Crimes et criminels de Juliette Benzoni

Crimes et criminels de Juliette Benzoni

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par JulesRomans, le 10 mai 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Arsenic et vieilles dentelles

Sont là dévoilés revisités des thèmes en lien avec l’histoire généralement française, avec un petit saut outre-atlantique autour des sorcières de Salem et de Jess James. Certes il s’agit toujours d’une focalisation sur un fait divers précis mais celui-ci ne manque pas occasionnellement d’avoir des répercussions dans la Grande histoire ainsi en est-il de l’Affaire du collier de la Reine qui fit beaucoup dans la perte de respect vis-à-vis de Marie-Antoinette. Le récit fait ici est extrêmement éclairant non seulement sur l’intrigue mais aussi le passé de l’instigatrice de l’escroquerie (originaire du futur département de l’Aube), qui descendait de l’union d’Henri II avec l’une de ses maîtresses à savoir Nicole de Savigny (c’est un moment où le roi se lasse de Diane de Poitiers).

D’autres personnages sont inconnus de l’honnête historien mais ils jouèrent un rôle non négligeable dans l’histoire locale et leurs actions ne manquèrent pas de peser sur le devenir d’une principauté comme cette histoire d’empoisonnement entre Pouilly et Beaune qui permet rattachement prématuré au domaine bourguignon d'une nouvelle seigneurie. Le problème naît au départ du désir de Philippe le Bon (duc de Bourgogne) de contrôler les fiefs de sa mouvance en pesant sur les mariages des jeunes orphelines dotés de domaines seigneuriaux.

Les affaires d’empoisonnement sont d’ailleurs légion dans " Crimes et criminels ", un chapitre sulfureux ne s’intitule-t-il pas "La rapière et le poison de l’abbé de Ganges" et traite de l’assassinat en 1667 dans une petite ville languedocienne au pied des Cévennes de Diane de Joannis de Chateaublanc. Parmi les affaires assez connues, on trouve le cas Marie Lafarge, une affaire corrézienne de soupçon d’empoisonnement ; c’est en France le premier procès où des experts scientifiques sont intervenus. Malheureusement de Juliette Benzon ne dit pas ce qu’elle pense du contenu de "Rebondissements dans l'affaire Lafarge" qui émet une hypothèse totalement nouvelle (http://catc.lanouaille.over-blog.com/article-l-aff… et http://rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/…).

Très connues également l’histoire du Courrier de Lyon et celle de l’auberge sanglante de Peyrebeille. Pour ces affaires et d’autres on aurait aimé que Juliette Benzoni signale les adaptations filmiques car ses écrits gagneraient à être rattachés à des choses connues par ses lecteurs ("L'affaire du courrier de Lyon" et "L’Auberge rouge" avec Fernandel tous deux de Claude Autant-Lara).

Le meurtre de Fualdès a été le premier crime à être très largement médiatisé par la presse et il donne lieu à deux complaintes. Il se commet en mars 1817 à Rodez. On est surpris que Juliette Benzoni n'évoque pas les vols de fonds par des attaques de royalistes (de l’ordre des Chevaliers de la Foi) à la fin de l'Empire qui pourraient expliquer pour certains historiens l'intérêt à tuer un procureur Fualdès qui s'apprêtaient à inculper certains notables locaux. Juliette Benzon laisse donc ignorant ses lecteurs des thèses de "Clarisse et les égorgeurs" de Philippe Méraux.

Toutefois les affaires de haut vol (dans les deux sens du terme) ne sont pas oubliées telle cette histoire du "hold-up" du marquis de Maubreuil qui mêle ce dernier à Talleyrand et Catherine de Wurtemberg (femme de Jérôme Bonaparte) à une louche tentative très imaginaire d’assassinat de Napoléon Ier en 1814.

Tous ceux qui ont appris la comptine " Compère Guilleri" apprécieront de savoir qui était le personnage. Ce dernier a une vie entre l’Aulne en Bretagne et la Gironde et marginalement aux limites du Dauphiné et de la Savoie durant les Guerres de religions, on y apprend d’ailleurs à tort que "guilleri" est le nom donné au moineau vers Lyon alors que c’est le nom du chant de ce moineau. Pour mémoire voici le début de la comptine liée à l’histoire essentiellement saintongeaise et poitevine de ce personnage :

"Il était un p'tit homme
Qui s'appelait Guilleri Carabi.
Il s'en fut à la chasse,
A la chasse aux perdrix,
Carabi, Titi, Carabi, Toto,
Carabo, Compère Guilleri.
Te lai'sras-tu, te lai'sras-tu mouri?"

Si la lecture est aisée, le contenu est rigoureux même si ne sont pas mentionnées de façon explicite les idées d’autres historiens. Parfois les conclusions du récit laissent au lecteur le loisir de se faire sa propre opinion sur cette petite vingtaine d’affaires criminelles.

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