En route vers le monde "civilisé"

Une fois parvenus de l'autre coté des Rocheuses, ils rencontrent plusieurs tribus avec lesquelles ils échangent des présents contre de la nourriture, la plupart du temps des tubercules, quand ils en ont. Poussés par la faim, ils se font mangeurs de chiens qu'ils achètent régulièrement aux Indiens.

Le 15 novembre 1805, ils arrivent sur la côte Pacifique, Lewis et Clark décident d'installer le camp d'hiver à l'embouchure de la Columbia, de nouveau ils bâtissent un fort. Lewis et Clark explorent les terres alentours, ils rencontrent les tribus qui vivent sur celles-ci et constatent que leurs mœurs sont très différentes des Indiens des plaines. Les instructions données par Jefferson pour leur retour étaient soit d'effectuer le chemin en sens inverse, soit d'embarquer à bord d'un bateau suivant les conditions physiques et matérielles dans lesquelles ils se trouveraient une fois arrivés à destination. Bien que le lieu soit souvent fréquentés par les navires de commerce, ils n'en verront jamais aucun durant tout leur séjour. S'ils ont réussi à reprendre des forces, leur situation demeure précaire, ils ont pratiquement épuisé toutes les marchandises qui leur servent de monnaie d'échange.

Le 23 mars 1806, après maintes hésitations, la troupe prend la route du retour. Arrivés au pied des Rocheuses, la situation se complique. Le manque de nourriture et la neige les obligent à rebrousser chemin. La deuxième tentative est la bonne et ils parviennent à franchir les Rocheuses.

Le 3 juillet 1806, Lewis et Clark décident de se séparer afin de mener chacun de leur côté l'exploration du territoire, une décision qui paraît complètement insensée a priori dans un milieu hostile. Si de son côté Clark ne rencontre aucune difficulté majeure, Lewis est en revanche confronté à une bande d'Indiens hostiles, une altercation violente s'ensuit, un Indien est tué, un autre est blessé. Ce jour là, Lewis et ses compagnons ont frôlé la mort.

Le 12 août 1806, les deux groupes se rejoignent. Quelques jours auparavant, Lewis a été blessé accidentellement par un de ses hommes au cours d'une partie de chasse.

La première traversée du continent Nord-Américain s’achève le 25 septembre 1806.

Lewis et Clark, bien qu'ayant accomplis un périple audacieux, partagent un sentiment mitigé sur la réussite de la mission que leur avait confiée Jefferson. En effet l'objectif de créer un grand réseau commercial avec les tribus Indiennes n'a donné aucun résultat concret, alors qu'ils étaient plein d'enthousiasme au départ, la désillusion est de mise lors du retour. Les tribus qui avaient accueilli favorablement le projet de Jefferson n'ont pas donné suite, de plus les guerres inter tribales n'ont pas véritablement cessé.

Le sillon creusé par l'expédition sur les territoires du nord-ouest s’avère être a posteriori une cicatrice béante d'où s’écoulera, durant plusieurs décennies, le sang des Indiens. La voie était désormais toute tracée pour l'invasion du pays Indien. En digne héritier des conquistadors, Lewis et Clark ont renommé les régions et les cours d'eaux traversés, posant ainsi les jalons de l'appropriation sur un territoire conquis par le simple fait de l'avoir foulé, prémices de l’idéologie qui, peu de temps après cette expédition, niera la légitimité des peuples autochtones à pouvoir continuer de vivre et de mourir libres sur la terre de leurs ancêtres.

Le regard que portent Lewis et Clark sur les Indiens est très ambivalent, bien que faisant part d'un tant soit peu de respect pour ceux-ci, ils les décrivent cependant comme des êtres ignorants, sans valeur morale pour certains, soulignant l'aspect bestial pour d'autres, exprimant même leur répugnance sur le physique d'une Indienne Chinook. Et pourtant ils recevront l'hospitalité et l'aide des Indiens à plusieurs reprises durant ces deux années, ce qui les pousse tout de même à leur reconnaître, à de rares occasions, quelques qualités.

Leurs descriptions et jugements sont forgés à l'aune de leur statut d'homme blanc "civilisé" qui considèrent toute autre forme de société comme inférieure à la leur. L’ignorance et les préjugés envers les Indiens sont omniprésents dans leur journal tenu tout au long de l'expédition.

Cependant le récit de cette expédition fatale demeure un document essentiel car il permet d'avoir une photographie très instructive (quoiqu'un peu floue et subjective) de la période qui précède le grand basculement vers la conquête de l'ouest et l'extermination des Indiens.

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  Far West 2, le grand retour

  de Lewis, Meriwether Clark, William
  Phébus
  ISBN : 9782859406417 ; 11,80 € ; 17/03/2000 ; 448 p. ; Poche

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