Barbedor de Michel Tournier, Georges Lemoine (Illustration)

Catégorie(s) : Enfants => Contes et légendes

Critiqué par Tistou, le 17 avril 2013 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
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Conte orientaliste

« Barbedor » est un des « Sept contes ». Cette version est la version réalisée avec Georges Lemoine pour l’illustration puisque cet ouvrage se présente comme un livre de conte, illustré, pour enfants.
Au contraire de « La fugue du petit poucet », qui reprenait un mythe bien ancré dans l’imaginaire occidental, détourné, revu et corrigé, à la signification politique certaine, « Barbedor » se présente davantage comme un conte à destination des enfants, orientaliste, arabisant, dans la veine plutôt d’un « Aladin » ou d’un « Ali Baba ».

« Il était une fois en Arabie Heureuse, dans la ville de Chamour,
Un roi qui s’appelait Nabounassar III, et qui était fameux par sa barbe annelée, fluviatile et dorée à laquelle il devait son surnom de Barbedor. »

Arabie Heureuse, voilà pour le décor. Notre brave roi Nabounassar III pourrait prétendre sans trop de peine au titre de « roi fainéant », à l’instar de régnants déjà connus en nos contrées. En effet, il n’est pas trop pressé d’agir :

« Le conseil des ministres ne se réunissait plus qu’une fois par mois, et les huissiers entendaient à travers la porte des phrases – toujours les mêmes – séparées par de longs silences :
- Il faudrait faire quelque chose.
- Oui, mais évitons toute précipitation.
- La situation n’est pas mûre.
- Laissons agir le temps.
- Il est urgent d’attendre. »

On l’aura compris, ce n’est pas l’hyperactivité qui caractérise notre bon Barbedor.
Non, la chose importante pour lui – et qui va jouer le premier rôle dans ce conte – c’est sa barbe. D’or. Justement. C’est qu’il va doucement vieillir Barbedor. Et que croyez-vous que fit la barbe d’or prenant de l’âge ? Des poils blancs vont apparaître.
Rien de bien original, me direz-vous ? Sauf que tout poil blanc apparu est systématiquement ôté durant la sieste – une grande occupation du souverain. Et Barbedor ne sait par qui.
Mais Michel Tournier, lui, si. Et il va en profiter pour nous faire une belle allégorie de la vieillesse, de ce à quoi elle pourrait conduire si l’on n’était pas dans un conte, et partant, de comment la détourner.
C’est l’occasion d’une belle vision de l’enfance – l’enfance innocente – aussi. Un conte qui se boucle sur lui-même.
Les illustrations, par Georges Lemoine, ainsi que l’absence de portée politique (de politique correcte s’entend !), en font davantage un conte tourné vers les petits enfants que « La fugue du petit poucet ».

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