Les frontières du bon goût

Le bon goût à Hollywood c'était les immenses décors somptueux de Cedric Gibbons pour les films de la MGM, les plafonds à trois mètres de haut, les sols pavés de marbre rare, les sculptures monumentales. Ces endroits merveilleux étaient souvent peuplés de gens merveilleux tous habillés en habit de soirée, les femmes en longue robe parfois piquetée de diamants, les hommes en "smoking", quand ils ne se mettaient pas à danser quand il s'agissait d'une fantaisie avec Fred Astaire et Ginger Rogers. C'était seulement du divertissement, de l'"entertainment" pour détendre pendant la Crise.

On essayait d'y croire même si tout était faux, du sol au plafond, (en Italie fasciste, ce fût plus radical, c'était la vogue des films "téléphones blancs"). Des producteurs inspirésmedium_hat2.jpg s'intéressèrent très vite aux marges, de l'esthétique, comme de la société, même en restant dans les codes du spectacle car pour eux le cinéma était toujours une attraction foraine, comme Darryl F. Zanuck dans sa période Warner Bros qui produisit quantité de films à connotation sociale, contre l'antisémitisme, sur la Crise de 29. Et des films, apparemment des medium_hat3.jpgcomédies légères, comme "les hommes préfèrent les blondes" ou "7 ans de réflexion", introduisaient la satire.

Le génie d'Hollywood, comme le montre l'auteur, c'est de récupérer même les marges. Ainsi, les jeunes réalisateurs engendrés par la génération "Flower Power", plus libertaires, moins souples, mais tout aussi créatifs que leurs illustres prédécesseurs, ce que l'on appela le "Nouvel Hollywood", devinrent, après quelques films réputés subversifs, les nouveaux magnats des collines de Burbank : Scorcese, Coppola, Lucas et Spielberg (qui se souvient maintenant qu'il est devenu le roi du blockbuster grand-public de "Sugarland Express" ?).

Ce qui est attirant quant aux marges à Hollywood, c'est qu'on les soupçonne ou que l'on croit le faire derrière le miroir aux alouettes, derrière le mystère entretenu autour d'une vedette. Cela donne même d'excellents romans "noirs" comme "le grand nulle part" de James Ellroy ou "la conspiration des ténèbres".

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  Hollywood, la norme et la marge [Texte imprimé] Jean-Loup Bourget

  de Bourget, Jean-Loup
  A. Colin / Armand Colin cinéma
  ISBN : 9782200341763 ; 38,18 € ; 18/05/2005 ; 315 p. ; Broché

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