c’était une part de lui-même que détruisait le Conquérant, une part qu’il ne pourra sans doute plus jamais retrouver. »
Les chapitres 2 et 3, axés sur les écrits des chroniqueurs espagnols et consacrés à la description des mythes d’origine et des rites, sont quelque peu ardus et monotones même si l'écriture reste limpide. On comprend que l’auteur tenait à mentionner toutes ces informations, en guise d’inventaire des pratiques disparues, de façon à rendre sa conclusion du dernier chapitre d’autant plus percutante et porteuse. Il semble que ce livre publié il y a vingt ans n’ait jamais été aussi actuel par le fait qu’il montre en négatif ce contre quoi la pensée moderne s’est construite, et qui constitue la part cachée, refoulée ne cessant de frapper à la porte de notre conscience. De façon toujours plus pressante.
Le monde comme un tout
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 16 juillet 2004
Et puis, J.M.G. Le Clézio nous fait aussi prendre conscience de l'impossibilité fondamentale pour les occidentaux individualistes que nous sommes de réellement comprendre cette civilisation qui plaçait l'équilibre du monde bien au-dessus de la vie des individus, ce qui se traduisait par des rites - à nos yeux - d'une extrême cruauté.
"Le rêve mexicain" n'est pas d'un accès facile, on se perd un peu dans la panthéon innombrable de ces peuples amérindiens, et l'écriture de Le Clézio, très lyrique, ne facilite pas toujours la tâche du lecteur. Mais ce lyrisme a le mérite de mettre l'accent sur la beauté et la poésie de ce monde perdu.
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