Cathelineau de Coline Dupuy (Scénario), Régis Parenteau-Denoël (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire , Bande dessinée => Adultes , Enfants => 12-15 ans

Critiqué par JulesRomans, le 21 juin 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Un Angevin vendéen

Il est difficile de trouver une bande dessinée autour des Guerres de Vendée qui ne prenne pas parti pour le camp vendéen. L’excellente série "Dampierre" réalisée par un auteur belge savait aborder avec sensibilité et sans manichéisme cette période.
Toutefois lorsqu’il s’agit de retracer la vie d’un personnage historique très impliqué dans ce conflit, le scénariste porte toujours les valeurs de celui-ci, au moins peut-on espérer qu’il reste dans une vision de la logique des adversaires qui ne soit pas le fruit d’une réécriture de l’histoire. Ceci est valable pour les deux camps et la plus mauvaise BD à approcher ce sujet est de loin celle intitulée "Rossignol" produite par Messidor/La Farandole (maison d’édition liée au PCF et disparue à la fin du XXe siècle).

"Cathelineau" montre à travers le personnage authentique Bruneau dit "Six-Sous" l’ambiguïté de la conduite de certains insurgés, prêts à s’enrichir en faisant chanter un révolutionnaire, renseigner les bleus et par ailleurs prompts à prôner les exécutions. Cet album ne parle pas de génocide contrairement aux productions réalisées sous la houlette de Raynald Secher et s’attache à bien montrer l’engrenage qui, après l’opposition à la conscription (car la levée en masse de 1792 fut essentiellement une conscription) et le refus de serment des prêtres à la constitution civile du clergé, conduit au soulèvement armé. Jacques Cathelineau ne combattit les bleus que de mars à juillet 1793, toutefois il reste dans les mémoires comme un des généraux vendéens. Avec Stofflet, il est un des rares officiers vendéens à ne pas être noble et sa grave blessure dans Nantes en se traduisant par le repli des troupes blanches, marqua un tournant dans le reflux de l’insurrection. Clin d’œil de l’histoire c’est un 14 juillet qu’il décède.

En employant le terme de "terre vendéenne" page 42, l’ouvrage ne fait pas œuvre didactique, pour les républicains la terre vendéenne c’est celle de l’aire géographique de l’insurrection et pour les royalistes on passe d’Anjou en Poitou voire en Bretagne. Il faut bien distinguer la Vendée en tant que département de la Vendée militaire ; cette dernière couvre au sud de la Loire les parties méridionales de la Loire-Inférieure (de l’époque) et du Maine-et-Loire ainsi que la moitié nord des départements de la Vendée et des Deux-Sèvres. Avec Cathelineau c’est tout cet espace et même un peu au-delà (puisque Fontenay-le-Comte est prise par lui) que nous parcourons.

Ce personnage a été surnommé le "Saint d’Anjou", mais il n’a jamais été canonisé ; cette appellation est due à sa grande piété. Dans "Cathelineau" la plupart des chefs vendéens (mais pas chouans car la chouannerie est un phénomène du nord de la Loire) sont représentés.

On pourra prolonger cette lecture par celle d’"Avec Charette" une BD au scénario très hagiographique de Guy Lehideux (avec des dessins de Bernard Capo) pour un personnage bien plus controversé que Cathelineau. Dans ces deux BD le décor est fouillé et c’est un joli panorama des villes insurgées qui nous est souvent offert.

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